L’Arabie saoudite forme une coalition et bombarde sans relâche le Yémen
La capitale Sanaa est particulièrement la cible des bombardements, de même que plusieurs bases militaires et aéroports, notamment celui d’Aden. Mais dès le premier jour de l’opération, treize victimes civiles ont péri lors des opérations aériennes. Depuis, les « dégâts collatéraux » se multiplient. Aujourd’hui encore (30 mars), au moins quinze personnes ont été tuées et trente autres blessées dans un raid qui a touché un camp de déplacés dans la province de Hajja (nord-ouest).
Les dirigeants saoudiens entendent stopper la progression de la milice rebelle « houthiste », originaire du nord du pays, et qui jouit d’une réelle sympathie notamment parmi les populations du nord, exaspérées par l’immobilisme et la corruption du pouvoir qui était en place à Sanaa. Ladite milice avait pris le contrôle de la capitale en septembre 2014, et était désormais en passe de s’emparer d’Aden, la métropole du sud. Le président en titre, qui s’était réfugié dans cette ville, a pris la fuite et s’est réfugié à Ryad. Installé au pouvoir à la faveur de subtiles négociations qui avaient suivi le « printemps arabe » de ce pays en 2012, Abd Rabo Mansour Hadi n’a jamais joui d’une réelle légitimité.
Outre le « président » Hadi, les houthistes combattent les forces sunnites djihadistes telles qu’Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA), voire désormais la filiale locale du groupe Etat islamique (EI). Mais ils sont discrètement soutenus par Ali Abdallah Saleh, président de 1978 à 2012, malgré leur ancienne opposition.
Les rebelles houthistes, d’obédience chiite, sont accusés par l’Arabie saoudite d’être alliés à l’Iran – d’où la réaction de Ryad, qui se sent défiée à sa frontière sud (où vivent également des populations chiites).
Un sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu dimanche en Egypte a appuyé l’opération saoudienne. Le porte-parole de la coalition a martelé que les « opérations contre les miliciens chiites allaient s’accentuer au cours des prochains jours ». « L’objectif final de l’opération est de réinstaller un gouvernement légitime » a précisé sans rire un porte-parole de la coalition, qui a promis que les bombardements continueraient aussi longtemps que nécessaire, même si cela doit durer « six mois ».
En 2011, l’Arabie saoudite, avec la participation d’autres pays du Golfe, avait déjà envoyé ses forces de sécurité pour écraser dans le sang un mouvement populaire à Bahreïn. Quelques jours avaient suffi pour rétablir le pouvoir sunnite, mis en cause par la majorité de la population, chiite – et déshéritée. Avec le Yemen et sa grande complexité géographique et tribale, le défi pourrait être bien plus difficile.
Une puissance qui bombarde son petit voisin à la faveur d’affrontements internes, moyennant des dizaines de victimes civiles ; et qui proclame qu’elle mobilise 150 000 hommes pour une éventuelle intervention terrestre… On imagine déjà l’indignation de l’Union européenne, les déclarations sans appel de Bruxelles, les diplomates qui préparent de premières vagues de sanctions.
On se calme, on se calme. La douce Arabie saoudite, terre d’élection de la démocratie et des droits de l’Homme, n’est évidemment pas comparable à l’empire menaçant du sanguinaire Poutine.
A cette heure, il n’y a donc pas eu le moindre communiqué public, fût-ce du concierge de la Commission.