PCF 2013 :
UN CONGRES VERROUILLE AU SOMMET
Sur lepcf.fr, texte de PAM :
Pierre Laurent n’aura rien lâché. Intervenant personnellement à chaque discussion mouvementée, il impose le strict respect de la ligne décidée par la direction nationale autant pour le texte des étoiles que pour les nouveaux statuts du parti.
Aucun des sujets qui ont fait les discussions des conférences fédérales et conduit à des amendements significatifs ne trouvent grâce à ses yeux. Quand le vote est indécis, comme sur la remise en cause du financement des cellules avec la règle des 3 tiers, il impose comme aux plus belles années d’un centralisme à l’ancienne l’autorité de la direction pour emporter un vote légitimiste [1].
De nombreux communistes s’interrogent sur le socialisme, sur les nouvelles expériences socialistes d’Amérique Latine, sur la vitalité politique cubaine... Impossible d’en faire seulement état dans un texte d’orientation qui en reste à l’humain... parler de société socialiste, pour Pierre Laurent, c’est franchir la ligne rouge.
De nombreux communistes s’interrogent sur notre projet de société, sur le communisme et son rapport à notre histoire. Le "nouveau communisme" de Pierre Laurent réactualise le "nouveau communisme" de Robert Hue et conduit un délégué à affirmer sans rire que l’école publique serait du communisme "déjà là". Tous ceux qui combattent une école de la reproduction des inégalités de classe, du bureaucratisme étatique ou de la ségrégation des connaissances théoriques et pratiques apprécieront !
En répétant sans cesse cette citation de Marx qui considérait le communisme comme le mouvement réel, pour combattre l’idéalisme des projets de société conçus d’en haut, ces "nouveaux communistes" nous installent dans la conviction que la révolution n’est plus nécessaire puisqu’il suffit de bien observer ce mouvement déjà là...
Pierre Laurent peut rejoindre José Bové qui nous disait en 2007 "on peut changer le monde sans prendre le pouvoir...". Inutile de leur dire de relire pourquoi Marx parle de cette "première phase du communisme" dans laquelle les luttes de classes continuent...
Dans toute la France, des communistes ont débattus de l’importance de la cellule, de la nécessité d’une organisation à l’entreprise, d’un parti organisé sur le terrain, favorisant l’engagement militant et la prise de responsabilité...
Mais Pierre Laurent veut contrôler son organisation pilotée d’en haut, affaiblissant ce qui reste des sections et concentrant toujours plus les moyens financiers et les décisions, allant jusqu’à imposer ce "règlement intérieur" que le conseil national pourra décider lui-même entre les congrès...
Il lui suffit de parler des cellules qui "traverseraient tout le texte" pour refuser tout amendement qui leur donne des droits et des moyens. Comme les rédacteurs des statuts ont pris soin d’élargir les possibilités d’exclusions décidées d’en haut, on peut comprendre que Pierre Laurent veut sa "purge"...
Au final, le congrès se déroule malheureusement comme les rédacteurs du texte alternatif "unir les communistes...." le craignaient.
Un congrès en format réduit, 651 votants sur le texte d’orientation sur 800 délégués prévus, [2], 621 pour le vote des statuts...
On avait déjà noté la participation plus faible dans de nombreuses conférences départementales, la perte affichées de cotisants et de votants, par rapport à 2008 et même par rapport à la consultation pour le choix du candidat aux présidentielles en 2011. Le fait marquant est bien que quelque mois après une mobilisation médiatique impressionnante derrière Jean-Luc Mélenchon, permettant des milliers d’adhésion de jeunes, l’organisation du PCF est encore plus affaiblie.
Certains espéraient que le congrès permettent le rassemblement des communistes, pour faire face à la crise, à une politique socialiste marquée par la continuité avec la politique sarkosyste sur toutes les questions sociales et économiques.
Pierre Laurent a décidé la purge idéologique, rejetant toute ouverture pour prendre en compte les discussions des communistes. Ce congrès sera celui qu’il a décidé, celui des étoiles, purgeant la faucille et le marteau, les cellules et le socialisme.
Droit dans ses bottes, celui qui se croyait rock’roll dans une photo grisâtre cherchant l’effet artistique dans un clair-obscur se voulant moderne, se révèle un dirigeant à l’ancienne, brutal dans le débat d’idée, rejetant toute diversité dans les approches, le vocabulaire, les expériences.
Robert Hue, lui aussi branché rock’roll, avait cru que sa gloire était acquise en engageant la mutation du PCF en un nouveau parti.
Pierre Laurent croit que cette fois est la bonne et qu’il en a enfin fini avec l’histoire communiste et le mouvement communiste international. Le premier est devenu un inconnu du PS. L’heure de gloire de Pierre Laurent, justifiant dans les médias l’abandon de la faucille et du marteau, ne durera pas.