UNE SEMAINE APRES LES « EUROPEENNES »
Les blés sont sous la grêle
par Jean LEVY
Le 25 mai 2014, six Français sur dix refusaient de cautionner un spectacle où, sollicités pour la figuration, ils ne seraient que les « idiots utiles » d’une pièce jouée ailleurs. Et parmi la minorité abusée, le quart d’entre elle provoquait le scandale en sifflant les acteurs…
Tout homme de théâtre, face à un tel fiasco, baisserait le rideau et ferait relâche.
Point du tout en terre de France, nos régisseurs, au contraire, veulent doubler la dose. Spectacle obligatoire à longueur de journée. Et en accéléré…
Les manants ne feront pas la loi. Pas plus qu’en 2005 où déjà le résultat de la votation populaire a été violé. Seul le marché ne peut être faussé.
Donc, rien ne s’est passé l’autre dimanche. Tout continue comme avant. Les petits marquis de l’information nous répètent aujourd’hui que les Français sont politiquement frivoles, qu’ils votent n’importe comment, un jour pour ceux-ci, un jour pour ceux-là. Et donc, pour le pouvoir, leur choix n’a guère d’importance…
Cette désinvolture méprisante recouvre une volonté délibérée d’imposer par tous les moyens une politique qui conduit le pays à une catastrophe de même ampleur que celle qui fut fruit de la trahison nationale en juin-juillet 1940. Certes, sans occupation militaire étrangère. Mais avec le même objectif : briser la nation, prendre en otage son peuple, pour en accaparer les richesses au profit exclusif des multinationales, non seulement donneurs d’ordre, mais directement aux leviers de commande sans intermédiaire d’aucune sorte, maîtres d’un continent financier.
Cette fois, celui-ci aurait pour capitale Wall Street et ses succursales, Francfort et la City. N’est-ce pas l’objectif du futur « Pacte transatlantique » qu’on nous mijote dans les cuisines de la haute finance où les Etats, en matière de droit, cèderaient le pas aux sociétés privées ?
Va-t-on sans réagir attendre poliment le désastre ?
Nous roulons à tombeau ouvert vers le précipice dans un véhicule conduit par des fous. Pas le moindre obstacle en vue qui ralentirait notre course. Seul un rocher noir se distingue et nous nous rapprochons de lui…
Faut-il tendre à le percuter pour modifier notre sinistre route, mais en risquant un choc qui peut être mortel ?
Ou bien rassembler tous les passagers, promis à la mort, pour prendre ensemble la maîtrise du véhicule en éjectant son conducteur ?
Mais, comme dit le poète,
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat