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BURKINA-FASO :     De Compaoré à Diendéré :   une parenthèse néocoloniale et criminelle.    1/2
BURKINA-FASO :     De Compaoré à Diendéré :   une parenthèse néocoloniale et criminelle.    1/2
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BURKINA-FASO :

 

De Compaoré à Diendéré :

une parenthèse néocoloniale et criminelle.

 

1/2

 

Le Burkina-Faso en quelques chiffres : 28 millions d’habitants dont 11 millions en migration interafricaine de travail, 275 000 km² de superficie, 4ième producteur d’or africain après l’Afrique du Sud, le Ghana et le Mali ; sa production aurifère annuelle qui oscille entre 60 à 70 tonnes d’or. Pays pauvre, son IDH est de 0,388 en 2013.

La structure économique ici est dominée par une agriculture traditionnelle (céréales et élevage) de type sahélien. Le pays exporte des volailles, des bovins, du sésame et du coton-bio; mais l’affairisme et la corruption des Compaoré, S. Dialo et L. Sedgo deux ex-ministres de l’agriculture-eau et environnement, ont dévoyé la coton-culture en l’assujettissant aux OGM de Monsanto.

 

L’orientation extravertie et néocoloniale de l’économie fait du Burkina-Faso un pays arriéré malgré sa relative richesse en or. Mais celui-ci est soumis à un scandaleux pillage en règle où les données statistiques officielles de production restent la petite partie visible d’un iceberg aurifère dont la partie immergée forme une immense montagne inversée. Le code minier en vigueur ici relève du pacte colonial, tolérant aux détournements maffieux et à la férocité prédatrice des multinationales qui dominent le secteur ; ceci explique l’ampleur des pillages opérés au profit d’intérêts croisés principalement franco-anglo-canadiens, australiens, sud africains et accessoirement compradores clientélistes burkinabè.

 

La violence de la prédation minière n’est plus à démontrer avec ses éboulements meurtriers, ses inégalités de salaires entre expatriés blancs et main d’œuvre locale, ses pollutions éhontées des terres et des nappes phréatiques par les rejets massifs de quantités de mercure, arsenic et plomb dans la nature ; en plus de ses refus à consacrer au développement local même 1°/° de ses bénéfices colossaux.

 

Criminel, le régime compaoré est resté la projection objective de trois décennies de prédation, de violence, de mort démocratique, de régression sociale et de négation de la souveraineté nationale et populaire. Trois décennies pendant lesquelles, il a tenté d’instrumentaliser la diversité culturelle du pays (60 langues et toute la palette des identités religieuses) en facteur d’opposition ethnico-religieuse ; mais vainement, face à une société civile avisée et plutôt investie dans des luttes démocratiques de masses; ce qui mit le pays à l’abri de clivages ethnicisants. Et bien qu’hétérogène et par moment ébranlée en apparence, elle a toujours été fournie en cadres syndicaux et associatifs issus de milieux estudiantins d’orientation anti-impérialiste et en alliance avec de larges couches populaires. D’où, ici, cette constance: l’expression des luttes sociales sur des bases plutôt de classes et de rejet du néocolonialisme, de la corruption, du déni démocratique, des injustices sociales et de l’impunité au sommet de l’Etat.

 

Cette donne explique clairement l’arrivée au pouvoir de Thomas Sankara en 1983. Son assassinat crapuleux en octobre 1987 par les éléments les plus brutaux de l’armée tenue désormais par Blaise Compaoré, met en veilleuse, sans complètement l’annihiler, le fort courant démocratique et populaire qui a porté la RDP (révolution démocratique et populaire). Assassinat où les responsabilités du lieutenant Gilbert Diendéré sont restées engagées ; et qui servira de tremplin à sa carrière : homme de l’ombre ou à gage, chef d’Etat Major particulier et chef du RSP- (Régiment de sécurité présidentielle - garde prétorienne créée en 1995 au service du satrape ; une véritable armée dans l’armée-).

 

L’arrêt criminel de la RDP, de facto, a fait de B. Compaoré le « nègre-lige du néocolonialisme », à la suite d’Houphouët Boigny de Côte d’Ivoire. Dès lors, la répression, les crimes (dont l’un des plus odieux reste celui du journaliste d’investigation Norbert Zongo en décembre 1998), la corruption, l’élargissement des clivages sociaux et l’impunité deviennent la marque de fabrique du régime compaoré devenu un feu sous la cocotte ; et dont la montée en pression prendra vingt-sept ans pour faire sauter le couvercle, à la suite d’une énième tentative de tripatouillage constitutionnel. Vomi par la jeunesse, la société civile et le peuple soulevé par millions, le pouvoir s’effondre le 30 octobre 2014. B. Compaoré et un carré de fidèles sont exfiltrés en Côte d’Ivoire par les forces françaises de recolonisation basées à Ouagadougou et Abidjan sur ordres de la « deuxième droite dite socialiste » aux affaires en France.

 

On peine à croire la longévité du régime. Resté en bute à des résistances et contestations populaires nombreuses, Compaoré a pu compter sur de multiples soutiens à savoir: les couches droitières de la bourgeoisie bureaucratique et compradore, Houphouët Boigny dont il était devenu l’allié matrimonial par « piège à miel » et héritier politique putatif, sans oublier les Occidentaux. Tous des puissants soutiens qui vont l’aider à régenter le pays par une gestion clientéliste, patrimoniale prébendier, antidémocratique et criminel où toute velléité d’opposition et de contestation déstabilisante du régime exposait à la liquidation physique, l’exil ou la disqualification sociale. Un calvaire national qui explique l’actuelle prépondérance du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès de Roch M. C. Kaboré issu de la bancocratie locale) ou de l’UPC (Union pour le progrès et le changement de Z.Diabré, un ex-cadre d’Areva); deux dissidences venues du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès de B. Compaoré), et dont les ténors ont servi le régime déchu à des titres divers (Roch M. C. Kaboré, Kadré D. Ouedraogo, E.P. Yonli, Tertius Zongo, Luc A. Tiaos comme ex-1ers ministres ou S. Diallo et Z.Diabré comme ex-ministres). Rien que des gens comptables des bilans de Compaoré ; et qui sont bien loin d’incarner la nouveauté ou les ruptures attendues.

 

Face à ces derniers, l’UNIR/PS (L'Union pour la renaissance-Parti sankariste) de Maitre B. Sankara et d’autres forces progressistes se posent en héritiers politiques de Thomas Sankara, mais peinent à incarner l’alternative, faute de moyens et du fait d’une faible implantation sociale liée à un magnétisme idéologique peu offensif? D’où cette incapacité à donner une orientation révolutionnaire aux derniers soulèvements populaires ; ainsi que des hésitations face aux prochaines élections que le conglomérat droitier compradore bureaucratique (MPP et UPC) a toutes les chances de gagner, à la grande satisfaction de la bancocratie mondiale.

 

Disposant de moyens colossaux, celle-ci fera tout pour que le contrôle de l’économie et des consciences n’échappe aux bonnes mains aptes à garantir ses intérêts en assurant la pérennité de tous les moyen et structure d’intégration néo-impérialiste au grand capital ; et qui ici sont : le franc CFA (Colonies françaises d’Afrique), la CDEAO (Communauté de Etats de l’Afrique de l’ouest), les médias-porte-voix du système et de ses maîtres, les structures de connivence réseautique de la mélasse françafricaine, les ONG en mal de développement-décentralisation anti-étatique et toute la panoplie d’asservissement par l’endettement odieux qualifié ici de « coopération » avec un Occident néolibéral, militaro-arrogant, donneur de leçons, saccageur de nations et prédateur-pilleur de biens et ressources des peuples.

 

Un Occident calculateur par reflexe et toujours bien aveugle aux menées criminelles de ses « grands nègres de service ».

 

Telle est la scène politique où jouent nombre de protagonistes africains et burkinabè ici: G. Diendéré devenu général, I. Zida son second, et Michel Kafando l’actuel président de la transition depuis la chute en 2014 de B. Compaoré à qui rien n’était impossible. Par affairisme, il fait du Burkina-Faso une plate-forme de transit pour divers trafics mafieux: armes, drogue, or, diamant, sexe, cacao et café (cultures dont le pays n’est nullement producteur).

 

Ces activités dès 1989 font de lui le parrain et principal boutefeux des horribles guerres civiles en Sierra Léone et au Libéria où sa responsabilité est connue, mais couverte aux Nations-unies par les occidentaux. Et ici comme ailleurs, G.Diendéré joue les interfaces du régime.

 

(Lire la deuxième  partie demain mercredi 6 janvier 2016)

 

PARE Harana

Tag(s) : #Afrique
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