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Les Verreries de Masnières réclament de l’argent aux salariés qu’elles ont licenciés cet été
Les Verreries de Masnières réclament de l’argent aux salariés qu’elles ont licenciés cet été

La Voix du Nord,

20 août 2015 :

Ils sont 27 à avoir reçu l’assignation en justice, ce jeudi matin. Les Verreries de Masnières leur demandent de régler 1 000 € par personne et par jour de conflit et de verser solidairement 7 000 €. Ils sont là depuis mardi pour réclamer qu’on leur paie enfin leurs salaires et qu’on leur délivre leurs feuilles de paie et leur attestation de fin de contrat. Le tribunal de grande instance de Cambrai tranchera demain, vendredi, à 14 h 30.

Ils ont dû régler 100,34 euros à l’huissier qui est venu leur apporter l’assignation en justice, eux qui campent à tour de rôle devant les Verreries, depuis mardi, pour obtenir qu’enfin leur soient payés leurs salaires du mois de juin, voire du mois de juillet pour ceux concernés, et que leurs attestations de fin de contrat soient enfin délivrées.

« Une telle manifestation constitue manifestement un trouble illicite qui met en péril la pérennité de la société, y est-il écrit en lettres noires, et qui permet à l’employeur d’obtenir l’expulsion immédiate des occupants. Cette occupation du lieu de travail puisqu’elle porte atteinte à la liberté de travail des salariés constitue un trouble manifestement illicite. » Stoelzle Masnières Parfumerie SAS, le nouveau nom des Verreries, demande que les manifestants soient condamnés à payer 1 000 € par personne et par jour et, solidairement, à 7 000 € de plus.

« On n’a empêché personne de travailler »

Ils sont 27 à avoir reçu la lettre. « Certains sont en vacances, note Alain, le « conseiller juridique » de la CGT, retraité après 40 années de bons et loyaux services dans l’entreprise, un pins Che Guevara sur la veste en jean. D’autres ne sont venus que nous serrer la main et sont repartis tout de suite. »

Les noms des manifestants ont été relevés mardi matin. « Monsieur Wieczorek (le directeur des ressources humaines) donnait les noms des personnes présentes à l’huissier, raconte Dimitri qui était présent « pour aller au CE ». L’huissier m’a demandé mon nom. J’ai seulement répondu « CGT » et monsieur Wieczorek lui a donné mon identité. » Alors, il n’a pas été surpris de recevoir l’assignation. Un salarié sort de l’entreprise, vient leur serrer la main. « Je suis avec vous, je vous soutiens. »

« On n’a empêché personne de venir travailler, recadre Dimitri. Les seuls qui ne passent plus par l’entrée principale, ce sont les patrons. Mais on sait par où ils arrivent le matin. Si on avait voulu les ennuyer, on aurait été là-bas. On n’embête personne. Même pas les camions d’entrée. On a fait un feu mais on l’a allumé à côté du concierge pour qu’ils puissent passer. »

« Pour mettre des assignations, ça va très vite, mais pour règler les soldes de tout compte… »

Une fourgonnette blanche, justement, arrive, contourne le feu, entre dans l’entreprise. « Alors, continue Dimitri, cette assignation ne nous dérange pas, elle nous révolte encore plus. Et si la décision de justice est en notre défaveur, demain, ce sera encore davantage. C’est eux qui sont en tort et nous doivent des documents. Nous, nous sommes des pacifistes. » Guy, mécanicien pendant 33 ans aux Verreries, s’assoit à sa droite. « Pour mettre des assignations, ça va très vite, mais pour règler les soldes de tout compte, c’est autre chose… »

Les anciens des Verreries sont décidés à ne quitter le parking de l’usine que lorsqu’enfin, ils seront entendus par les dirigeants de l’entreprise. C’est de là que, cet après-midi, ils vont essayer de trouver un avocat qui les représentera demain, à 14 h 30, à la barre du tribunal de grande instance de Cambrai.

Tag(s) : #Lutte de classes
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