LE INTERNATIONAL
GRI-GRI
CÔTE D'IVOIRE :
maintenant, c'est sûr
Bolloré ne partage pas les vues de Sarkozy
Acrimed apporte une réponse à la question que nous posions ici même le 11 décembre 2010 :
Bolloré est-il d'accord avec Sarkozy (et le FMI)
pour "préférer" Ouattara à Gbagbo ?
Action CRitique Médias, observatoire des médias, publie une édifiante étude du traitement réservé à la crise post-électorale ivoirienne, et partant à Laurent Gbagbo, dans les médias édités par le groupe de Vincent "Bololo" Bolloré...
Ça démarre par un aveu en forme de constat :
"Une certaine unanimité médiatique s’est dégagée, en France, pour mettre en avant la victoire de Ouattara et les condamnations internationales de l’auto-proclamation de Gbagbo. (...) Mais une voix discordante s’est fait entendre : la presse gratuite du groupe Bolloré (Direct Matin et Direct Soir, deux journaux dont les contenus sont à peu près identiques)."
L'examen, réalisé à partir des éditions du 22 novembre jusqu'à celle du 11 janvier est sans appel. Celle du 1er décembre, ovni de distance et de neutralité dans la presse française de l'époque, se contente de rapporter que les deux camps s'accusent de fraudes.
"Le 2 décembre, « la confusion règne ». (voilà bien un mot, confusion, auquel on aura peu recouru dans la presse française, tant tout leur semblait clair et la victoire d'Ado limpide, ndlr). Le 3, alors que la Commission électorale indépendante (CEI, à 80% ouattariste, ndlr qu'oublie de faire Acrimed) a proclamé Ouattara vainqueur avec 54,1 % des suffrages et que l’ensemble de la presse se fait l’écho de ce qui ressemble fortement à une défaite de Gbagbo, pour Direct Matin, « l’incertitude règne » quant aux résultats."
N'est-ce pas merveilleux ? Les employés de Bolloré donnant au reste de la presse en croisade anti-Gbagbo des leçons de distance, de neutralité, de modestie devant la confusion des évènements...
"Les 6 et 7 décembre, Direct Matin évoque la visite de Thabo Mbeki, médiateur envoyé par l’Union africaine (UA), et explique que « l’objectif de l’UA [est d’]apaiser les tensions dans le pays », oubliant au passage de mentionner que l’UA a reconnu la victoire d’Alassane Ouattara." (Bon, Acrimed, comme Rue89, peut se tromper... aux dernières nouvelles, Jean Ping refusait de dire qu'il avait demandé au "Président Gbagbo" de "quitter le pouvoir").
"Toujours le 7 décembre, Direct Matin :
« Le Quai d’Orsay a fait savoir que l’heure était "à la recherche d’une transition ordonnée, sereine et digne" », oubliant une information digne d’intérêt : la France reconnaît la victoire d’Alassane Ouattara."
Du 9 au 16 décembre, zénith de la campagne médiatico-politique pro-Ouattara, rien ou presque dans les canards à Bololo. Acrimed relève des "formules faussement neutres : Gbagbo et Ouattara demeurent « les deux présidents proclamés de Côte d’Ivoire » (10 décembre), qui « revendiquent chacun leur victoire » (17 décembre), ou qui « se sont tous les deux proclamés président après le second tour de la présidentielle » (20 décembre)…
Si bien qu'effectivement on pourrait dire avec Colin Brunel que "le 5 janvier, un nouveau pas est franchi par Direct Matin. C’est désormais Alassane Ouattara qui est montré du doigt, tandis que Gbagbo est loué pour sa recherche d’un compromis : "La main tendue de Gbagbo rejetée par Ouattara"
C'est pas fini :
"on apprend, de la bouche de Jacques Séguéla lui-même, que le groupe Euro RSCG (Havas), lui aussi propriété de Bolloré, s’est largement impliqué dans la campagne présidentielle de Gbagbo :
« parce que Vincent Bolloré a des intérêts en Afrique, dans toute l’Afrique, c’est le plus gros investisseur français, je crois que c’est le plus gros investisseur européen en Afrique, et que de longue date il a toujours conseillé Gbagbo ».
Voilà qui a le mérite de l’honnêteté.
Et même si Jacques Séguéla affirme dans la même interview que « dès les premiers incidents […], toute collaboration s’est instantanément stoppée », on imagine que le groupe Bolloré ne souhaite pas perdre sa mise et qu’il n’hésite donc pas à user de tous les moyens dont il dispose pour soigner l’image de l’ami Gbagbo ou, du moins, pour ne pas l’écorner."
Il a tellement rigoureusement travaillé, le journaliste d'Acrimed, que même sa conclusion il est inutile de la commenter.
Photo - dr Texte - J.O. (& S.T.)