TEXTE REPRIS
sur
Canaille le Rouge
Avatar d'un Président de la SNCF.
Pourtant, ce n'est pas un bleu dans le domaine
Ci dessous, un article de la revue Challenge.
Vous rappelez? Cette feuille de chou où Kessler du Medef et des assurances réunies annonçait vouloir régler leur compte aux acquis de la Libération.
Quelques mois plus tard, toujours dans le brut de frappe, ce que dit Pepy sur les retraites des cheminots (et pas que pour eux); sur les traces de Kessler:
Dans une interview accordée au magazine Challenges le 2 juin, le Président de la SNCF confirme que les régimes spéciaux seront bien touchés, en leur temps, par la prochaine réforme des retraites.
Extraits :
"Le gouvernement s'attaque au problème des retraites en France, mais a prévenu que les régimes spéciaux ne seraient pas touchés pour le moment. Tout va changer sauf à la SNCF ?
Guillaume Pepy : Non. La réforme concerne l'ensemble des Français, donc aussi les cheminots. Ce que dit le document d'orientation, c'est que le calendrier tiendra compte de la réforme des régimes spéciaux qui a eu lieu pour les cheminots, les traminots, les électriciens, les gaziers en 2007, et que nous mettons en place maintenant. Cette réforme rapportera 300 millions d'euros à la collectivité à partir de 2015 pour un coût limité à 20% de ce montant".
"Guillaume Pepy confirme ainsi de manière plus affirmative le contenu d'un « Temps Réel » adressé à l'ensemble des cheminots. Une lecture superficielle de ce document aurait pu laisser croire que la SNCF ne serait pas touchée par la réforme. C'est d'ailleurs ce qu'avaient conclu un peu vite de nombreux observateurs dont les écrits qui ont jeté le doute. Les cheminots ont ainsi subi une double peine : celle d'entrevoir une nouvelle amputation de leur régime spécial et un nouveau déferlement de haine à leur égard.
Quant à ce que rapporterait la réforme de 2007 à la collectivité, une majorité d'économistes constaste qu'elle génère des dépenses supplémentaires. Si bénéfice il y a un jour, ce sera sur le long terme. Cela restera à démontrer en son temps. En revanche, le surcoût de cette réforme a été immédiat pour les entreprises concernées. Sans compter les effets pervers sur la gestion des "ressources humaines" qui ne peut plus être qualifiée de prévisionnelle...
Dans un premier temps, de nombreux cheminots proches de la retraite ont désiré prolonger leur carrière pour profiter des nouvelles possibilités de déroulement de carrière. Aujourd'hui, des salariés des mêmes générations, pris de panique à l'idée d'être impactés par la réforme à venir, ont tendance à changer leur fusil d'épaule... D'où un beau capharnaüm dans la gestion des emplois. A cela s'ajoute une nouvelle polémique : les Régions accusent la SNCF de vouloir leur faire payer la facture de la réforme des retraites de 2007.
Enfin, plusieurs syndicats de cheminots envisagent une nouvelle mobilisation le 24 juin, dont CGT, CFDT, CFTC, SUD et UNSA. Les modalités de l'action ne sont pas encore fixées. FO maintient, pour sa part, un appel le 15 juin particulièrement ciblé sur l'avenir des retraites. Entretemps, les français se gavent tous les soirs de la bonne parole du Gouvernement. Une publicité honteuse, trompeuse, mais qui risque d'avoir de l'effet chez tous ceux qui ne se donnent pas la peine de faire l'effort de discerner le faux du vrai.
Source article : http://aubin.blogs.nouvelobs.com"
Voici l'article complet de Challenge (partie retraite
comprise), il porte le crédo de notre social libéral
avancé de patron, qui le confirme à la presse:
Guillaume Pepy est président de la SNCF. L'opérateur ferroviaire vit une année sociale difficile -quatre grèves depuis janvier- et continue à se battre contre les effets de la crise. A la veille des vacances d'été, il lance un lot de nouvelles offres et de services innovants pour attirer les voyageurs dans ses TGV.
Le gouvernement s'attaque au problème des retraites en France, mais a prévenu que les régimes spéciaux ne seraient pas touchés pour le moment. Tout va changer sauf à la SNCF ?
- Non. La réforme concerne l'ensemble des Français, donc aussi les cheminots. Ce que dit le document d'orientation, c'est que le calendrier tiendra compte de la réforme des régimes spéciaux qui a eu lieu pour les cheminots, les traminots, les électriciens, les gaziers en 2007, et que nous mettons en place maintenant. Cette réforme rapportera 300 millions d'euros à la collectivité à partir de 2015 pour un coût limité à 20% de ce montant.
La dernière grève date d'avril et s'est soldée, après quinze jours de conflit, par une victoire de la direction. Etes-vous satisfait ?
- Une grève de quinze jours n'est une victoire pour personne. J'ai affiché une stratégie claire, qui a pour but de réduire ce que Louis Gallois appelait la "gréviculture", stratégie qui peut se résumer par: la négociation rapporte systématiquement plus que la grève. Lorsque l'on a un accord avec des syndicats, il ne peut être remis en question par d'autres syndicats lors d'un conflit. C'est simple, et nous allons continuer comme ça.
Quinze jours de conflit en pleine crise du volcan, alors que les avions arrivaient à Toulouse et à Marseille et que les passagers avaient du mal à rentrer à Paris, et la direction n'a pas cédé. Est-ce un tournant dans l'histoire de la SNCF ?
- Les cheminots sont des salariés très matures, ils vivent la crise, la société comme elle est, et ils peuvent se déterminer seuls. Il manque désormais à la SNCF une forme d'intéressement: comment les progrès que l'on fait dans la façon de mener le dialogue social et la réduction du nombre de grèves vont bénéficier aux salariés. Nous y réfléchissons.
Le trafic TGV a très peu augmenté l'an dernier. Est-ce qu'il repart en 2010 ou le marché a-t-il atteint la maturité ?
- Le marché n'est pas mature, puisque beaucoup de lignes à grande vitesse vont ouvrir en France et en Europe. Mais le TGV est victime de la crise et des difficultés de pouvoir d'achat. En 2010, le trafic ne baisse pas, mais, au lieu des 3 à 4% que nous avons connus, il reste modestement entre 0 et 1%. C'est pour cela que nous lançons de grandes innovations sur le service. C'est ce qu'on nous reproche souvent à la SNCF : d'être forts industriellement mais avec un service pas tout à fait à la hauteur. Nous y travaillons donc.
Quelles sont les nouveautés 2010 ?
- Le site Voyages-SNCF.com, à la fois très fréquenté, aimé et critiqué, a été entièrement refondu. Sa nouvelle version, lancée le 1er juin, est beaucoup plus simple et conviviale. Et puis, nous avions lancé l'an dernier une expérimentation, les TGV Family, avec des animations pour les enfants. Cela a été un gros succès, et nous les généralisons cet été.
Et le fret ?
- 2009 fut une année noire pour tout le monde: - 30% en Europe. Cette année, cela repart, surtout en Asie. En Europe, il y a encore de bons mois, de mauvais mois. En France, le trafic routier a repris, mais ce n'est pas flagrant dans le ferroviaire. Nous amorçons une gigantesque révolution industrielle: nous passons du transport de détail au transport massifié, grâce à des autoroutes ferroviaires -les camions sur des rails. Nous avons doublé les fréquences entre le Luxembourg et Perpignan tous les trois mois! Et nous sommes en lice pour l'attribution d'une autoroute ferroviaire dans le Sud-Ouest, pour qu'il y ait moins de camions sur l'A 10 et plus sur nos trains.
Propos recueillis par Gilles Fontaine et Anna Rousseau
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