Une bande de cornichons
s'en prend aux concombres
(agoravox)
par Bernard Dugué
Une épidémie sest produite dans la région de Hambourg.
Incriminée, une souche bactérienne très agressive de la classe des ECEH, produisant des cytokines et susceptible dendommager les voies digestives et urinaires et de provoquer quelques décès. Pour l'instant, une vingtaine de morts, la plupart très âgés. Et quelques centaines de cas de contamination.
Voilà qui rappelle la grippe H1N1 qui elle aussi, était atypique, détectée dans la ville de Mexico. Si bien que les autorités sanitaires ont parlé de la grippe mexicaine, comme en 1918 on se souvient de la grippe espagnole. LOMS a été vite en besogne et la panique sanitaire a envahi la planète en ce printemps 2009.
Deux ans plus tard, une nouvelle panique se propage. Avec un rôle médiatique important et même déterminant. Sans vérification certaine, les autorités sanitaires allemandes ont laissé filtrer quelques informations sur une éventuelle contamination liée aux concombres d'origine espagnole.
Cette attitude montre le côté irrationnel des diffusions de données que lon peut mettre en doute car on peine à imaginer comment des concombres contaminés peuvent atterrir dans une zone si localisée et ne pas affecter dautres régions.
En Espagne, nul na été touché par cette attaque bactérienne, ni en Italie ou en France. On cite le cas dune Suédoise décédée mais elle avait séjourné en Allemagne.
Cette crise du concombre se situe dans une série de paniques sanitaires irrationnelles quon a connues avec la vache folle, la grippe aviaire et enfin le virus H1N1. Visiblement, la contamination par cette souche ECEH semble dorigine locale et souvent, ce type de bactéries se trouve dans des lots de viande hachée contaminée ou bien des fromages produits à partir de lait cru.
Les recherches sur cette épidémie sont reparties à zéro mais cela na pas empêché la panique sanitaire de se propager à léchelle européenne. Et ce, en toute irrationalité car ces bactéries ne se baladent pas dans la nature comme les virus mais sont liées à un milieu indispensable à leur développement.
La bactérie E coli nest pas un virus grippal.. Mais la panique a fait que les Européens ont cessé dacheter des concombres doù quils viennent, des salades et mêmes dautres légumes.
On peut se demander qui a laissé filtrer ces informations non certifiées et se demander une fois de plus si les médias n'en rajoutent pas, perturbant lentendement en diffusant des images chocs de malades alités sous perfusion.
Combien parmi ceux qui se sont détournés du concombre continuent à allumer clope sur clope au risque de chopper un cancer ?
Ou bien prennent des risques inconsidérés sur la route ?
Les voies du psychisme humain sont bien étranges mais ce phénomène de panique collective est pour ainsi dire un classique, avec des exemples historiques nombreux, depuis la chasse aux sorcières jusqu'à la rumeur dOrléans.
Lenvironnement psycho-médiatique savère pathogène. Quelques infos et images sporadiques sont susceptibles de se propager plus vite que le plus rapide des virus et engendrer des peurs. Dailleurs, les autorités allemandes, très sourcilleuses en précaution, avaient annulé des centaines de vols à l'occasion de cet éternuement dun banal volcan islandais.
Nous sommes dans un environnement gagné par les peurs, les affects anxiogènes, les info paniques, les excès de savoirs scientifiques disséminés dans les esprits sans mode demploi et rationalité. Tout cela favorise le phénomène que lon voit actuellement et qui ne fait pas sourire, au vu des conséquences graves atteignant les producteurs de légumes, plus spécialement en Espagne. L'Europe devient crépusculaire.
Ce qu'il nous faut redouter, ce ne sont pas les concombres espagnols mais cette espèce humaine quon trouve le plus souvent dans les bureaux et qu'on appelle le cornichon de Bruxelles