André Chassaigne. Profession : identitaire
Qu’on se rassure, à l’occasion de la mort de Fidel, Chasaigne n’a pas dit trop de mal de Cuba socialiste. En écoutant ses déclarations, nous avons pensé à certains de nos excellents camarades qui militent au PCF, qui se réclament de l’identité communiste et qui ont récemment cru pouvoir miser sur le soldat Chassaigne : ils ont dû croiser les doigts, serrer les dents puis pousser un ouf de soulagement. Chassaigne a plaidé. Il a même plaidé pour, en faisant comprendre que Fidel avait quelques circonstances atténuantes. Cuba est pour Chassaigne un régime « autoritaire mais… ». « Autoritaire mais… » : c’est comme cela qu’il décrit un peuple qui, avec quelques morceaux de sucre dans l’estomac au plus fort de la « période spéciale » (laquelle suivit l’effondrement de la Russie gorbatchévienne et le lâchage de la Russie eltsinienne) criait à ses bourreaux affameurs : « Le socialisme ou la mort ! ».
En revanche, Chassaigne qui a voté avec tout son groupe parlementaire cet état d’urgence, loi scélérate qui nous a valu un policier par mètre lors des manifestations de la CGT et presque aucun pour veiller à la sécurité lors d'un fatal rassemblement populaire un 14-Juillet à Nice, Chassaigne qui vole aujourd’hui au secours du PS à qui l’on doit le bilan de mille syndicalistes poursuivis, n’aurait rien, lui, d’autoritaire, ne serait-ce que « par omission » et par manque de courage de s’opposer à temps aux lois liberticides ?
Oh, il ne leur veut pas tant de mal aux syndicalistes. Il confiait seulement à la radio, à propos des cheminots, en juin 2014, sur un ton rassurant : "Je pense qu'ils n'attendent qu'une chose les cheminots, c'est de pouvoir lever la main en disant on reprend le travail." Fier, en somme, d’être une non-courroie de non-transmission, un couteau sans lame auquel il manque le manche. Avec des camarades comme cela, a-t-on vraimentbesoin d’ennemis ? Sauf que d’aucuns, et des plus sincères, continuent, comme le souriceau de la fable, de le voir « velouté comme nous / marqueté, longue queue, une humble contenance ». Il faut croire que l’identité doit s’être logée dans les moustaches, prolétariennes sans doute.
Sauf que le bon Chassaigne a depuis sorti les griffes. Et depuis ce 29 novembre 2016, il défend le Parti, ou ce qu’il en reste, contre ses militants s’il le faut. Il défend, Chassaigne, avec le jésuitisme de l’avocat qui plaide toutes les causes, ce qu’on lui dit de défendre. C’est cela, paraît-il, l’« identité ». Quelle ironie grinçante : le communisme réduit, très capitalistiquement, à la défense du patrimoine, de la marque, de l’image marketing, pour mieux le négocier à l’encan, au marché du PS. Faut-il que les militants communistes soient tombés si bas ?
Il faut croire que non, car un sursaut de bon sens s’est emparé des militants encartés PCF. Lesquels ont émis un vote d’adhésion à « la France insoumise » pour des raisons disparates, certains dirigeants pour sauver leur peau électorale ; les autres, la majorité, pour ne pas insulter l’avenir, sans doute, et parce qu’ils ont bien senti que l’adversaire principal du jour n’est pas Mélenchon, mais Fillon-Thatcher, Valls-MEDEF et la famille Le Pen...
POUR LIRE LA SUITE
CLIQUEZ CI-DESSOUS