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PSA : L'usine de Chartres-de-Bretagne,

près de Rennes,

supprimera 1400 postes dans l'année

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La bourgade risque de perdre son âme…

Il est né avec le chevron de Citroën chevillé au corps. Éric Pinson, magasinier, a vu son père partir tous les matins travailler à l’usine pendant quarante ans, sa mère, pendant vingt ans. Il se souvient de ses parents lui racontant l’essor de la ville de Chartres-de-Bretagne, en périphérie de Rennes, l’éclosion des pavillons, de l’école et de la piscine. Lui a construit sa première voiture en 1980. C’était une Citroën BX. Elle s’est vendue à deux millions d’exemplaires. Puis il a troqué le chevron pour le lion, en 2004, après le rachat de la marque par PSA. Éric a 50 ans et aujourd’hui, pour la première fois, il envisage la vie autrement. Loin des chaînes de montage.

Le déclic a eu lieu la semaine dernière, après l’annonce de la suppression, avant juin 2013, de 1.400 postes dans l’usine de La Janais qui fabrique la 508. "Il y a des gens qui ne vivent plus, ils ont un crédit sur le dos.

Pourtant, on s’est adaptés…

Moi, je ne retournerai jamais travailler ailleurs. J’aurai ma propre activité." Il commencera le chômage tournant en septembre, avant le début du plan social. En face de l’usine, une pancarte trône sur un bâtiment de 16.000 m², propriété d’un sous-traitant automobile : "à louer." Dans le centre-ville, certains commerçants redoutent que cette bourgade de 7.000 habitants ne se transforme peu à peu en banlieue dortoir.

La fin du gaullisme

"La fin du rêve de Chartres, c’est la fin du gaullisme et des grands projets industriels, avance Pierre Contesse, délégué syndical FO. Pour un emploi supprimé chez PSA, trois autres emplois disparaissent. Il y a des innovations dans les cartons, mais il faut avoir le courage de les lancer."

Comme ses collègues, il est partagé entre la nostalgie des années 1960, lorsque le général de Gaulle était venu inaugurer l’usine en personne, et l’envie de croire en l’avenir grâce aux technologies du futur. "Pour beaucoup de Français, l’automobile n’est plus une priorité, alors que, dans les années 1980, ça assurait un statut social, observe Franck Bazoge, responsable qualité en clientèle. Il va falloir être imaginatif."

En 2005, 340.000 véhicules sont sortis de l’usine, contre 180.000 en 2011. "Si d’ici à deux ans, on descend sous la barre des 100.000, le site est menacé », alerte Philippe Bonnin, maire PS de la ville. Pour Pierrick Massiot, président du conseil régional de Bretagne, le tissu économique a jusqu’ici "bien résisté". "Mais le système touche à sa fin. D’autant que nous avons aussi le dossier Doux…"

Plomberie ou boulangerie

Tous les matins, Franck Bazoge fait désormais du covoiturage avec son épouse Karine, employée chez un sous-traitant. Il a même revendu une de leurs trois voitures. Pour "mettre des réserves de côté". "Les temps se durcissent, souligne le quadragénaire. On commence à se poser des questions sur notre mobilité. Mais nos deux ados sont nés ici, ils ne veulent pas partir." Après le plan de 2009 et ses 1.700 départs, certains ouvriers se sont lancés dans la plomberie ou la boulangerie. "D’autres ont vu leur couple éclater", regrette Pierre Contesse.

C’est aussi ça, la vie sans PSA.

Sur le parking, Éric Pinson charge sa camionnette. Mercredi, il montera à Paris pour manifester devant le siège, lors du comité central d’entreprise. Le directeur du site, Jean-Luc Perrard, assure qu’un chantier démarrera en août "pour préparer l’arrivée d’une nouvelle plate-forme à l’horizon 2016". "Mais que va-t-on faire pendant quatre ans ?", s’interroge Éric.

Dans son coffre, des tambourins et des drapeaux noirs et blancs. Son dernier combat, il le mènera aux couleurs de la Bretagne.

 

JDD

http://www.mleray.info/article-psa-l-usine-de-chartres-de-bretagne-pres-de-rennes-supprimera-1-400-postes-dans-l-annee--108416363.html

 

Tag(s) : #Lutte de Classe
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