PARIS
NORMANDIE.fr
Le groupe Sénalia, qui exploite les plus importants terminaux portuaires céréaliers et agro-industriels du port de Rouen, ne peut plus charger, ni décharger navires et péniches sur ses sites rouennais depuis la fin de la semaine dernière. La cause ? Une grève illimitée, reconductible chaque jour, des vingt-cinq dockers du manutentionnaire URA (Union rouennaise d’acconage) en conflit avec leur direction.
« Nous sommes les otages de ce mouvement », assure le directeur général de Sénalia, Gilles Kindelberger qui aimerait pouvoir vider les 400 000 tonnes de céréales stockées actuellement dans ses silos du port de Rouen, pleins comme des oeufs. « Toute la chaîne d’approvisonnement est bloquée, jusqu’à nos coopératives adhérentes qui sont impactées ».
Face à ce mouvement de grève « qui l’a pris par surprise », Sénalia a tenté de travailler avec un autre prestataire samedi dernier, mais le personnel de l’URA n’a visiblement pas apprécié cette manoeuvre, empêchant le chargement de navires à quais. Depuis, Sénalia a lancé un appel d’offres auprès de l’ensemble des sociétés de manutention du port de Rouen pour reprendre le marché, espérant, dès le 1er septembre, pouvoir redémarrer son activité.
Yann Mallet, le secrétaire général CGT des ouvriers dockers du port de Rouen, lui, suit ce conflit de près. Car si l’URA ne compte aucun délégué de son syndicat, il assure être néanmoins au courant des raisons de ce mouvement de grève dont les origines remontent selon lui au mois de juillet : « Le coût de la tonne versé par Sénalia à l’URA ne lui permet pas travailler correctement. Mais plutôt que d’obtenir une hausse de ces conditions tarifaires, l’entreprise a durci les conditions de travail de ses dockers au début de l’été. Les gars ont essayé de faire face, mais physiquement ce n’était pas tenable, et parfois dangereux ».
Et même si Sénalia est actionnaire à hauteur de 34% de l’URA, Gilles Kindelberger refute cet argument tarifaire. « S’il y a un problème de management au sein d’URA, ce n’est pas de notre ressort. Même si nous sommes actionnaire, nous ne dirigeons pas l’entreprise. C’est un problème interne à l’URA ».
Face à la volonté de Sénalia de travailler avec un autre prestataire, Yann Mallet, au nom de la CGT, a déjà lancé un appel à l’ensemble des dockers du port de Rouen, leur demandant d’être solidaires de ce mouvement qui pourrait contraindre Sénalia à rénumérer davantage l’URA. «Si c’est le cas, c’est une étrange manière de pratiquer des négociations commerciales...», constate Gilles Kindelberger
Pour l’heure, et au moins jusqu’au début de semaine prochaine, les céréales de Sénalia devraient rester bloquées dans leurs silos du port de Rouen.
Laurent Derouet