L’avenir de l’usine d’Alstom à Belfort est d’autant plus sensible que son histoire est ancienne sur ce territoire et sa place fut considérable dans le rayonnement de la ville. La première usine de locomotive a vu le jour à la fin des années 1870.
La guerre de 1870 vient d’éclater et l’Alsace-Lorraine est annexée par l’Empire allemand. Installée à Mulhouse depuis 1839, la Société alsacienne de constructions mécaniques, SACM, veut pouvoir continuer de livrer ses commandes à ses clients français sans s’acquitter de droits de douanes.
Spécialisée dans la fabrication de balances et métiers à tisser, elle s’implante en 1879, à Belfort, territoire resté français. Et se lance bientôt dans la fabrication de locomotive à vapeur. La première sort de l’usine en 1881. En 1914, la SACM emploie plus de 5 000 salariés.
1928 voit la naissance d’Alsthom (avec un « h » à l’époque), fruit du rapprochement entre la Société alsacienne de constructions mécaniques (« Als ») et de la compagnie française Thomson-Houston (le « thom » d’Alsthom). L’usine fabrique des locomotives et des moteurs, puis des motrices de TGV et des turbines pour centrales nucléaires, ainsi que des turbines à gaz.
Belfort se hisse au rang de « capitale européenne » de la locomotive électrique, rappelle le quotidien L’Est républicain. Deux modèles issus des usines de Belfort battent même le record du monde de vitesse : l’une, la CC7121 en 1954, une locomotive atteint la vitesse de 242 km/h. Puis, en 1955, la CC 7 107 atteint 331 km/h avec trois voitures accrochées.
1989 : L’usine de Belfort « compte 8000 salariés dont 1 200 pour la production de train. Le TGV, c’était le fleuron » dit Jean Becker, un ancien journaliste de L’Alsace cité par le quotidien La Croix. Les premières motrices TGV sont sorties de l’usine en 1972. Ce sont ces motrices TGV, précise L’Est républicain, qui placeront Belfort sur la « carte mondiale des transports ». Les records de vitesse des motrices « made in Belfort » vont se succéder. Jusqu’à 574,8 km/h le 3 avril 2007.
1998 : Le « h » d’Alsthom est supprimé et Alstom est introduit en bourse.En 2004, après l’accident industriel lié aux turbines d’ABB, et face à un retournement de conjoncture dans l’énergie et les transports, l’État français vole au secours du groupe Alstom, au bord de la faillite. Succès. Mais les effectifs du groupe passent de 110 000 à 65 000 personnes.
En mai 2015, le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, en visite à Belfort, assure aux salariés : « Votre activité a une importance stratégique pour la France et sera donc défendue »…Fin 2015 : Alstom cède sa division énergie à General electric. Fragile, le groupe, désormais uniquement dédié à l’activité transports, ne bénéficie plus de la solidité du grand groupe auquel il était auparavant adossé.
7 septembre 2016 : La direction d’Alstom annonce son intention d’arrêter d’ici deux ans la production de trains à Belfort et de transférer de 400 des 480 emplois du site. En panne de commande, l’usine n’a plus que quelques locomotives à fabriquer pour l’Azerbaïdjan et la Suisse. Elle a raté l’appel d’offres de 44 locomotives pour Akiem, filiale de la SNCF et la Deutsche Bank.