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Cri du Peuple 1871

 

 

Vendredi 6 janvier 2012

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Les milices révolutionnaires, qui ont contribué à la chute de Mouammar Kadhafi et font encore la loi en Libye, inquiètent. A Tripoli en particulier, la population a déjà manifesté pour demander le démantèlement de ces groupes armés. Et ce mardi, des affrontements entre une milice locale et des ex-rebelles venus de la ville de Misrata ont fait quatre morts dans la capitale. L'arrestation d'un milicien de Misrata à Tripoli aurait mis le feu aux poudres, raconte Al Jazeera. 

"Soit nous répondons sans faiblesse à ces événements qui entraînent les Libyens dans une confrontation militaire que nous ne pouvons accepter, soit c'est la sécession et la guerre civile", a estimé le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil mardi soir à Benghazi. "Sans sécurité, il ne peut y avoir de justice, de progrès, d'élections, chacun veut faire sa propre loi. Il n'y a pas de sécurité tant que les combattants refusent de rendre leurs armes.

Tripoli, mosaïque de groupes armés

Cette déclaration sonne comme un "aveu d'impuissance", selon Kader Abderrahim, professeur associé à l'université de Californie et maître de conférences à Sciences Po Paris, interviewé par Le Monde. Car ces thowars restent très puissants et armés. "Les armes puisées dans l'arsenal de l'ancien régime sont pour l'instant un bon argument pour garder de l'influence et peser sur les choix politiques", ajoute le spécialiste.  

Et leurs divisions, comme l'ont montré les affrontements de mardi, ajoutent encore à leur dangerosité. Plus de deux mois après la capture et la mort de Mouammar Kadhafi, Tripoli ressemble à une mosaïque de fiefs aux mains de milices différentes. Deux grandes milices sont issues de la capitale même.

L'une est dirigée par Abdel Hakim Belhadj, islamiste passé par des camps taliban en Afghanistan et désormais installé dans une suite d'un hôtel de luxe à Tripoli.

L'autre est contrôlée par Abdoullah Naker, ancien ingénieur en électronique ne cachant pas son mépris à l'égard de Belhadj. 

Des milices étrangères à la capitale sont aussi actives dans Tripoli, telles que celle de Zentane, qui contrôle l'aéroport international. Les milices de Misrata maintiennent une présence dans les faubourgs de l'est tandis que des combattants de la minorité berbère délimitent leurs territoires à l'aide de drapeaux bleus, verts et jaunes. Un autre groupe de combattants originaires de l'est de la Libye, berceau de la révolution, ajoute à la confusion. Proches des chefs du CNT, ils irritent leurs rivaux car ils souhaitent former le noyau dur de la nouvelle armée nationale. 

Un nouveau chef d'état-major...

Cette nouvelle armée nationale, justement, les autorités libyennes tardent à la mettre en place. Et les milices et leurs divisions n'accélèrent en rien le processus bien sûr.

Dernier exemple en date: la nomination du nouveau chef d'état major, poste très convoité... et son rejet immédiat par les thowars. 

Ce mercredi, Moustapha Abdeljalil a nommé à ce poste Youssef al Mankouch, l'actuel vice-ministre de la Défense. Un "choix de compromis, sans doute", avance un spécialiste cité par CNN. Ce général à la retraite est originaire de Misrata, l'un des bastions de la révolte: ce lien avec la ville de Misrata serait un signe de ce "compromis", d'après un autre universitaire cité par la chaîne américaine. Il était l'un des commandants des forces rebelles dans la région de l'Est jusqu'en avril, quand il a été arrêté près de Brega par les forces kadhafistes. Il a été libéré fin août après la libération de Tripoli.  

Il s'agit de la première mesure d'importance que prend le CNT pour mettre sur pied une nouvelle armée nationale, encore embryonnaire. Plusieurs officiers de l'ex-armée régulière avaient critiqué sa lenteur à nommer un chef d'état-major, estimant que cette non-attribution retardait la réorganisation de l'armée et l'intégration des rebelles dans les forces armées. Ils avaient même désigné leur propre chef. 

.. rejeté par les miliciens

Cette nomination officielle place les miliciens face à une alternative: céder le contrôle de leurs territoires à l'armée ou défier ouvertement le nouveau pouvoir. Ils ont opté pour la deuxième solution. "Nous rejetons toute personne qui ne figure pas sur la liste des candidats présentée par les thowars", a déclaré Bahloul Assid, un des membres fondateurs de la Coalition des thowars de Libye, qui regroupe plusieurs factions de différentes régions.  

 Cette liste, composée à la demande du chef du CNT mi-décembre, comportait six noms de hauts-gradés qui avaient participé activement aux combats des rebelles contre le régime. Mais le nom du nouveau chef d'état-major ne figure pas sur cette liste et les thowars jugent " illégale " la procédure qui a conduit à sa désignation.  

Comment intégrer les ex-rebelles à l'armée?

Un membre du conseil militaire de Misrata a jugé que le moment n'était pas encore venu pour les milices de renoncer à leurs activités. "Une fois que l'Etat aura prouvé sa capacité à assumer sa responsabilité de protéger les frontières et garantir la sécurité du pays, alors nous remettrons nos armes." Abdoullah Naker, chef de l'une des milices de Tripoli, a posé ses conditions. "Nous agirons ainsi une fois que seront garantis les droits et la solde des révolutionnaires", affirmait-il dimanche. 

Dans une interview diffusée par la télévision libyenne, le nouveau chef d'état-major Youssef al Mankouch a cependant déclaré que le mécanisme d'incorporation serait bientôt prêt.

"Ils doivent prouver une nouvelle fois au monde entier qu'ils sont des patriotes, prouver au monde qu'ils vont s'intégrer au sein des institutions de l'Etat et oeuvrer à l'édification d'une armée nationale puissante", a-t-il dit à la chaîne Al Hourra.  

Ce mercredi, le ministère de Planification a justement donné des détails sur les conditions offertes aux ex-rebelles. Il a assuré que l'Etat allait offrir un salaire à partir de 600 dinars (environ 500 dollars) à ceux qui choisissent d'intégrer les ministères de la Défense ou de l'Intérieur. Il va aussi proposer des formations et des promotions aux fonctionnaires, étudiants ou civils au chômage ayant pris les armes durant la révolution. Le CNT table sur cette intégration pour désarmer le pays. Et pour asseoir, difficilement, sa propre autorité. 

L'Express


Cri du Peuple 1871 : 

http://www.mleray.info/article-la-libye-sous-le-joug-des-miliciens-96233062.html

Tag(s) : #Contre l'impérialisme
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