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AgoraVox le média citoyen

 

Pour une liberté d’expression totale...
et une critique lucide de Dieudonné

par Laurent Dauré

 

« La liberté de publier son opinion ne peut donc être autre chose que la liberté de publier toutes les opinions contraires. Il faut, ou que vous lui donniez cette étendue, ou que vous trouviez le moyen de faire que la vérité sorte d'abord toute pure et toute nue de chaque tête humaine.

Elle ne peut sortir que du combat de toutes les idées vraies ou fausses, absurdes ou raisonnables. C'est dans ce mélange que la raison commune, la faculté donnée à l'homme de discerner le bien et le mal, s'exerce à choisir les unes, à rejeter les autres. »

Maximilien de Robespierre, 

Discours sur la liberté de la presse, 11 mai 1791 [1].

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commençons par ce qui devrait être une évidence mais qui ne l'est manifestement pas : défendre la liberté d'expression d'une personne (ou d'une organisation) n'est pas équivalent à défendre les opinions exprimées par celle-ci. Le fait que l'on doive sans cesse le rappeler montre que l'offensive contre ce principe éminemment démocratique et progressiste – la liberté d'expression – n'est pas sans efficacité.

 

Croyant sans doute détenir là un argument décisif, ceux qui veulent imposer des restrictions à la liberté d'expression s'efforcent de discréditer à la fois le principe et ses défenseurs en affirmant que ces derniers sont des admirateurs plus ou moins déclarés de la personnalité controversée. C'est ce qu'on observe une fois encore avec « l'affaire Dieudonné ».

Il est probablement vrai que la plupart des gens qui défendent la liberté d'expression de l'humoriste ont de la sympathie pour son travail, ce qui peut affaiblir leur légitimité en tant que défenseurs désintéressés d'un principe. Cet avantage rhétorique dont bénéficient les partisans d'une limitation de la liberté d'expression est de la responsabilité de ceux qui, sans être des adeptes de Dieudonné, s'opposent à toute censure mais... ne le font pas savoir publiquement.

Bref, il n'y a pas assez de voix critiques sur Dieudonné qui se font entendre pour défendre son droit à s'exprimer, et donc à faire ses spectacles. Si nous perdons du terrain dans le combat pour la liberté d'expression, c'est en partie à cause de ce silence. Cessons donc de nous laisser intimider par des apprentis tyrans qui ont la République et les droits de l'homme plein la bouche mais qui ne pensent que répression et interdiction. Refusons l'inversion des positions. L'ennemi de la démocratie et de la liberté, c'est le censeur.

 

Dieudonné et Soral : la « dissidence » ambiguë et folklorique

Les extraits des spectacles de Dieudonné que j'ai vus en vidéo ne m'ont pas donné envie de m'y intéresser davantage. Je n'ai trouvé ça ni drôle, ni fin, ni pertinent. La chanson « Shoananas » m'a laissé plus que perplexe ; quant aux propos sur Patrick Cohen – un journaliste médiocre et fat –, c'est au mieux de très mauvais goût. De mon point de vue Dieudonné échoue à la fois en tant que comique et en tant que satiriste politique.

En outre, je trouve sa contribution au combat antisioniste contre-productive ; c'est même une aubaine pour les zélateurs d'Israël d'avoir un tel adversaire auquel ils peuvent assimiler les militants pro-palestiniens sérieux, c'est-à-dire ceux qui ne se complaisent pas dans une approche ambiguë et folklorique.

La proximité de Dieudonné avec la bateleur d'extrême droite Alain Soral ou avec la SARL Le Pen ne m'incite pas à le prendre au sérieux en tant qu'opposant conséquent à l'ordre établi. Le Front national est un élément-clé du dispositif d'asservissement du peuple français, un épouvantail consentant au service du système. Quant à Soral, ce sophiste fiévreux, c'est un boutiquier de la « dissidence » qui conduit dans un ghetto politique de jeunes gens crédules. Il n'est d'ailleurs pas surprenant que Soral ait fait alternativement la promotion du FN et de DLR (le parti du gaulliste du dimanche Nicolas Dupont-Aignan), deux des principaux leurres du paysage politique français.

Tout ce petit monde cherche à capter le mécontentement des Français, à capitaliser – symboliquement et matériellement – sur un rejet légitime du système, pour envoyer cette colère dans une impasse.

Certains admirateurs de Dieudonné diront qu'il a pris ses distances avec Soral et le FN. Cet entretien récent avec le journaliste belge Olivier Mukuna montre au contraire qu'il les ménage soigneusement, osant à peine formuler une réserve. Je ne fais pas partie de ceux qui considèrent que, pour des raisons tactiques, il faut s'abstenir de critiquer ceux qui sont attaqués par le système. Je pense au contraire qu'il est toujours souhaitable de sortir des ambiguïtés et de critiquer ce qu'il y a à critiquer. Que chacun juge ensuite sur pièces.

Dieudonné et Soral font beaucoup de tort à la cause palestinienne en France, et plus généralement au mouvement d'opposition radicale à l'ordre établi. Businessmen de la contestation, ils contribuent au développement d'une tendance très nuisible : le manque de sérieux et de clarté en politique. Proches en cela des médias et des partis installés, ils coproduisent avec eux une pièce de théâtre grotesque et indécente, complètement inadaptée à la situation grave dans laquelle se trouve la France.

Nous pataugeons dans le n'importe quoi pendant que le chômage et la pauvreté progressent. Les sujets importants – souveraineté populaire, indépendance nationale, démocratie, paix, progrès social – sont étouffés ou ridiculisés. En première ligne dans la guerre sociale et économique menée contre le peuple, les classes populaires souffrent dans une quasi-indifférence. La détresse sociale, l'inquiétude quant à l'avenir se répandent. Le fascisme financier domine toujours malgré sa faillite morale et sa nocivité économique. Nous nous enfonçons dans une dictature euro-atlantiste belliqueuse et liberticide (guerres « humanitaires », surveillance généralisée, etc.).

Bref, il y a urgence et cela réclame du sérieux dans le combat. Le contexte est certes différent mais on imagine difficilement les membres du Conseil national de la Résistance s'adonner à la pratique de la « quenelle »...

Il est plus que temps que des forces politiques (mais aussi associatives et syndicales) réfléchies et combatives contrecarrent l'influence des clowns exaltés de la « dissidence », surtout auprès des jeunes. On ne peut évidemment pas compter sur les partis installés pour cela, ils n'ont aucunement l'intention de mettre à bas un régime dont ils profitent. Ils ne feront pas dérailler la misérable petite routine qui consiste à s'effrayer de l'influence de Dieudonné et de Soral tout en continuant à ressasser les mêmes analyses erronées, les mêmes remèdes inopérants. Il faut rompre avec cette grande fabrique à impuissance.

Cela dit, je crois que l'on surévalue souvent l'emprise du soralo-dieudonnisme ; beaucoup de gens regardent leurs vidéos pour se défouler, se griser, sans adhérer pour autant à toutes leurs divagations. Une fois lacyberfulmination terminée, ils retournent à leur vie en se contentant de pester occasionnellement contre le « mondialisme » ou le « lobby sioniste ». Avec de pareils opposants, les dominants peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

Dieudonné et Soral font avec l'antisionisme ce que le FN fait avec la souveraineté nationale. Ils rendent le sujet confus et sulfureux, ce qui sert à merveille les partisans du statu quo. Les gardiens du système se servent de Dieudonné et de Soral pour neutraliser le nécessaire débat sur Israël et le sionisme, comme ils se servent du FN pour neutraliser le débat (encore plus urgent et prioritaire) sur la souveraineté populaire et l'indépendance nationale. Le stratagème est habile, le piège efficace. Il faut refuser de tomber dedans et montrer à ceux qui se laissent séduire que tout ce que le soralo-dieudonnisme parvient au fond à accomplir, tout comme le FN, c'est à pourrir et à parasiter des sujets importants.

S'agissant de la « quenelle », c'est une variante du bras d'honneur, un geste rigolard censé témoigner d'une opposition au système. Le côté vulgaire et puéril de ce signe de ralliement suffit amplement à le discréditer, inutile de le fantasmer en « salut nazi inversé » (au passage, ce n'est pas à la LICRA ou au CRIF de décider arbitrairement de l'interprétation correcte, et encore moins aux médias de la relayer sans discernement). Le fait même que l'on discoure en longueur sur la signification de la quenelle montre à quel degré d'insignifiance le débat public en est rendu.

 

Pour une liberté d'expression sans limites

Je ne chercherai pas ici à déterminer si Dieudonné est réellement antisémite ou si son goût pour la provocation le conduit à une surenchère absurde (pour garder son public, il y est presque contraint) ; je n'ai pas la capacité de sonder son cerveau. Savoir ce qu'il pense vraiment est de toute façon sans importance en ce qui concerne la défense de la liberté d'expression. En effet, même si Dieudonné passait ses journées à tenir des propos ouvertement antisémites ou à faire des lectures publiques de Mein Kampf au Théâtre de la Main d'Or, cela ne changerait rien.

La liberté d'expression doit être totale, sans aucune restriction ; elle doit s'appliquer inconditionnellement, sans considération de la nature des propos ou de l'identité des personnes qui les tiennent. Il est également important d'insister sur la différence fondamentale entre les paroles et les actes. On ne peut mettre sur le même plan une parole et sa « transposition » (plus ou moins fidèle) en acte. En dehors du cas particulier des faux témoignages, la justice ne devrait s'intéresser qu'aux actes, pas aux paroles (ou aux écrits). Admettons l'exception traditionnelle pour les appels à commettre des actes de violence contre autrui.

Citons un autre extrait du discours de Robespierre : « Les lois peuvent atteindre les actions criminelles, parce qu'elles consistent en faits sensibles, qui peuvent être clairement définis et constatés suivant des règles sûres et constantes : mais les opinions ! leur caractère bon ou mauvais ne peut être déterminé que par des rapports plus ou moins compliqués avec des principes de raison, de justice, souvent même avec une foule de circonstances particulières. 

Me dénonce-t-on un vol, un meurtre ; j'ai l'idée d'un acte dont la définition est simple et fixée, j'interroge des témoins.

Mais on me parle d'un écrit incendiaire, dangereux, séditieux ; qu'est-ce qu'un écrit incendiaire, dangereux, séditieux ? Ces qualifications peuvent-elles s'appliquer à celui qu'on me présente ? Je vois naître ici une foule de questions qui seront abandonnées à toute l'incertitude des opinions ; je ne trouve plus ni fait, ni témoins, ni loi, ni juge ; je n'aperçois qu'une dénonciation vague, des arguments, des décisions arbitraires. » 

 Lumineux, n'est-ce pas ?

Comment combattre efficacement une idée, une opinion ? La censure et la répression peuvent fonctionner mais alors il faut reconnaître que l'on se détourne des idéaux démocratiques et progressistes.

En l'occurrence, il est plus que douteux que les attaques légales contre Dieudonné diminueront sa notoriété et la diffusion de ses spectacles. C'est le contraire qui va se produire.

De nombreuses personnes ont d'ailleurs vu leurs premières vidéos du Dieudonné post-Élie Semoun à l'occasion de cette mobilisation politique et médiatique délirante.

Cette « affaire » est LE sujet de conversation de ces dernières semaines.

Si l'on se place du point de vue des adversaires officiels de Dieudonné, leur action est contre-productive, ils promeuvent ce qu'ils combattent et en augmentent la popularité. C'est une fantastique opération de publicité pour Dieudonné qui se trouve ainsi renforcé dans sa position d'artiste persécuté. Si l'on avait voulu étendre le mouvement de solidarité autour du « martyr » Dieudonné et accréditer chez ses admirateurs l'idée qu'il représente un danger majeur pour le système, on ne s'y serait pas pris autrement.

Si l'on aspire à une démocratie digne de ce nom, la censure et la répression ne devraient pas être des méthodes recevables pour combattre des idées. La seule façon rationnelle et pacifique de lutter contre une opinion c'est de lui opposer des arguments, de produire une démonstration qui la contredit. Il faut faire confiance au débat et au libre examen. Il y a derrière la volonté de réduire le champ d'application de la liberté d'expression une peur du peuple, on se méfie de ses « sautes d'humeur ». Une prétendue élite qui a peur du peuple ne mérite pas de le gouverner, ni même de le conseiller. La démocratie c'est aussi cela : faire confiance à la raison et au peuple.

Robespierre encore : « L'opinion publique, voilà le seul juge compétent des opinions privées, le seul censeur légitime des écrits. Si elle les approuve, de quel droit, vous, hommes en place, pouvez-vous les condamner ? Si elle les condamne, quelle nécessité pour vous de les poursuivre ? »

Le recours à la censure et à la criminalisation de certaines opinions peut légitimement être interprété comme un manque d'assurance dans les arguments que l'on a à leur opposer. C'est une faiblesse, elle sera d'ailleurs jugée comme telle par les partisans de la personnalité décriée, ce qui renforcera leurs convictions. Contrairement à ce qui est répété à l'envi, le racisme est bel et bien une opinion avant de pouvoir être qualifié de délit. C'est une opinion qui doit certes être combattue mais par des arguments rationnels, pas par le bannissement et la répression.

Si vous avez un ami ou une connaissance qui se met à tenir des propos racistes ou négationnistes, est-il plus pertinent – efficace – de le conspuer et de l'exclure de vos fréquentations ou de chercher à le raisonner par la discussion ? La réponse est dans la question. Ce qui vaut à cette échelle vaut à l'échelle de la société. Tout le monde devrait avoir le droit à l'erreur sincère du jugement, à l'égarement des opinions (il ne s'agit évidemment pas de valoriser l'irrationalité). Une condamnation – a fortiori si elle est indélébile – est là encore contre-productive.

Il va sans dire – mais disons-le quand même – que la liberté d'expression totale dont devrait bénéficier Dieudonné s'applique également à ceux qui le soutiennent et l'admirent. S'ils expriment leur solidarité, par exemple en se faisant prendre en photo en exécutant le signe de la quenelle, ils ne doivent subir aucune sanction professionnelle ou légale. Et bien sûr ils doivent être libres de pouvoir assister aux spectacles de Dieudonné, ce qui implique que ceux-ci puissent avoir lieu... La liberté de réunion doit donc elle aussi être pleinement restaurée.

 

La nécessité de vrais débats publics... et d'une gauche combative et rationnelle

La popularité de personnes comme Dieudonné ou Soral montre que lorsqu'un sujet est occulté, que l'on interdit qu'un débat public ait lieu – en l'occurrence sur Israël et le soutien que la France et l'Union européenne accordent de fait à son régime d'apartheid –, la frustration et la colère prennent des formes outrées et grotesques. La classe politique et médiatique dominante est responsable de l'émergence de « phénomènes » comme Dieudonné et Soral. Tant qu'il sera impossible d'avoir un véritable débat sur la politique de la France vis-à-vis d'Israël, ces formes extrêmes de contestation se développeront. Mais c'est peut-être là l'objectif des chiens de garde du sionisme : intimider les Français qui désapprouvent la politique israélienne et en neutraliser toute critique sérieuse et argumentée.

Quel que soit le sujet, c'est le manque de débat loyal et ouvert qui alimente la surenchère et les excès. Au lieu de jouer aux pompiers pyromanes, les médias devraient assurer leur rôle démocratique et organiser de tels débats. De même, il est anormal que tous les partis politiques médiatisés (FN compris) soient plus ou moins sionistes.

Cela ne reflète pas l'état de l'opinion.

L'hystérie autour de « l'affaire Dieudonné » est par ailleurs le symptôme d'un climat politique délétère. Il est trop évident qu'il s'agit (aussi) d'une entreprise de diversion, Manuel Valls et François Hollande espèrent ainsi donner l'impression qu'ils font quelque chose. La classe dominante ne pouvant ni ne voulant répondre aux attentes du peuple et à la détresse sociale de nombreux citoyens, elle en est réduite à osciller entre polémiques secondaires (mariage homosexuel, Dieudonné, etc.) et bourrage de mou communicationnel.

Si la gauche continue à abandonner le terrain des luttes sociales et s'accommode de la disparition de la démocratie et de la souveraineté populaire (notamment en entretenant le mythe d'une « Europe sociale »), d'une part elle ne mérite pas le nom de « gauche », d'autre part elle s'affaiblira encore. Quand je parle de gauche, je ne pense évidemment pas au PS – et à ses satellites –, qui est en fait une droite complexée.

De même, si la gauche ne se réapproprie pas le combat pour la liberté d'expression et ne cesse pas de laisser le champ libre à des défenseurs plus que suspects tels que Robert Ménard ou le Bloc identitaire, les valeurs progressistes s'estomperont, les régressions liberticides se poursuivront. La gauche doit assumer l'héritage des Lumières et retrouver pleinement sa vocation : souveraineté populaire, égalité, progrès, paix, émancipation, justice, laïcité. Aujourd'hui la gauche française est inoffensive et elle ne s'interroge pas assez sur les causes de son impuissance.

 

« La liberté d'expression doit être entière et indéfinie, ou elle n'existe pas. »

 

Avec Robespierre – que je paraphrase légèrement ici en remplaçant « liberté de la presse » par « liberté d'expression » –, il faut réapprendre l'évidence : défendre la liberté d'expression des personnes avec qui on est en désaccord, c'est défendre sa propre liberté d'expression. Plus la défense est inconditionnelle, tous azimuts, plus le principe est protégé contre les attaques réactionnaires.

Si la liberté d'expression se réduit à la liberté d'exprimer les idées que l'on approuve, elle n'a plus de sens. On laisse alors la voie ouverte à des interprétations, à des exceptions. Lorsqu'on admet qu'il puisse y avoir de telles exceptions, qu'une limitation de la liberté d'expression est souhaitable, où s'arrête alors le processus de « détricotage » de ce principe salutaire ? Jusqu'où ira le travail de sape ?

Donc, oui, la liberté d'expression doit être totale. C'est le progrès, c'est la raison qui l'exigent. Cela implique qu'il faut aussi abolir les « lois mémorielles » (loi Gayssot, etc.). De même qu'il n'a pas à fixer la vérité scientifique, l'État ne doit pas légiférer sur la vérité historique et criminaliser certaines thèses, même lorsque celles-ci semblent absurdes ou scandaleuses. C'est faire un bien grand honneur à Robert Faurisson et aux autres négationnistes que de concevoir des lois spécialement pour eux.

Soyons chomskyens ! Et robespierristes !

Terminons en citant une dernière fois le génial discours du citoyen Robespierre : 

« Priver un homme des moyens que la nature et l'art ont mis en son pouvoir de communiquer ses sentiments et ses idées, pour empêcher qu'il n'en fasse un mauvais usage, ou bien enchaîner sa langue de peur qu'il ne calomnie, ou lier ses bras de peur qu'il ne les tourne contre ses semblables, tout le monde voit que […] cette méthode est tout simplement le secret du despotisme qui, pour rendre les hommes sages et paisibles, ne connaît pas de meilleur moyen que d'en faire des instruments passifs et de vils automates [2]. »

 

Laurent Dauré

 

Notes

[1] Robespierre a prononcé ce remarquable discours à la Société des Amis de la Constitution, dont il était membre. Ce n'est pas trahir sa pensée que d'étendre à la liberté d'expression en général ce qu'il dit sur la liberté de la presse ; il précise d'ailleurs dans le même discours que « la liberté de la presse ne peut être distinguée de la liberté de la parole ». Pour lire le texte dans son intégralité, cliquer ici.

[2] Ce texte mérite d'être lu dans son intégralité, j'indique donc de nouveau le lien. Je profite de l'occasion pour vivement recommander cette conférence.

Tag(s) : #Politique
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