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Lettonie :

succès communistes en terre hostile

 

Interview d’Alfred Rubiks,

secrétaire-général du Parti socialiste de Lettonie (PSL), sur le combat des communistes lettons et leurs succès en terre hostile

 

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Alfred Rubiks a été secrétaire du Parti communiste en Lettonie soviétique. Pour s’être opposé au renversement du gouvernement soviétique par les forces nationalistes qui ont pris le pouvoir dans la république balte en 1991, il a été condamné à huit ans de prison. Entre temps, le Parti communiste était mis hors-la-loi et ses militants étaient contraints de changer son nom en « Parti socialiste de Lettonie » (PSL), pour pouvoir continuer légalement leurs activités. En 1999, à sa sortie de prison, le camarade Rubiks était élu président du PSL. Actuellement, il est député européen, et fait partie du groupe GUE/NGL.

 

Dans une période relativement brève, le Parti socialiste de Lettonie (PSL) a remporté de grands succès.

Quel est son secret ?

 

Je suis heureux de pouvoir répondre aux questions du journal « La Pravda ». Je vous félicite d’avoir conservé le nom du journal léniniste.

 

Le Parti socialiste de Lettonie a été créé, avec ma participation active, le 15 janvier 1994, alors que me trouvais dans les geôles de la Lettonie bourgeoise, ayant été condamné à huit ans de prison pour avoir défendu le Pouvoir soviétique dans la république. Le Parti socialiste est né des dépouilles du Parti communiste de Lettonie, interdit en 1991. Le PSL est resté un parti marxiste (comme cela est inscrit dans ses Statut et programme), un parti internationaliste, un parti des travailleurs.

 

Je ne peux pas affirmer que le Parti socialiste fait des adhésions en masse. Les gens ont peur car la diffusion des idées communistes dans la république est assimilée à celle du fascisme et est interdite par la loi. En outre, le dirigeant historique du PSL a quand même été incarcéré en raison de son activité politique. Mais le programme de notre Parti, ses idées et ses objectifs sont compris, et ils sont au plus près des problèmes que connaît notre peuple. En cela, c’est évident, réside le « secret ».

 

Toutefois, cela ne suffirait pas si le Parti n’avait adopté une ligne tactique correcte, s’il était resté replié sur lui-même et avait agi de manière dogmatique, et non de façon créative. Cela fait plusieurs années que nous sommes dans la coalition de partis politiques de centre-gauche « Centre de la concorde », qui nous a donné plus de forces et d’opportunités. Un succès commun de la coalition est représenté par nos succès électoraux. Par exemple, aux dernières élections législatives, le « Centre de la concorde », auquel participaient cinq partis, a obtenu 29 sièges (dont 4 pour le PSL) sur les 100 que compte le Parlement.

 

Diffuse est l’impression que la Lettonie, en tant que membre de l’Union européenne, s’est transformée en périphérie de l’Europe.

Dans quelle mesure cette impression correspond-elle à la réalité ?

 

Hélas, cela n’est pas qu’une impression, mais c’est la réalité. En presque vingt ans de pseudo-indépendance de la Lettonie, celle-ci de  république développée de l’Union soviétique, où elle occupait les premières places dans nombre d’indicateurs macro et micro économiques, s’est transformée en un pays arriéré de l’Union européenne, où en ce qui concerne les mêmes indicateurs elle est passée des premières aux dernières places.

 

En 2009, la Lettonie s’est trouvée en conditions d’insolvabilité et a été forcée de solliciter des crédits au FMI et aux Etats de l’Union européenne, dont le montant s’élève à un tiers du PIB du pays. Le crédit a été obtenu à des conditions onéreuses, qui ne permettent pas à la Lettonie de les utiliser pour le développement de l’économie réelle. Le discours ne portait que sur les dépenses fondamentales, le sauvetage des banques et le colmatage des trous dans le budget.

 

En 2012, nous serons contraints de commencer à rembourser le crédit, mais il n’existe pas de plans pour savoir comment faire. Jusqu’à présent, le pays a été en mesure, à des coûts très élevés, de payer les intérêts sur les prêts. Le volume du PNB continue de diminuer, et on ne parvient même pas à rattraper le niveau de la production industrielle et le développement de l’agriculture de l’époque soviétique. Les gens, déçus par ce qui se passe et ne voyant aucune perspective d’amélioration de leur vie en Lettonie, quittent le pays pour aller travailler à l’étranger.

Or, on va bientôt réaliser le recensement de la population et je crois que les résultats seront tristes : la population pourrait descendre sous la barre des deux millions de personnes, contre 2,63 millions lors de la dernière enquête. Pour faire une comparaison : lors des années de la Grande guerre patriotique, les pertes Lettones s’élevèrent à 400 000. Une image forte

 

Il est de notoriété publique qu’existe en Lettonie une catégorie particulière de la population, qualifiée de « non-citoyens ». Quelle est la position de votre parti à ce sujet ?

 

Les non-citoyens n’existent pas qu’en Lettonie mais aussi en Estonie ainsi que dans d’autres pays. Mais leur nombre – 350 000 – par rapport à la population totale et en valeur absolue n’est comparable à celui d’aucun autre pays.

 

La position de notre parti reste inchangée et est formulée dans le Programme du PSL: les personnes, qui avaient la citoyenneté commune de l’URSS et de la Lettonie (comme cela était inscrit dans la Constitution de l’URSS et de la Lettonie soviétique) et qui vivaient en Lettonie le 21 juin 1991, au moment de l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi fondamentale, aurait dû être considérées citoyennes de la République lettone, s’ils l’avaient voulu, sans aucune procédure de naturalisation.

 

Les « non-citoyens » en Lettonie et en Estonie ont fait leur apparition grâce à l’ancien président de la Fédération de Russie Boris Eltsine. Même les États-Unis ne sont pas empressés de reconnaître cette proposition Lettone.

Or, l’existence d’une telle population n’est possible qu’avec le consentement tacite et la connivence de l’Union européenne, et de ses organismes, qui tout en enquêtant sur les violations des droits de l’Homme en Russie, Biélorussie, Kazakhstan, Ouzbékistan et dans d’autres pays, « ne voient pas » ce qui se passe chez eux, au sein de l’Union européenne, par exemple en Lettonie et en Estonie.

 

Le statut de non-citoyenneté est une restriction des droits de l’Homme, en particulier ceux politiques. Les non-citoyens, à qui est interdit l’accès à certaines professions, n’ont pas le droit de participer aux élections et aux référendums.

 

Dans de nombreux pays d’Europe, nous assistons au lancement de campagnes anti-communistes. Comment cela se matérialise en Lettonie ?

 

Dans notre république, la campagne anti-communiste et antisoviétique n’a jamais baissé d’intensité. Avant tout, comme je l’ai déjà dit, avec la mise hors-la-loi du Parti communiste, ses membres qui ont continué à militer activement dans le parti après le 13 janvier 1991, n’ont pas le droit de se présenter candidats à l’élection à quelque organisme que ce soit. Le groupe parlementaire du « Centre de la concorde » au parlement letton a présenté à des maintes reprises un projet de loi pour lever cette restriction, mais il a toujours été rejeté par la majorité du gouvernement.

A deux reprises, le groupe parlementaire s’est adressé à la Cour constitutionnelle avec comme requête de considérer une telle interdiction comme anticonstitutionnelle et non-conforme aux normes des conventions internationales, signées aussi par la Lettonie, mais la requête n’a pas été prise en considération. En réalité, lors de son dernier verdict la cour a délibéré : une telle interdiction ne peut plus durer. Dans ce même verdit, les juges ont recommandé au Parlement de revenir sur la question dans les plus brefs délais.

 

C’est justement en appliquant le mot d’ordre  de l’anéantissement de tout ce qui est soviétique et communiste, qu’a été détruite l’économie de la Lettonie (une des plus avancées dans l’URSS !). Ont été liquidées ou frappées durement les grandes entreprises, comme celles, à Riga, des locomotives électriques, des wagons, de l’électrotechnique « VEF », « Alfa », « Radiotechnique », l’usine chimique de Daugavpils, des dizaines d’autres lieux de productions, en particulier ceux liés à l’industrie légère, et également les kolkhozes et sovkhozes.

 

Gagnants symboliques de ce pillage et de la « destruction patriotique », la dizaine de millionnaires que compte la Lettonie d’aujourd’hui. Karl Marx avait raison quand il soutenait que le capital primitif ne peut être qu’issu du vol. La Lettonie en est l’exemple historique vivant. Les experts européens de la finance et les économistes ont pointé il y a déjà dix ans de cela que l’Etat letton avait été pillé. Et on continue sur cette voie.

 

Par ailleurs, désormais dans la république lettone les autorités veulent revaloriser le fascisme, en comparant le régime d’occupation hitlérienne à la période du régime soviétique en Lettonie.

Dans le livre « L’histoire de la Lettonie au XXème siècle », édité en 2005, qui a été couvert d’éloges par la présidente de l’époque Vaire Vike Freiberga, on tente de démontrer que le terrible camp de concentration nazi de Salaspils n’était, textuellement qu’ « une grande prison et un camp de réhabilitation par le travail ».

 

Les anciens combattants de la « Waffen SS » marquent leurs commémorations par des défilés dans Riga, des rassemblements dans les bois, auxquels participent souvent des hauts dignitaires de la république Lettone et ils reçoivent en outre des subventions étatiques. On est arrivé à un tel point que, parmi les députés, se sont trouvés élus un ancien légionnaire des « Waffen SS » et certains représentants du parti aux positions les plus radicalement nationalistes, antisoviétiques et antirusses « Visu Latvijai » (Tout pour la Lettonie).

 

En Lettonie, ils poursuivent l’ancien partisan antifasciste soviétique Vasili Makarovic Kononov. De nombreux autres épisodes nous permettent d’affirmer qu’on joue toujours la carte anti-communiste et antirusse dans le jeu politique et dans la formation de l’opinion publique.

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Source :  Interview à « la Pravda », organe du PC russe, à partir de la traduction originelle

 

de Mauro GEMMA 

POUR "L'ERNESTO"

 

TEXTE REPRIS SUR

EL DIABLO  

Tag(s) : #Internationalisme
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