Les enseignants du primaire en résistance pédagogique, refusent d'accepter les évaluations nationales L.M. Ecole. Pascale La Rosa, enseignante toulonnaise membre du réseau Résistance pédagogique, est convoquée aujourd’hui à 17h00 par sa hiérarchie. Les menaces de sanctions se précisent. Une fois le devoir d’indignation posé, reste la mise en œuvre de moyens d’action légitimes pour qu’il puisse pleinement s’exercer : la résistance par la désobéissance civile est une des formes alternatives que certains enseignants, par force, ont décidé d’adopter. Ils refusent ainsi, et l’affirment publiquement, « de participer à la déconstruction du système éducatif de notre pays par une collaboration active ou un silence complice ». Un choix qui amène un peu partout des réponses disciplinaires démesurées à de simples postures éthiques et citoyennes. Pascale La Rosa, l’une des instit’ toulonnaises membres du Réseau des enseignants du primaire en résistance, est en passe, on dirait bien, d’en faire elle-même les frais. Réponse dans quelques heures. Elle est, en effet, convoquée aujourd’hui même par son inspecteur. Les griefs retenus contre elle : sa participation effective au boycott des évaluations de CM2 initié par le Réseau qui dénonce des pratiques contraires aux intérêts des enfants. En soulignant également le fait que ces dernières « ne remplissent pas les conditions d’anonymat avancées par le ministère, puisque les résultats aux évaluations nationales de CM2 sont annexés au livret scolaire et transmis au collège d’accueil. Elles permettront d’ici peu d’imposer la mise en place du livret de compétences informatisé au niveau national… » Pascale La Rosa, en phase avec les convictions qui sont les siennes concernant notamment le rôle d’un enseignant au sein de l’enseignement public – à cent lieues de la politique du chiffre initiée par ce gouvernement – a donc bel et bien remis les cahiers d'évaluation à ses élèves… mais en travail autonome. Une partie de celui-ci ayant été réalisée en coopération. L’objectif restant, non pas de fournir en haut lieu une photographie forcément erronée – puisque prise en plein milieu d’année – de l’état des connaissances acquises par ses élèves à l’instant « t » mais plutôt, en détournant l’outil discriminant à des fins pédagogiques, de continuer de favoriser les apprentissages par tous. Une autre philosophie. Bien entendu, la démarche est connue de tous : parents d’élèves – qui soutiennent l’enseignante – ainsi que son inspecteur ont été pleinement informés. La descente de l’IEN. « Jeudi 3 février, 10h00. Je descends ma classe en récréation, et au bas des escaliers du bâtiment me trouve nez à nez avec mon IEN, qui me demande par gestes de lui ouvrir la porte d'entrée de l'école, l'entretien va durer 45 minutes », commence Pascale La Rosa. Entretien au cours duquel va lui être rappelé que ses élèves « ont droit de bénéficier de ces évaluations ». « Quel bénéfice, effectivement, de se voir imposer des exercices mal conçus, en temps (trop) limité, face à des notions parfois non encore abordées ? Pour réduire les difficultés, ne faudrait-il pas plutôt diminuer le nombre d’élèves par classe, et réimplanter des RASED complets en quantité suffisante ? », s’interroge à juste titre la « désobéisseuse » incriminée. Un instant, l’IEN songe à faire repasser les évaluations aux élèves en suivant strictement le protocole. Puis renonce, mais l’ultimatum est posé : les livrets corrigés doivent lui être remis lundi (hier). Réponse de l’intéressée : « Je vais réfléchir. » C’est depuis chose faite. « Lorsque le SNUipp m’a proposé de conserver à l’abri les livrets d'évaluation, je n’ai pas hésité une seconde ; j’en ai donc aussitôt informé mon IEN, afin de lui éviter un déplacement inutile. La réponse est arrivée dans l'heure : convocation mardi 8 février "en son bureau". Je m’y rendrai, je ne me déroberai pas… » A suivre. THIERRY TURPIN |