Le carnet d'un ex-dignitaire du régime libyen de Mouammar Kadhafi, mentionnant une série de versements au profit de Nicolas Sarkozy au moment de l'élection présidentielle de 2007, a été transmis aux enquêteurs, a déclaré mardi une source proche de l'enquête, confirmant une information de Mediapart.
Choukri Ghanem, ex-ministre du Pétrole du dictateur déchu, détaille dans ce carnet le 29 avril 2007 trois versements destinés à celui qui était alors candidat à la présidentielle française pour au moins 6,5 millions d'euros, a précisé cette source.
Ce carnet a été transmis au juge d'instruction Serge Tournaire et aux policiers de l'Office central de lutte contre la corruption (OCLCIFF) par la justice norvégienne dans le cadre d'une demande d'entraide internationale, selon la source.
Choukri Ghanem avait été chef du gouvernement de Kadhafi de 2003 à 2006 et ministre du Pétrole, ainsi que président de la Compagnie nationale de pétrole (NOC) de 2006 à 2011. Ce haut responsable libyen, qui avait rompu avec Kadhafi en mai 2011, avait été retrouvé mort en avril 2012 dans le Danube à Vienne, où il s'était exilé après la chute du régime.
Selon Mediapart, le carnet a été « découvert chez le gendre de Ghanem lors d'une perquisition aux Pays-Bas, menée en marge d'investigations liées à un vaste scandale de corruption impliquant le géant de la chimie norvégien Yara ».
Cette dernière enquête avait donné lieu à un procès en juillet 2015, au cours duquel Choukri Ghanem avait été présenté « comme l'un des acteurs de premier plan du système de pots-de-vin mis au jour », selon le site d'information.
Depuis 2013, la justice française enquête elle sur des accusations de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy formulées par l'intermédiaire Ziad Takieddine et d'ex-dignitaires libyens, tandis que d'autres ont démenti.
Dans cette enquête, l'ex-secrétaire général de l'Élysée Claude Guéant a été mis en examen pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée, en raison d'un virement suspect de 500 000 euros qu'il a justifié par la vente de deux tableaux flamands à un avocat malaisien, sans convaincre les juges.
Les enquêteurs souhaiteraient notamment entendre Béchir Saleh, considéré comme l'argentier du régime de Kadhafi, aujourd'hui en exil.