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De nouveaux produits, un climat différent au sein de l’entreprise. Photo la marseillaise L'utilisation de l'article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise
De nouveaux produits, un climat différent au sein de l’entreprise. Photo la marseillaise L'utilisation de l'article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise

De nouveaux produits, un climat différent au sein de l’entreprise. Photo la marseillaise L'utilisation de l'article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise

[Scop Ti] Optimistes et prudents, ils avancent...

 

Un salarié qui a participé à la lutte contre Unilever a réintégré la coopérative depuis le 1er août. Il est le treizième travailleur à rejoindre les rangs de l’entreprise et à participer à cette belle mais difficile aventure collective.

 

Dans le strict respect des engagements

Il y a quatre ans, alors que les travailleurs de l’entreprise qui s’appelait encore Fralib avaient entamé un incroyable bras de fer avec la multinationale Unilever, dont les produits agro-alimentaires et autres cosmétiques envahissent toutes nos grandes surfaces. Personne n’aurait misé un euro sur les chances des salariés.
Et pourtant... Durant quatre ans, les Fralib - comme on les appelait alors - ont mené ce qu’ils appelaient la lutte du pot de thé et du pot de fer. Avec les pires coups bas que l’on puisse imaginer de la part de leur employeur. Recours aux milices patronales, travailleurs traînés devant les tribunaux, quand leur direction avait décidé que l’herbe était plus verte ailleurs et que conditionner du thé ou élaborer des tisanes aromatisées au-delà de nos frontières pouvait se faire sans eux.

Au coût le plus bas possible et sans respect des consommateurs, pas plus que les droits des salariés. Juste bons à être renvoyés dans leurs foyers.

Ce schéma-là n’a pas marché.
 

Une recherche de qualité,
un respect des consommateurs et surtout un autre modèle de travail

 

La réussite du projet de celles et de ceux qui animent aujourd’hui la Scop TI n’est pas un long fleuve tranquille. Il a été le fruit de la volonté de ses concepteurs et animateurs d’une longue réflexion. D’un travail de conviction. On pouvait mettre à genoux une multinationale aussi puissante qu’Unilever. Au prix de sacrifices, de nuits blanches, d’angoisses du lendemain, on était capable d’envisager une autre façon de travailler, d’autres rapports hiérarchiques au sein de l’entreprise. Une véritable mise en commun des compétences. Accompagnée d’une valorisation des connaissances de chacun. Il a fallu bien sûr partir à la conquête de nouveaux marchés et, une fois cela mis en route, ne laisser aucun des salariés ayant participé à ce combat sur le bord du chemin.  Dans le strict respect des engagements pris par tous les coopérateurs.
Gérard Lanux

 

« Vous nous avez pris en photo il y a trois ans ? Vous nous voyez aujourd’hui. Regardez bien nos visages et vous vous apercevrez des changements ».

Ce n’est pas de la nostalgie mais de la colère qui perce dans la voie de Thierry Gabrielli, qui a rejoint officiellement, depuis le 1er août, ses camarades de la SCOP TI, après une période d’arrêt maladie et fait désormais à nouveau pleinement partie de l’équipe depuis le 1er août.

 

Du conflit qu’il a vécu aux côtés d’Omar, Olivier, Rim, Jean, Marc, Gérard, Muriel et tous les autres,. Thierry n’a rien oublié. Il n’a pas oublié non plus l’incroyable violence des patrons de Fralib contre des salariés dont certains s’étaient investis dans l’unité du Havre, avec la promesse d’un avenir meilleur sur les rives de la Méditerranée, abandonnant pour certains des projets, et espérant en bâtir d’autres. Avec l’assurance de pouvoir enfin poser leurs valises. Souffler un peu.

 

Contrat moral

Thierry, mécanicien de 57 ans, n’a pas fait le même chemin mais a vécu les mêmes périodes sombres. « Les coups durs et nos efforts pour savoir les surmonter avec dignité. Calmer les ardeurs des plus jeunes, sourit-il aujourd’hui. Mais d’un ton plus grave se souvenant « que tous ont passé ces trois années sur le fil du rasoir. Moralement et physiquement, cela a fait des dégats. Pas simple non plus de passer du statut de salarié à celui du coopérateur. Certains, durant le conflit, ont préféré suivre leur propre voie. Ce que personne n’a jamais pensé à leur reprocher aujourd’hui. « Les plus anciens sont partis à la retraite, mais la promesse de réembaucher tous ceux qui le souhaitaient à été tenue ».

Ce que Gérard Cazorla, l’un des animateurs CGT de la lutte contre Unilever, appelle « un contrat moral ».

Des termes qui ont peu cours dans le monde de l’entreprise traditionnelle. Car dans cette société de Gémenos, il a tout fallu tout remettre à plat, après s’être débarrassé de l’étreinte d’un patron cynique et arrogant dont la sinistre effigie a longtemps figuré sur les murs comme un rappel de ce que peut être la violence des serviteurs du capitalisme.

Douze salariés en fin de droits, «  ayant tous dépassé la cinquantaine, ont retrouvé leurs camarades au sein de cette coopérative. Cela n’a pas été facile, reconnaît Gérard Cazorla, car l’activité reprenait à peine, il fallait tout reconstruire sur des bases nouvelles mais sur des fondations fragiles. Nous ne savions pas encore quels seraient nos débouchés pour distribuer des produits que nous voulions de très grande qualité ».

En finir avec ces arômes chimiques imposés pendant la période Fralib.

Retrouver un savoir-faire qui correspond aux exigences de certains consommateurs d’aujourd’hui. Thierry Gabrielli estime pour sa part que « c’est dur de changer les habitudes et de consentir à dépenser quelques centimes supplémentaires alors que les fins de mois sont de plus en plus difficiles ».

Mais il y a encore autre chose, poursuit Gérard Cazorla. « Nous avons réussi quelques percées importantes dans la grande distribution, Ce n’est pas si facile que ça de rentrer et de s’imposer dans les magasins. Nous sommes confiants, nous avons beaucoup investi et sommes optimistes quant à nos capacités et notre engagement.

Mais nous sommes prudents en même temps, car nous connaissons la puissance de ceux qui s’opposent au type de projet que nous portons. Il faut nous laisser le temps de le mener à son terme ».

Après tout, il n’y a qu’un an que les salariés ont pris le contrôle de leur entreprise. Ce n’est pas un mince chantier mais Gérard Cazorla est convaincu, comme au premier jour de la lutte contre Unilever qu’ensemble, « ils sauraient le mener à bien»;

 

Gérard Lanux

 

Tag(s) : #Economie
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