| Avec la Tunisie, la France demande la République La Tunisie convoque une Assemblée constituante. Elle se montre plus républicaine que tant de nations européennes, qui ont adopté un traité liberticide contre la volonté de leurs peuples. La France, dont les classes dirigeantes prétendent rester fidèles à l’esprit de la République, a été une des plus exemplaires dans l’injure faite au peuple. Son Parlement a imposé le contraire de ce qu’a décidé le peuple le 29 Avril 2005. Mais la France demande à revenir à la République. C’est un mouvement de fond qui porte cette exigence. Après le non au référendum de 2005, le rejet du Contrat Premières Embauches (CPE) en 2006 et, récemment, les manifestations massives contre la réforme de retraites, le peuple de notre pays a montré qu’il est sur la même longueur d’onde que celui de Tunisie. Là-bas, la lutte s’est menée à la fois sur le terrain de la revendication sociale et contre l’oppression politique. Il a conduit le peuple à rejoindre, à sa manière, les exigences d’une république sociale. Comme on le voit, ces aspirations naissent de la réalité vivante, loin des dogmes de l’idéologie libérale dominante, loin de plans forgés par des rêveurs idéalistes. Il s’agit de répondre concrètement aux conséquences d’une crise économique et sociale, mais en donnant à la réponse toute sa dimension politique, celle qui exprime le droit du peuple à disposer de lui même (lire l’article d’Anne-Cécile Robert). Ironie de l’Histoire, les dictatures en Égypte et en Tunisie avaient éliminé les partis. Elles en sont mortes. En France la plupart des partis jouent le jeu institutionnel dans le système et lui permettent de perdurer. Le récent remaniement ministériel (lire l’article d’Étienne Tarride) participe de ces manœuvres florentines, autant que les succédanés de débats qu’annonce la préparation de l’élection de 2012. Ce qui se passe en Italie, alors que le pays fête les cent-cinquante ans de son unité devrait faire réfléchir (lire l’article de Jérémy Mercier). Une véritable course à la décomposition s’y déroule, sous le regard orgiaque d’un chef d’État dont on peut redouter qu’il ne préfigure l’engeance des prochains maîtres de l’Europe. À moins que le sursaut républicain ne traverse la Méditerranée, pour prendre toute sa place sur le Vieux Continent. En donnant une dimension politique affirmée au profond sentiment de rejet qui anime les catégories à qui le système fait payer les catastrophes de la crise. |