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Hier, le peuple dans la rue contre la dictature..
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Hier, le peuple dans la rue contre la dictature..

Comment anticiper  les élections de novembre 2015 ?
mardi 27 octobre 2015

 

J’ai décidé aujourd’hui de me mettre au clavier pour participer au débat citoyen sur la tragi-comédie nationale qui se joue au Faso au nom de la démocratie importée. A mon avis, si Dieu n’intervient pas, on est parti pour au moins trois années de galère et d’instabilité socio-politique au Burkina Faso post-insurrection en cas de mauvaise gestion des résultats du scrutin.

C’est le moment ou jamais pour que les vieux politiciens, leaders du MPP, se rendent à l’évidence que le fait d’avoir soutenu l’insurrection ne les disculpe pas des crimes divers qu’ils auraient commis sous le régime du CDP et qu’ils continuent de commettre depuis qu’ils sont au MPP.

 

Comment anticiper et prévenir d’autres violences collectives après les élections de novembre 2015 ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans l’indifférence totale de l’opinion nationale, ils ont dressé les listes de leurs adversaires politiques, fait brûler leurs maisons et saccagés leurs biens, sans qu’aucune justice ne soit rendue à ces victimes burkinabè. Maintenant, ils contraignent les opérateurs économiques et les plus nantis du CDP à soutenir et financer leurs activités électorales, sous menace de représailles et d’emprisonnement en cas de refus. A cause de ces pressions indues et illégales, plusieurs hommes d’affaires burkinabè et étrangers ont fui le pays, plongeant l’économie dans le marasme et la décroissance. Qui a dit que plus rien ne sera comme avant ? Avec le MPP en transition électorale, tout est non seulement comme avant, mais risque d’être pire après la victoire !!!

J’ai entendu, il y a deux jours, un jeune militant zélé du MPP dire ouvertement que son parti veut un retour sur investissement après les élections. Cela laisse supposer qu’ils vont se servir dans les caisses de l’Etat pour rembourser leurs dépenses de conquête du pouvoir alors qu’il y a une loi qui encadre le financement public des partis politiques dans notre pays. Toujours est-il que pour lui et ses camarades, avant même de revenir au pouvoir, la gestion du Burkina est perçue comme un simple business dans lequel les membres du groupe politique vont rentabiliser les investissements électoralistes faits avec des avoirs crapuleux volés antérieurement au peuple. Ils oublient déjà que c’est en ayant appliqué une telle gestion sous le CDP qu’ils nous ont conduits dans l’impasse où nous sommes actuellement. Ils oublient surtout que les yeux des burkinabè sont maintenant très ouverts et que ces derniers n’hésiteront plus à dénoncer leurs abus de pouvoir et des biens publics.

Pour preuve, dans l’opinion publique, la tendance actuelle dans le débat politique pré-électoral est de dire que les RSS ne peuvent pas incarner le changement espéré par la jeunesse insurgée. Avec juste raison, certains internautes disent que si on a recalé des ministres transitaires comme Saignon et Guiguemdé pour des raisons de probité morale, la même règle va s’appliquer dans toute sa rigueur à Salif, Roch et Simon qui ont fait pire sous le régime de Blaise COMPAORE et veulent gouverner pendant les cinq années à venir. On ne peut pas faire du deux poids, deux mesures et les laissant eux revenir encore au pouvoir, tout en disant avec hypocrisie vouloir tourner la page de l’ère Compaoré.

Au nom de la morale sociale, Roch, Salif et Simon ne peuvent pas échapper au jugement de l’histoire pour leur bilan socio-politique et économique antérieur et encore moins prétendre constituer les acteurs d’une alternance et d’un changement démocratique au Faso. S’il y a une justice dans ce pays, on ne peut pas fermer les yeux sur le passé politique des RSS et ne pas leur demander des comptes alors que plusieurs de leurs subalternes croupissent depuis des mois dans des prisons sans jugement tandis que d’autres sont traités comme des parias. Sur la base de quelle justice et de quel droit peut-on traiter des citoyens burkinabè de façon aussi discriminatoire et injuste ? L’injustice d’Etat crée des frustrations sociales qui tôt ou tard provoquent des révolutions ou des insurrections. C’est pourquoi, pour les prochaines élections, le gouvernement et le peuple burkinabè doivent être impartiaux, justes et équitables envers tous les fils et filles du pays, sans favoritisme aucun.

Grâce au report des élections, la troisième mi-temps a commencé et va être très riche en leçons de vie démocratique. Par manque d’intelligence politique, les vieux politiciens, dans leurs querelles d’égos, sont en train de se faire tous harakiri avec l’aide simulée des jeunes. Ils se sont lourdement trompés sur les intentions réelles de la jeunesse insurgée et anti-putsch. Le peuple en a marre de la vieille classe cupide et vorace qui a tout bouffé et veut continuer de jouer les premiers rôles. RSS devaient se retirer avec élégance de la scène politique et aider simplement Adama Kanazoé de l’AJIR à prendre sereinement la relève comme Laurent Bado l’a fait avec Tahirou Barry. Par leur entêtement à se croire indispensables, l’heure du retour de bâton a sonné pour cette vieille classe incapable de lire et comprendre les évènements et les choses.

Par mesure de précaution pour la paix nationale, on ne sait pas s’il faut barrer la route de la victoire aux RSS en empêchant les fraudes électorales qu’ils préparent ou s’il faut les laisser entrer à Kosyam pour connaitre la honte et le déshonneur d’une chute lamentable. Contrairement au départ de Blaise COMPAORE, ce sera la débandade chez eux, car ils n’auront pas de RSP pour couvrir et protéger leur fuite et en plus ils sont nombreux à devoir prendre le large. En attentant, il leur faut faire face à un obstacle inattendu. La base électorale du CDP, offusquée par le traitement réservée à Blaise COMPAORE et à leur parti bien-aimé, les attend de pied ferme pour un vote sanction pour l’avoir trahie elle-aussi. Et pour tout compliquer, malgré leur longue expérience des affaires, les RSS n’ont pas un programme politique particulier et n’osent pas le publier malgré le report des élections !!!!! Leur frilosité à publier leur programme avant la campagne montre qu’ils n’ont pas d’alternative crédible et inimitable à proposer au peuple pour mériter sa confiance à l’issue des élections.

Visiblement, le coup d’Etat manqué du RSP a été une surprise pour le MPP et surtout pour son stratège maison Salif Diallo. Dans l’après-midi du 16 Septembre, il a dégainé son téléphone devant témoins pour apostropher Gilbert Djiendéré en ces termes « j’espère que ce n’est pas un coup d’Etat que vous êtes en train de faire ». Mais, contre toute attente, c’était effectivement un coup d’état malvenu qui porte un grand préjudice au Front Républicain dont les leaders sont jetés en prison et mis hors-jeu. Ce faisant, il n’y a plus de leaders du CDP et de soldats du RSP sur qui jeter l’anathème et orienter le courroux populaire pour la vie chère et les maux dont souffre la société. Puisque les RSS ne peuvent plus s’abriter derrière le CDP et le RSP pour esquiver les critiques et les coups, c’est donc au tour du MPP, refuge préféré des vieux politiciens retraités, de subir les critiques et le lynchage médiatique. Boomerang !!! C’est à se demander s’il faut rire ou pleurer en assistant à la déconfiture programmée des enfants gâtés de le République car, cela n’est pas sans danger pour la nation entière.

Au demeurant, le coup d’Etat constitue du pain béni pour le MPP qui se débarrasse enfin du RSP qu’il craignait. Il va également pouvoir se servir du procès de Gilbert Diendéré et de ses hommes comme diversion populaire pendant la campagne si Sita Sangaré ouvre le bal à temps. A défaut, ils pourront compter sur Ibriga et le juge Pooda pour ouvrir les jugements spectacles des anciens dignitaires emprisonnés pour détournement de deniers publics. Dans tous les cas, la justice populiste sera la dernière carte populiste qui permettra au MPP et à l’UPC de passer allègrement la période de la campagne électorale sans montrer l’alternative réelle qu’ils proposent au peuple après Blaise COMPAORE. Pourtant, c’est un couteau à double tranchant. Si Sita Sangaré n’est pas un juge acquis, il ne pourra pas juger les compagnons de Blaise et le dossier Sankara sans parler des RSS. Salif sait bien quel rôle il a joué au soir du 15 Octobre 1987. En plus, le fait de ne pas répondre aux aspirations pressantes exprimées par le peuple à travers des programmes politiques pertinents nous expose à des manifestations de rue et des revendications incessantes dans l’avenir, susceptibles de conduire à une nième insurrection populaire.

Dans tous les cas, la mascarade juridico-politicienne en cours nous éloigne inexorablement de l’Etat de droit car l’esprit de vengeance politique, qui domine les procédures, prime sur la recherche de la vérité et de la vraie justice pour les victimes des exactions commises. La transmission annoncée du pouvoir risque de se concrétiser au grand dam des démocrates sincères et des martyrs tombés pour défendre la démocratie. Dans un pays désormais dominé par la haine et la division, il ne peut y avoir de droits pour le peuple. C’est plutôt la loi de la jungle et la dictature qui sont en place, matérialisées par l’omerta et la pensée unique. Elles vont se renforcer en cas de victoire du MPP car Salif le mentor est réputé machiavélique avec la rancune tenace et la revanche impitoyable. A coup sûr, il n’hésitera pas à user de sa future position dominante pour régler les comptes à ses semblants d’amis de l’intérieur et à ses ennemis déclarés de l’extérieur du parti. Il est peu sûr que ses victimes se laissent faire indéfiniment, ce qui peut favoriser une instabilité sociale et institutionnelle dans le pays à cause des règlements de comptes personnels.

Quoi qu’il en soit, les RSS jouent à fond leur carte en achetant à tour de bras tous les soutiens supposés à leur dernière mésaventure politique (jeunes, femmes, juges, gendarmes, militaires, OSC, opérateurs économiques, etc), oubliant que la trahison est une nouvelle valeur et un principe politique à la mode au pays des hommes intègres. Je te trahis, tu me trahis, nous nous trahissons, vous êtes trahis. Dieu seul connait le résultat du prochain scrutin. Qu’adviendrait-il alors en cas d’échec du MPP et des RSS au soir du 29 Novembre 2015 ? Ils sont déjà bien renseignés que le slogan actuel dans l’opinion nationale est : Tout sauf le MPP. Mais, ils jouent le tout pour le tout, la fin justifiant les moyens. Ils veulent la victoire coûte que coûte, y compris en fomentant une guerre civile dont Yamba Malick Sawadogo a fait part des préparatifs. A l’allure où vont les choses, il y a des craintes qu’on ne débouche sur une guerre civile en cas d’échec du MPP à cause des moyens financiers immenses investis depuis janvier 2014 pour acheter la victoire pour Roch Marc Christian Kaboré et ses ouailles.

Que fait le gouvernement transitaire en prolongation, pour anticiper et prévenir une telle éventualité ? Il a déjà mis tous les moyens et les institutions publiques (Conseil Constitutionnel, Forces armées, CENI, justice, CNT, etc…) à contribution pour assurer une victoire facile et incontestée au MPP, de préférence au quart de tour. Mais, si malgré toutes ces précautions, les RSS n’ont pas la victoire des urnes ? Et si après les RSS ne partagent pas le gâteau républicain à la satisfaction de leurs alliés de la société civile politisée ? Et si la rue décide de garder le pouvoir pour continuer de dicter ses lois au détriment des élus du MPP jugés eux aussi has been, corrompus et de l’ancien régime ? Une troisième insurrection fomentée par les leaders très exigeants et gourmands des OSC politisées n’est pas à exclure dans le contexte socio-politique actuel. Tout a commencé dans la violence en Octobre 2014 et plusieurs indicateurs laissent présager une confrontation post-électorale en cas de défaite du MPP et d’incompréhension entre les vieux politiciens et les jeunes des OSC.

Alors là, le Chef d’Etat major général des armées va devoir rappeler tous les éléments vivants du RSP, faisant ainsi mentir tous ceux qui disent que le Burkina Faso n’a pas besoin d’une unité d’élite. Le peuple burkinabè otage des vieux politiciens risque de faire encore l’amère expérience d’une nième hibernation forcée et traumatisante en cas de conflits d’intérêt ouverts entre les différents protagonistes des insurrections et des élections. Evidemment, la rue n’a pas dit son dernier mot et attend les élections pour réaliser « l’insurrection électorale » pour le changement (suivant la formule de Mariam Sankara). Déjà, ils sont nombreux les jeunes citoyens burkinabè qui disent ceci : « Si nous n’avons pas reculés devant les canons et les balles assassines du RSP, ce ne sont pas des civils à mains nues qui viendront nous confisquer la victoire finale de l’insurrection que nous comptons parachever par les urnes ». A bon entendeur, salut !!

S’il est vrai que le tableau dressé est sombre, il demeure néanmoins un seul espoir qui constitue à mon sens un résultat positif indirect du coup d’Etat. En effet, il se peut que, tirant leçon des réactions populaires hostiles au coup d’Etat du RSP, les RSS ajoutent maintenant à leur stratégie électorale, la gestion pacifique d’une éventuelle défaite du MPP au premier ou au second tour des élections de novembre 2015. Ce sera tout à leur honneur, car tous les partis politiques, sans exception, peuvent gagner ou perdre des élections, peu importe leurs investissements dans la campagne électorale. Au Burkina Faso post-insurrection, la victoire aux élections dépendra obligatoirement de la volonté et du choix du peuple et non du montant du budget investi par un parti politique en compétition pour corrompre les électeurs et truquer les résultats du scrutin. Pour les multiples autres menaces sans solutions, Dieu pourvoira. Dieu n’a pas dit son dernier mot. Tout comme le retraité Kafando ne savait pas qu’il sera président de la transition, Dieu seul sait qui sera Président du Faso après lui. Nan boadb lagem koabga, ti wend yank nan rita yé.

Boinzemwendé KABORE
Sociologue

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