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Comment le drapeau français a repris des couleurs
Comment le drapeau français a repris des couleurs

Comment le drapeau français a repris des couleurs

LA LETTRE VOLÉE

 

C'est embarrassant, après les attentats de la semaine dernière on découvre que cela pourrait être un objet d'une certaine valeur.

Chérif, 19 ans, étudiant à l’IUT de Saint-Denis :

« Les mecs qui se cachent rue de la République, dit-il, c’est nous qu’ils visaient. Vendredi 13, je me suis senti français pour la première fois de ma vie. Parce que j’ai compris qu’ils auraient pu tirer sur ma mère. »"

Brice Couturier, chroniqueur sur France Culture :

"Je dois vous l’avouer, chers djihadistes, la France ne m’était pas grand-chose. Son exceptionnalité m’énervait. Je rêvais de la noyer dans la normalité européenne. [...] Pour toutes ces raisons, pour Pascal et Paul Valéry, pour Montaigne et Proust, Watteau et Debussy, pour Lamartine en février 1848 et Charles de Gaulle en juin 1940, je me sens soudain fier d’être Français."

 

Mettre à côté ces deux citations peut raconter beaucoup de choses sur la France. En haut de l'échelle des rêves d'Europe, avec une forte volonté de jeter le pays au panier. Tout en bas, dans les banlieues, des jeunes qui ne peuvent pas s'intégrer dans un pays dont les élites elles-mêmes travaillent à le désintégrer.

Au milieu, le travail de sape dont le nom est construction européenne.

Les attentats nous ont pris à ce point là. Au moment où l'essentiel est en jeu, on constate qu'un choix est fait. Pas d'hymne à la joie pour pleurer nos morts, pas d'étoiles jaunes sur fond bleu comme linceul.

Partout la Marseillaise et les trois couleurs, jusque sur les pyramides d'Egypte.

Peut-être fallait-il cela pour nous rappeler à notre grandeur, non pas militaire, mais dans le cœur des hommes - ou d'une grande part d'entre eux.

La valeur de la France est une redécouverte, du haut en bas de notre échelle sociale. C'est probablement un phénomène appelé à durer, sur fond d'impuissance européenne.

On a bien quelques euroilluminés, qui en appellent à plus d'Europe.

Farhad Khosrokhavar, de l'EHESS déploie une dialectique sublime :

1. les attentats étaient le fait d'européens :

"ceux qui ont perpétré les attentats sont des Européens, belges et français. Ils sont originaires des « banlieues » en France et de leur équivalent en Belgique. Ils sont animés d’une haine inextinguible contre cette Europe qui les a vus naître et les a plus ou moins mal éduqués."

2. Les attentats visaient des européens :

"Cette haine se décline sous une nouvelle forme : elle englobe l’Europe entière, ne connaît plus de frontière nationale, prenant pour cible tous les Européens (les musulmans inclus)"

3. ergo, il nous faut plus d'Europe :

"Il serait temps que l’Europe se dote d’un instrument puissant et unifié, le noyau d’un système fédéral de la lutte contre le terrorisme si on veut sauver la vie des futurs citoyens européens."

Qui veut vraiment confier la lutte antiterroriste à la Commission européenne ?

Probablement Sylvie Kauffmann, toujours dans le Monde, qui elle n'est pas Charlie en ce mois de novembre, mais qui titre "#JeSuislEurope (dans la version papier du Monde, en ligne c'est devenu #NousSommeslEurope, probablement pour renforcer l'effet performatif de l'assertion).

On retrouve, dans l'article, les mêmes briques conceptuelles. C'est l'Europe qui était visée ("Car, à travers Paris, c’est aussi l’Europe qui est la cible du terrorisme islamique.") et une conclusion imparable, il nous faut plus d'Europe ("L’Europe est prise dans une désastreuse spirale négative, au moment où, pourtant, les seules solutions possibles à ces immenses défis résident dans l’union, pas dans la division.")

*

On a donc d'un côté une masse importante de la population qui entend maintenant relever la France et s'intéresser à cet objet qui vient tout juste d'être redécouvert, et quelques irréductibles qui prônent de continuer toujours plus à faire semblant de s'intéresser à l'édification européenne.

 

De deux choses l'une : soit les partis modérés tiennent compte de cet état de fait et du vide européen, et engagent le pays dans un réinvestissement positif, soit ils continuent le grand écart et accélèrent encore l'union sans cesse plus étroite. Pour le moment, Hollande temporise et engage d'abord une réponse militaire, plutôt bienvenue. On verra assez vite pour la suite.

 

Tag(s) : #Nation
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