Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

7 juillet 2011

 

Thaïlande : le nouveau premier ministre,

Yingluck Shinawatra,

sous le contrôle de l'armée et des banques

 

 

yhailand.pngAprès que les élites aristocratiques de Thaïlande, alliées à la monarchie, aient organisé une répression sévère de la révolte populaire des Chemises rouges, c'est finalement Yingluck Shinawatra la soeur (et elle même femme d'affaires) du milliardaire chef des Chemises rouges, Thaksin Shinawatra, qui  a remporté le 3 juillet dernier les élections législatives à la tête de son parti Puea Thai, grâce notamment au soutien des régions du Nord et du Nord-Est tandis que la capitale votait pour ses adversaires du Parti démocrate.

 

Ce résultat est en partie le fruit de négociations entre le palais royal, l'armée, et les partisans de l'ex-premier ministre en exil Thaksin Shinawatra dont des représentants se sont rencontrés au Brunei en février dernier puis à trois reprises encore notamment à Dubai, selon des sources proches du palais royal citées par Asia Times. L'idée étant de contenir le sentiment antimonarchiste grandissant qui se développait dans les franges les plus populaires des Chemises rouges et de préparer une réconciliation nationale "en douceur" incluant le retour de Thaksin Shinawatra et d'un certain nombre de ses partisans ostracisés.

 

Les milieux d'affaires sont pourtant restés fortement mobilisés contre le parti Puea Thai, et les banques d'investissement international ont ouvertement conseillé à leurs clients de vendre leurs avoirs thaïlandais dès que les sondages ont commencé à annoncer la possible victoire de Yingluck Shinawatra.

En cause les promesses "populistes" de la dirigeante du Puea Thai.

 

Celle-ci par exemple a promis d'offrir à huit millions d'élèves thaïlandais des iPads gratuits et de garantir un prix d'achat du riz aux paysans plus élevé que celui que leur accordait le gouvernement sortant d'Abhisit (la Thaïlande est le plus grand exportateur de riz au monde).

 

La banque HSBC par exemple s'est ouvertement ingérée dans la politique thaïlandaise en annonçant après le résultat des élections que la politique de Yingluck Shinawatra risquait de relancer les pressions inflationnistes dans le pays.

 

D'une façon significative, même en France, le journal Le Monde, contrôlé par les trois hommes d'affaires Bergé-Niel-Pigasse, et qui a toujours été hostile au "populisme" des Chemises rouges, mettait en exergue sur son site le 5 juillet une dépêche dressant un portrait défavorable de Yingluck Shinawatra accusée de ne pas être susceptible d'incarner correctement la cause des femmes.

 

Les forces armées quant à elles auraient accepté la victoire de la nouvelle premier-ministre en échange d'un engagement de sa part à ne pas interférer dans leur budget, ni la nomination de leurs officiers et de dissuader les nouveaux élus issus des Chemises rouges de tenter de faire condamner les responsables de la répression qu'ils ont subie.

 

La marge de manoeuvre de Yingluck Shinawatra est d'autant plus étroite que l'institution judiciaire, très proche des élites conservatrices, possède en Thaïlande un pouvoir politique très important. Elle a déjà par le passé dissout deux partis qui se réclamait de Thaksin Shinawatra et le Puea Thai n'est pas à l'abri de subir le même sort ou des députés pourraient voir leur élection invalidée par les tribunaux, comme le rappelle Shawn W Crispin dans Asia Times Online.

Ceci explique sans doute que dès son élection Yingluck Shinawatra a annoncé que son parti, bien que détenteur de la majorité absolue, gouvernerait en coalition, et laisse augurer la poursuite d'une ligne assez "consensuelle" par la nouvelle élue.

 
Par Atlasaltern
Tag(s) : #international
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :