Un scandale à dimension planétaire, rien de moins. C’est ainsi désormais qu’est décrite « l’affaire Volkswagen ». Pour sa part, Le Monde enrage, qui titre son éditorial (23/09/15) : Volkswagen porte un coup à l’Europe. Péché mortel. Angela Merkel en personne, délaissant un instant les réfugiés, n’a pas tardé à prendre part à l’hallali.
On sait que le géant automobile allemand a été accusé, par les experts américains, d’avoir installé un dispositif permettant de tricher lors de tests anti-pollution. Le patron de la firme a reconnu les faits, et a été contraint à la démission.
Oh, on ne pleurera pas sur son sort. On doute en effet qu’il dégringole dans la catégorie des « Harz 4 », la famélique allocation pour travailleurs en fin de droits (qui tire son appellation, d’ailleurs, du nom d’un précédent chef du personnel de VW, qui fut promu par l’ancien chancelier Schröder à la tête d’une commission chargée de réformer le marché du travail).
Pourtant, qui voudrait prendre quelques distances avec l’emballement médiatico-politico-financier, pourrait formuler quelques remarques.
Par exemple constater qu’une fois encore, ce sont les autorités d’outre-Atlantique qui donnent le la, dès lors qu’il s’agit de charger une multinationale qui n’a pas son siège aux Etats-Unis. L’amende phénoménale infligée à la BNP – qu’on ne défendra certes pas ici – avait été décrétée par la justice d’outre-Atlantique. Et pour préserver ses juteux marchés américains, l’établissement financier avait gentiment réglé cette punition extra-territoriale.
Imaginons un instant que la tricherie du groupe allemand ait été mise au jour par quelque tribunal moscovite. Les réactions, notamment parmi les dirigeants occidentaux, eussent-elles été les mêmes ?
On pourrait formuler une autre observation de portée générale. La ruse employée par le groupe d’outre-Rhin semble constituer un crime inexpiable. Pourtant, il y a chaque jour dans le monde des dirigeants de multinationales qui, d’un trait de plume, déplacent des capitaux, ferment une usine ici, délocalisent ailleurs. A la clé, des milliers de salariés sur le carreau, des milliers de familles plongées dans la détresse.
Mais ça, c’est normal – il en va de la sacro-sainte compétitivité.
Tel va le monde en 2015. Une fredaine contre l’environnement ? Vous voilà en enfer. Une restructuration industrielle ? Un acte de gestion inévitable, voire courageux. Il est vrai qu’il ne s’agit pas là de la nature – mais seulement de l’Homme.
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