Face au baromètre politique , le Président serait-il dubitatif ? Quant à la presse, de ce matin, elle regarde aileurs...
Au lendemain du show présidentiel...
par Jean LEVY
On ne peut pas dire que les Français attendaient la prestation télévisée du Président avec impatience. Beaucoup d'entre eux l'ont regardée, blasés, sans illusions, simplement pour savoir comment il allait s'en tirer, rejeté qu'il est par l'immense majorité des citoyens.
De ce point de vue, il s'en est sorti au mieux : ses propos, souvent lénifiants, n'ont ni aggravé sa situation dans l'opinion, ni amélioré son image. Le problème, pour lui, était d'apparaître comme un homme toujours "de gauche", sans pour autant inquiéter le patronat.
L'exercice était périlleux.
La prestation extrémiste de la patronne, revendiquant des CDD de moins de 20 heures, permettait à François Hollande de sembler marquer sa différence, en s'affirmant défenseur des CDI...Cette ligne de crête tenue dans les mots par le Président va lui permettre de développer sa campagne présidentielle sur le thème habituel de la social-démocratie : "Avec la droite, ça va être encore pire !...".
Le retrait de la militante syndicaliste de la liste des intervenants lui a permis d'esquiver la défense ouverte de la loi patronale El Khomri, ce qui aurait contredit l'exercice "le PS lave plus rose"...
Mais il a ajouté qu’elle serait maintenue, ce qui ne va pas calmer les ardeurs de la contestation populaire qui doit s’exprimer, une nouvelle fois et avec encore plus de force, le 28 avril prochain.
Malheusement, personne pour pointer l'Union européenne et ses "directives", qui intiment l'ordre à la France d'aller plus vite et plus fort dans les "réformes" du droit du travail, par le saccage des conquêtes sociales - le Code du Travail, en premier.
Maquillé en rose, le Président d'affirmer "comprendre" les jeunes qui s'expriment haut et fort, sur nos places, à la République comme dans les villes de province, contre la "loi travail", alors qu'il lance toute sa police contre ces rassemblements, utilisant la manière forte, les mauvais traitements, les gaz et la matraque, au nom de l'ordre contre les manifestants.
Personne donc, pour l'interroger sur ces provocations généralisées, sur les CRS en civil, lors des manifestations autorisées, placardés d'autocollants anarchistes et, à la fois, de brassards de la police...
Personne pour interroger le Président sur les recours systématiques à la justice de la part du pouvoir et la condamnation des militants syndicaux défendant leur outil de travail, alors que les Cahuzac et les Guerini sont toujours en liberté...
Mais Hollande s'est montré sous son vrai jour en politique internationale. Sans contradicteur sur ce sujet, il s'est vanté d'avoir eu en 2013 , une position en pointe sur la Syrie, y compris par rapport aux Etats-Unis, prêt q'il était alors à lancer la France dans une aventure militaire contre le président Bachar al-Assad, qu'il considère toujours comme l'ennemi N°1 !...Dans la continuité de la politique de Sarkozy portant la guerre en Libye contre le régime du colonel Kadhafi et soutenant par les armes les rebelles ivoiriens contre le gouvernement légal du Président Gbagbo, François Hollande se glorifie du rôle de boutefeu qu'il affectionne.
Mais aucun contradicteur n'était prévu sur cette question par la direction de France2...
Pourtant, ce matin, ce qui frappe, dans les bulletins d'informations, c'est la distance prise par les journalistes, jusqu'ici, déférents, et politiciens de tous bords, vis-à-vis du show présidentiel, hormis quelques députés PS comparses. Et encore... On se croirait assister à l'enterrement prématuré de François Hollande par l'ensemble de la classe politique.
Le PS aurait-il fait son temps ? L'oligarchie tournerait-t-elle la page ?
Ne laissons pas à celle-ci l’initiative et rédiger le cahier des charges du Medef pour l’imposer demain aux Français.
L’heure est plus que jamais aux initiatives populaires de masse.
Souhaitons que le Congrès confédéral de la CGT, qui se tient à Marseille la semaine qui vient, aportera les réponses qui soient à la hauteur de l’enjeu.