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Par
le Mouvement Politique d’Emancipation Populaire (M’PEP).
Le 26 janvier 2014.
Le « Pacte d’avenir pour la Bretagne » a été présenté le 4 décembre 2013 et signé le 13 entre le Premier ministre JM. Ayrault et le président de la région Bretagne Pierrick Massiot. Approuvé à une courte majorité par le Conseil régional (élus PS et communistes), il s’inscrit dans une logique ultra-libérale et de destruction des fondamentaux de la République.
D’emblée, le pacte situe son orientation en affirmant qu’il faut « des mesures de soutien à la compétitivité des entreprises et des territoires », alors que la nécessité est aujourd’hui de mettre fin à la concurrence entre les peuples et les Etats. En outre, le gouvernement admet qu’il faut licencier et entend à ce titre assurer « un accompagnement des restructurations économiques », alors qu’il faut mettre d’urgence un terme à la destruction de l’outil de travail et des emplois.
Le pouvoir socialiste garantit les intérêts patronaux par le biais de « l’activité partielle » et la « gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) » afin de maintenir les bénéfices réalisés par les entreprises, au détriment des salaires et de l’emploi : 15 millions d’euros sont ainsi dépensés pour « aider les entreprises agroalimentaires des filières élevage à financer leurs investissements (modernisation, automatisation, robotisation, adaptation au marché...) ». Autrement dit l’Etat subventionne les licenciements !
A cela il faut ajouter que pour assurer « un soutien effectif à l’activité économique », l’Etat et les collectivités locales s’engagent « à mettre en place en 2014 les financements de toutes les opérations dont l’état d’avancement permet une réalisation rapide, notamment dans le cadre du CPER 2007-2013. » Autrement dit la dépense publique va servir à alimenter les profits privés. Cette attitude ne manque par ailleurs pas de constituer un paradoxe lorsque le gouvernement affirme au niveau national que les dépenses publiques doivent être comprimées pour le bien de tous… Le texte égrène également toutes les dépenses d’infrastructure (très haut débit, chemins de fer…) qui seront aussi aidées par l’Etat.
Dans la logique de mise au service des intérêts privés de fonds publics, le Pacte ne manque pas de promouvoir la « recherche partenariale public / privé ». Nul ne doute au vu des résultats des partenariats public-privé mis en œuvre dans la construction de bâtiments publics que ce seront les acteurs privés qui tireront profit de cette organisation.
De même, le texte situe le problème économique au niveau de l’insuffisance des profits puisqu’il faut « contribuer à la croissance des entreprises et au développement de l’emploi par la régénération des marges ». Comme si les patrons de l’agroalimentaire ne s’étaient pas enrichis au cours des dernières années.
On voit apparaître également une veine libérale, pour ne pas dire poujadiste, dans le « volet de simplification des procédures », notamment « de simplification et de sécurisation du cadre juridique envers les entreprises ». Rappelons que les procédures administratives ne sont pas des gadgets de technocrates ; ce sont des garanties de démocratie et de transparence, qui devraient être renforcées et non supprimées afin de conforter l’Etat de droit ; ce sont également des moyens indispensables pour protéger notre santé, en particulier alimentaire. Le remplacement de ces procédures par une « obligation de résultat », même « renforcée », constitue une véritable attaque contre la démocratie, car elles ne sont pourvues d’aucune sanction légale et ouvre la porte à tous les abus.
Rien de cela ne fonctionnera, car personne ne veut envisager un seul instant de remettre en cause le « modèle breton » qui n’a d’ailleurs de breton que le nom. Ce « modèle breton », largement représenté par l’agriculture et l’industrie agroalimentaire est basé sur le productivisme, l’agriculture industrielle intensive, privilégiant la quantité sur la qualité, et l’exportation. Cela a fonctionné grâce aux bas salaires, aux exonérations de cotisations sociales et aux subventions à l’export de l’UE.
L’agriculture pratiquée ici est coincée dans une chaine de production infernale. En amont, dominée par les fabricants d’intrants – engrais, graines, aliments pour les animaux - de matériels agricoles de plus en plus gros et coûteux, voraces en énergie fossile. En aval par les transformateurs de l’agroalimentaire, eux-mêmes dépendants de la grande distribution qui impose des prix bas au nom de la défense du pouvoir d’achat des consommateurs.
Ce mode de production complètement dépendant a conduit de façon mécanique à la disparition de nombreuses exploitations et à l’impossibilité pour les jeunes de s’installer, le ticket d’entrée étant trop élevé. Pour résister à la grande distribution, les industriels de l’agroalimentaire se sont regroupés, ont pratiqué du développement externe, sans que leurs investissements se traduisent par une modernisation de l’outil industriel ni d’innovation dans les produits. Dans ce contexte économique et politique libéral, la concurrence libre et particulièrement faussée joue à plein contre les salariés et les petits agriculteurs.
C’est tout ce système qu’il faut remettre en cause. Il faut développer une agriculture qui s’affranchisse d’intrants qui plombent les coûts et détruisent la terre. Sortir de la spécialisation des exploitations pour mettre en place des productions complémentaires, sources d’économies, de meilleure qualité, d’autonomie des exploitations. Il faut sortir de la politique des prix bas qui oppose agriculteurs et consommateurs. Il faut sortir de la politique de l’exportation pour réinvestir le marché national (70% des volailles consommées par la restauration collectives sont importées). Il faut sortir du libre-échange et introduire des mesures protectionnistes pour combattre le dumping social.
Sous couvert de décentralisation, le gouvernement Ayrault mène une attaque frontale contre le principe d’égalité des citoyens devant la loi.
On peut d’abord noter une hypocrisie dans la posture du Premier ministre et des élus de Bretagne. Si d’un côté ils souhaitent plus de décentralisation, de l’autre ils ne manquent pas de mobiliser les ressources de l’Etat.
Par exemple, le gouvernement va installer des institutions nationales en Bretagne : « Le Pacte affirme l’engagement de l’Etat à créer en Bretagne un pôle d’excellence en cyber-défense, priorité nationale inscrite au Livre Blanc pour la Défense et la Sécurité Nationale de 2013. »
Le CNAM est lui aussi mis à contribution.
Mais ce paradoxe n’empêche pas le projet d’être marqué par une orientation très claire. Il s’agit de défaire les institutions héritées de la Révolution française en mettant en place une organisation à la carte des régions. Ainsi le pacte affirme-t-il : « les propositions innovantes que les acteurs bretons, et notamment les collectivités locales, pourraient bâtir en termesd’organisation différenciée des institutions publiques en Bretagne (transferts de compétences, délégations de compétences, mutualisations de compétences et de moyens, regroupements institutionnels etc...) seront étudiées avec attention, notamment en mobilisant les possibilités ouvertes par la future loi de modernisation de l’action publique ».
Cette volonté se manifeste aussi par « une convention spécifique sur les langues de Bretagne [qui] portera notamment sur la formation et le recrutement d’enseignants des langues de Bretagne, sur le développement de l’enseignement bilingue ainsi que sur le soutien à l’action de l’Office de la langue bretonne, établissement public de coopération culturelle. La convention encouragera le développement de l’usage de ces langues dans la vie quotidienne ».
Lors du déplacement du Premier ministre en Bretagne le 13 décembre 2013, celui-ci a dévoilé ce que cache cette affirmation : la volonté de faire ratifier la Charte des langues régionales et minoritaires qui conduirait à réintroduire en France la conception ethnoculturelle de la nation, au détriment de son acception politique issue de 1789.
C’est l’objectif que poursuivent les autonomistes de tout poil, Bretons, Basques, Corses ou Alsaciens qui, bien que très minoritaires dans leur région, veulent imposer à travers le lobbying de la Fédération peuples et ethnies solidaires auprès de l’Union européenne, une Europe des régions et la destruction des Etats-nations.
La possibilité d’adapter la législation va conduire à une mise en concurrence des territoires et à un nivellement par le bas. On peut en avoir un début d’illustration : le pacte prévoit une dérogation aux interdictions de circulation des poids lourds. Outre que cela est contradictoire avec le souci, affirmé de façon récurrente, de protéger l’environnement, on se demande ce qui empêchera d’autres régions et d’autres secteurs de réclamer les mêmes dérogations.
On voit poindre les risques que cette « décentralisation » peut comporter à terme pour les normes sociales et environnementales. Le Pacte d’avenir pour la Bretagne est dans la droite ligne de l’acte III de la décentralisation dont la première partie concernant la mise en place des Métropoles a été votée par l’Assemblée nationale et dont les deux autres lois, concernant l’une les régions et l’autre les intercommunalités sont en discussion. Il s’agit à travers ces textes de lois de détruire à terme les Etats-nations et les communes au profit d’euro-régions et d’euro-métropoles « compétitives » au sein de l’Union européenne libérale, dans lesquelles les salariés qui seront en concurrence pour le plus grand profit des entreprises multinationales qui s’empareront de toutes les activités y compris les services publics.
De façon significative, alors même que cela constituait un argument phare en matière de décentralisation, le terme de démocratie ne figure pas une seule fois dans le texte.
Le Pacte d’avenir se situe dans la droite ligne de la politique ultra-réactionnaire menée par le gouvernement du Parti socialiste depuis l’arrivée de F. Hollande au pouvoir : les problèmes de la France résident dans le manque de compétitivité de notre économie. La spécificité du Pacte est qu’il met également l’accent sur le volet institutionnel : à l’évidence, il faut pour le PS reconfigurer les territoires pour les mettre au service des intérêts du capital, les mettre en concurrence et préparer l’avènement des euro-régions, soumises inconditionnellement au droit de l’UE mais plus au droit national.
Le Premier ministre a annoncé vouloir aller plus loin en matière de décentralisation lors de son déplacement du 13 décembre 2013. Ce n’est pas anodin : c’est un véritable changement de régime qui est en cours de préparation. Les principes d’unité et d’indivisibilité de la République, celui d’égalité des citoyens devant la loi sont battus en brèche. Ce sont des acquis fondamentaux de la Révolution française qui sont en passe d’être effacés. Le gouvernement PS est en train de ramener notre pays à l’avant 1789. Il s’agit purement et simplement d’un retour à l’Ancien régime. 
Les vrais ennemis que les salariés, petits agriculteurs, artisans, citoyens de notre pays, y compris les Bretons, doivent combattre ne sont pas les salariés des autres pays d’Europe dans une compétition acharnée. Ce sont le libre-échange et le libéralisme que défendent si bien le Medef et la FNSEA. C’est l’Union européenne qui est leur bras armé.
Le M’PEP appelle à dénoncer et combattre les lois de décentralisation en cours de discussion, à sanctionner les socialistes et leurs alliés lors des élections municipales, à boycotter les élections au parlement européen pour délégitimer l’Union européenne et ses institutions.



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Envoyé par DUCLOS dans LE COMMUNISME EST TOUJOURS DEBOUT.

Tag(s) : #Europe
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