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INFO REPRISE SUR
LE BLOG DE JACQUES TOURTAUX

 

Moscou refuse tout distinguo
entre l’ASL et al-Nosra

 

 

Poutine (à Bruxelles le 21 décembre) maintient le cap russe sur la Syrie,et rappelle aux Européens qu’ils jouent avec le feu en Syrie…

 

… tandis qu’à Washington, la probable désignation de John Kerry comme successeur de Hillary Clinton pourrait (peut-être) hâter un désengagement américain sur le même dossier….

 

 

À Yarmouk, des incidents limités auraient eu lieu vendredi dans le camp, entre insurgés islamistes et militants des « Comités populaires » pro-gouvernementaux, et sans doute des combattants palestiniens du FPLP-CG, alliés à l’armée. C’est la thèse de l’OSDH, qui reconnait que l’armée n’est pas (encore) entrée en action à Yarmouk. Mais Raja Anwar, porte-parole du FPLP, limite ces incidents à une « attaque d’élément terroristes contre un barrage de l’armée à l’extérieur du camp« . Ce qui est une autre confirmation de l’absence de militaires  dans son enceinte. L’AFP confirme elle en tous cas que des « milliers de réfugiés Palestiniens » ont commencé à rentrer à Yarmouk vendredi, à la faveur d’un accord intervenu entre armée, Palestiniens du camp et rebelles. 

Il semble bien que la bataille de Yarmouk s’est achevée. Sur une défaite militaire et politique des insurgés.

De la complémentarité Poutine/Lavrov

Sur le plan diplomatique, les Russes sont de nouveau montés au créneau. À Bruxelles, participant à un sommet Russie/Union européenne, Vladimir Poutine a eu notamment cette phrase, peut-être pas tombée dans l’oreille de sourds européens : « La Syrie n’est pas loin de nos frontières et on ne voudrait pas voir le chaos s’y installer, comme on peut l’observer dans certains pays de la région« . Le président russe pense évidemment à l’Irak, qui ne s’est toujours pas remis, politiquement et sécuritairement, de l’agression américaine de 2003. Et sans soute aussi un peu à la Libye où couvent une ou plusieurs guerres civiles larvées, 14 mois après la mort de Kadhafi. Pour en finir avec le « chaos » syrien, Poutine dit à ses interlocuteurs européens qu’ »il faut d’abord se mettre d’accord sur l’avenir de la Syrie, su l’intérêt de tous ses citoyens, de toutes ses minorités ethniques et confessionnelles ».

Et que donc « toutes les parties doivent s’asseoir à la table de négociations« .

Ce disant, Poutine vise d’abord l’opposition radicale exilée protégée par les Européens, qui à défaut de les contrôler  s’appuie ouvertement sur des groupes armés extrémistes qui rêvent – tout haut – d’épuration religieuse et de califat sunnite plus ou moins salafiste. Et pour le reste, le premier des Russes maintient sa ligne : arrêt des violences, négociations entre Syriens de bonne volonté, en dehors de toute ingérence extérieure.

Donc Poutine dit clairement que la balle est dans le camp des opposants. Et il sait très bien que ceux-ci, dans leur majorité, ne veulent pas la saisir.

Le président russe met donc une nouvelle fois l’opposition syrienne extrémiste, mais surtout ses alliés occidentaux, devant leurs contradictions, voire leur mauvaise foi. L’opposition de Doha vient d’ailleurs, sans surprise, de rejeter un nouveau plan de paix iranien, guère éloigné dans ses modalités de cet accord de Genève qu’ont imposé et défendent toujours Russes et Chinois.

À Poutine les grands principes, à Lavrov la diplomatie « de première ligne » : le chef de sa diplomatie russe s’en est pris, lui, à ce qu’il appelle la « logique dangereuse » des Occidentaux en Syrie. « Nos collègues occidentaux ont commencé à faire la distinction entre terroristes « mauvais » et « acceptables ». C’est très dangereux« .

Lavrov pointe la volonté des chancelleries euro-américaines d’essayer de séparer une ASL « traditionnelle », réputée (bien à tort) respectueuse des principes démocratiques et humanitaires, des fanatiques djihadistes qui tiennent le haut du pavé insurgé de Damas à Alep. 

 De cette attaque du ministre russe des Affaires étrangères – dont on ne peut imaginer qu’il aurait des divergences avec son président – on doit logiquement conclure que Moscou ne fait pas ou plus de différences entre bandes réputées ASL et bandes ouvertement extrémistes. Pour les Russes, objets désormais, à travers leurs ressortissants en Syrie, de menaces ouvertes de la part des groupes insurgés, il n’y a pas de bons rebelles.

Toute la question est de savoir si les « collègues occidentaux » de Sergueï Lavrov peuvent recevoir ses arguments. Certainement ils sont d’accord au fond, plus personne ne pouvant ignorer ou nier la tournure détestable qu’a pris la « révolution » syrienne. Mais ils ne sont pas libres de leur jugement, étant prisonniers d’une ligne atlantiste depuis au moins les guerres d’Irak et de Yougoslavie. Seule une « évolution » des Américains sur le dossier syrien pourrait, à notre avis, dégeler cette banquise diplomatique européenne.

Kerry moins mauvais qu’Hillary ?

C’est donc le moment de s’interroger sur les conséquences envisageable du remplacement de la détestable Hillary par John Kerry à la tête de la diplomatie washingtonienne. Bien sûr, on peut immédiatement penser que Kerry ne pourra pas faire pire que Clinton. Et se rappeler que l’ex-candidat malheureux et démocrate face à George W. Bush Jr en 2004 a sillonné le monde arabe, et a même été reçu à Damas par Bachar al-Assad, avant les événements.

Mais Bachar a eu droit aussi au tapis rouge de Sarkozy. Et Kerry, en dépit de ses postures vaguement inspirées de Jimmy Carter, avait voté l’année précédente au Sénat en faveur de la deuxième agression américaine contre l’Irak.

Et il bénéficie de l’inquiétante estime de son collègue sénateur républicain John McCain, lui aussi candidat malheureux à la présidentielle (face à Obama) mais surtout un des faucons de la politique américaine sur la Syrie. Et puis, comme ses prédécesseurs, Kerry devra tenir compte du puissant lobby sioniste AIPAC.

Voilà pour le mauvais plateau de la balance. Pour le bon, on peut créditer Kerry, qui a vraiment beaucoup voyagé, qui parle le français, d’une ouverture mentale et culturelle supérieure au politicien américain moyen. 

Comme on l’a vu, il a rencontré plusieurs fois le président syrien en 2010, a visité Gaza – en contravention avec la ligne officielle de son pays, qui décrétait le Hamas mouvement terroriste. Il n’a donc sans doute pas les oeillères de Hillary Clinton.

Et l’on peut raisonnablement imaginer que, tout en maintenant officiellement un discours hostile au gouvernement syrien, il pourrait « inverser la vapeur » de son administration, notamment sur le soutien à l’opposition syrienne. C’est possible, est-ce probable ? We will see, we will see...

 

http://www.infosyrie.fr/actualite/moscou-refuse-tout-distinguo-entre-lasl-et-al-nosra/

 

Tag(s) : #Contre l'impérialisme
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