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INFO REPRISE SUR
LE BLOG DE DIABLO 

 

 

Article repris du site de l’Observatoire des inégalités

 

L’Observatoire des inégalités publie les seuils de pauvreté, de richesse et le niveau de vie des classes moyennes pour les principaux types de ménages. Des données essentielles.

Qui est pauvre, moyen ou riche selon le type de ménage ? Délimiter des frontières de niveaux de vie est une construction statistique. L’exercice est pourtant essentiel si l’on veut comprendre la société. Encore faut-il prendre quelques précautions. Nous publions des données détaillées de l’année 2011 par type de ménage. Elles sont obtenues à partir des déclarations d’impôts, auxquelles l’Insee a retiré les impôts directs payés et les prestations reçues (voir encadré méthodologique).

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Qui est pauvre ?

 

Une personne seule est considérée comme pauvre si elle vit avec moins de 729 euros par mois. Un couple sans enfant avec 1 423 euros et 1 921 euros avec deux enfants. Nous avons utilisé le seuil de pauvreté situé à la moitié du niveau de vie médian. Il ne s’agit pas du seuil de pauvreté officiel de l’Insee à 60 %, qui se situe à 814 euros. Le seuil de l’Insee est une valeur théorique pour une « unité de consommation » fictive, qui permet de comparer l’ensemble des formes de ménages entre elles. Nous présentons un découpage interne à chaque type de ménage, en fonction des revenus qu’il perçoit réellement et non des échelles d’équivalence utilisées par l’Insee.


Qui appartient aux catégories populaires ?

 

Si l’on définit les catégories populaires comme les 30 % du bas de l’échelle des revenus, elles perçoivent par mois au plus 1 183 euros pour une personne seule, 2 251 euros pour un couple sans enfant et 3 100 euros pour un couple avec deux enfants. Pour un célibataire, il s’agit environ du niveau du Smic pour un temps plein, auquel il faudrait ajouter les impôts et d’éventuelles allocations. Ce niveau est sans doute restrictif. S’il semble bas à certains, c’est qu’il intègre les personnes qui touchent des minimas sociaux, qui sont en temps partiel, au chômage, qui n’ont travaillé que quelques mois dans l’année ou qui touchent des petites retraites. Il ne s’agit pas des revenus des actifs en temps plein.


Qui fait partie des classes moyennes ?

 

Selon la définition que nous utilisons, les classes moyennes s’étendent des 30 % les plus pauvres aux 20 % les plus riches. Soit de 1 183 à 2 177 euros mensuels pour un célibataire, de 2 251 à 4 280 euros pour un couple sans enfant et de 3 122 à 5 567 euros pour un couple avec deux enfants. On est loin des chiffres des « classes moyennes » dont on parle souvent dans le débat public, et dont les revenus sont très supérieurs.


Qui est aisé ?

 

On qualifie d’« aisés » ceux qui se situent parmi les 20 % les plus riches. Ils disposent d’un niveau de vie supérieur à 2 177 euros mensuels pour un célibataire, 4 280 euros pour un couple sans enfants et 5 567 euros pour un couple avec deux enfants. Aisés ou pas ? Tout dépend de la perspective que l’on choisit. Avec 3 000 euros de niveau de vie par mois après impôts, un célibataire vit bien mieux que le reste de la population, il est objectivement à l’aise. Mais il ne gagne tout aussi objectivement pas grand chose s’il se compare aux 1 % les plus riches : les inégalités sont grandes au sein des tranches supérieures.


Et les riches ?

Nous considérons comme riche une personne seule qui touche plus de 2 917 euros par mois, un couple sans enfant qui vit avec plus de 5 693 euros, et un couple avec deux enfants au-delà de 7 683 euros. C’est le double du niveau de vie médian. Cette norme n’est ni plus ni moins subjective que celle qui fixe le seuil de pauvreté.

 

Fixer un seuil de richesse déclenche immédiatement un tollé. Qu’est-on quand on dispose de deux fois plus que celui qui se trouve au milieu du gué des revenus ? Encore une fois, on n’est pas « riche », si l’on se mesure à une poignée de dirigeants du CAC 40. Mais on l’est très nettement, rapporté au plus grand nombre. Reste à savoir quelle perspective on adopte.


En conclusion

Toutes ces frontières sont critiquables. En tous cas, on ne peut que regretter la pauvreté du débat dans ce domaine. Un assez grand consensus existe pour maximiser le niveau de la pauvreté et minimiser celui de la richesse en élevant les seuils de ces deux catégories. Les classes moyennes deviennent un fourre-tout pratique permettant de rassembler des catégories hétéroclites. Comme le Crédoc, nous adoptons une position plus mesurée, qui n’est pas plus ou moins objective qu’une autre, mais qui a le mérite de mettre des données sur la table plutôt que de rester dans un épais brouillard.

inegalites-tableau2.jpg

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La méthode : comment avons-nous fixé les limites ?

Nous utilisons le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian : plus restrictif que celui de 60 % davantage utilisé, il a le mérite de rassembler des populations dont les niveaux de vie sont moins différents. Notre définition minimise donc le seuil.

En utilisant la typologie réalisée par le Crédoc [1] nous considérons comme « populaires » les 30 % les plus pauvres et d’« aisés » les 20 % les plus riches. Les classes « moyennes » forment un noyau intermédiaire de 50 % de la population, situées entre les catégories populaires et aisées.

Les « riches » sont définis comme ceux qui touchent deux fois plus que le niveau de vie médian. Cette définition a été présentée en 1997 par Alternatives Economiques [2]. Elle n’est ni meilleure ni moins bonne que celle du taux de pauvreté pour en être simplement l’inverse, mais elle reste rarement utilisée. En France, on refuse souvent d’être intégré parmi les couches « aisées » et encore moins « riches ». Mais il est vrai que les limites que nous proposons sont plutôt basses : au sein des populations aisées et très riches, les écarts sont énormes. On pourrait opter pour des classes moyennes allant des 40 % du bas des revenus aux 10 % supérieurs. En revanche, il semble difficile de classer comme « moyen » une personne qui figure parmi les 10 % les plus aisés.

Enfin, ces données portent sur des moyennes pour la France métropolitaine, tous âges confondus. Pour s’approcher encore plus près de la réalité du reste à vivre, il faudrait prendre en compte notamment le coût du logement. Vivre avec 3 000 euros pour un couple sans enfant n’est pas équivalent à Paris ou à Aurillac. Par ailleurs, à revenu identique, les écarts sont importants entre les propriétaires qui ont achevé de rembourser leurs emprunts et les locataires.

 

Notes

[1] Les classes moyennes sous pression, Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) - Consommation et modes de vie, n° 219 - mars 2009.


[2] « Qui est riche en France ? », Louis Maurin, Alternatives Economiques, n°153, novembre 1997.


Date de rédaction le 10 mai 2011

Tag(s) : #Economie
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