L'Italie a connu une abstention record aux élections municipales de ce week-end (43,8%) en augmentation de 20 points...
Loin d'avoir su surfer sur la vague du mécontentement, le Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo comptabilise de très mauvais scores.
Les élections locales du week-end en Italie se sont traduites par un nouveau record d'abstention, confirmant la désaffection à l'égard de la classe politique mais aussi du Mouvement 5 Etoiles.
Il ne s'agissait que d'un premier tour concernant sept millions d'électeurs, mais les résultats ont déjà dégagé une série d'enseignements: dans les 16 grandes villes, dont la capitale, où des élections étaient organisées, l'affluence était très faible (56,2%), en recul de près de 20 points. Pour Massimo Franco du Corriere della Sera, c'est le fruit d'une "désaffection pour la politique" et de "l'incapacité des partis à retrouver leur rôle".
Mais le M5S de l'ex-humoriste Beppe Grillo, anti-partis et anti-austérité, n'a cette fois-ci pas tiré son épingle du jeu. Au contraire, il est en perte de vitesse et n'a pas un seul candidat au ballotage dans les grandes villes. L'an dernier à la même époque, il avait remporté l'importante mairie de Parme lors de municipales partielles.
Le M5S a vu ses suffrages divisés par deux à Rome (12,8% contre 27,2% aux législatives de février). Grillo a réagi par le sarcasme, critiquant les électeurs du PD et du PDL, deux partis "qui ont détruit le pays et le condamnent à une impasse" selon lui.
Pour le politologue Pierluigi Corbetta, spécialiste du M5S, sur les 25% de suffrages obtenus au niveau national en février, "10% avaient voté pour Grillo dans l'espoir qu'il apporte un changement, qui n'est pas arrivé, générant une forte déception".
Pour beaucoup, l'effondrement du M5S vient de son refus d'une alliance avec le PD pour former un gouvernement après les législatives. "Nous avons raté le train", a regretté Rosolino, un militant. Pour Stefano Folli du Sole 24 Ore, "un message confus, l'incapacité à mettre sa force au service d'une vraie dynamique réformatrice et les modestes" compétences de ses élus expliquent le coup d'arrêt subi par le mouvement. Une situation qui à court terme devrait, selon cet expert, renforcer la stabilité du gouvernement Letta.
A Rome, vers laquelle tous les regards étaient tournés, le candidat de la gauche Ignazio Marinoa même fait mieux qu'escompté en s'adjugeant 42,7% et en distançant largement le maire sortant de droite impopulaire Gianni Alemano (30,2%). Satisfaction aussi pour le vice-ministre de l'Economie Stefano Fassina, poids lourd du PD qui se ravit de la tenue de son parti "du Nord au Sud, dans les villes grandes et petites". Il s'est toutefois dit "préoccupé" de l'abstention record: "le fossé entre la politique et les citoyens augmente. Sans réponses urgentes à la crise économique, cela ne peut pas se résorber".
Plusieurs politologues ont au passage noté que la poussée dans les sondages dont se targuait la droite de Silvio Berlusconi ne s'est pas confirmée. Celle-ci est même en difficultés dans ses fiefs de Brescia et Trévise.
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