Après le long conflit du printemps dernier sur la refonte des règles sociales dans le secteur ferroviaire, la CGT est de nouveau prête à en découdre à la SNCF. Sur son site Internet, le premier syndicat du groupe public annonce qu'il appellera « les cheminots à agir massivement par la grève le 2 février 2017 [...] si la direction s'obstinait à ne pas répondre aux légitimes revendications ».
Celles-ci ont été exposées ces derniers jours dans le cadre de deux demandes de concertation immédiates (DCI, les rencontres avec la direction des ressources humaines, obligatoires avant un préavis de grève). SUD-rail, troisième organisation de la SNCF, s'est joint à ces DCI et fera très probablement grève aussi le 2 février.
Les deux syndicats dénoncent la politique salariale du groupe public ( « deux années consécutives de gel salarial et la troisième déjà annoncée »), la diminution des effectifs (25.000 emplois de cheminots ont été supprimés ces dix dernières années, selon eux), l'externalisation de certaines tâches et le passage en force de la direction sur l'adoption du forfait jours pour les cadres : faute d'arriver à un accord, l'entreprise publique a opté fin décembre pour l'application unilatérale de ses propositions. « Le climat social au sein de la SNCF devient intenable », assure la CGT dans son tract.
Le syndicat n'a toutefois pas réussi à convaincre les deux syndicats réformistes, l'Unsa et la CFDT, de se joindre à son action. « Les revendications du mouvement semblent dépasser le périmètre de la SNCF », justifie Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa-ferroviaire, deuxième syndicat du groupe.
Défense du service public
La CGT a en effet lancé pour le même jour une action interprofessionnelle pour la défense du service public. La grève annoncée par la CGT-cheminots s'inscrit donc dans ce cadre plus large, même si son tract met surtout en avant les revendications propres à la SNCF, plus mobilisatrices, et ni l'Unsa ni la CFDT ne veulent s'y joindre.
Au demeurant, les deux syndicats ont un autre grief : fin 2016, ils ont signé avec la direction un accord sur l'amélioration du dialogue social, mais celui-ci ne s'appliquera pas, car la CGT et Sud, qui restent majoritaires à eux deux, ont fait valoir leur droit d'opposition. Furieux, les syndicats réformistes ont refusé de se rendre à la réunion de rentrée de l'intersyndicale, qui était prévue le 3 janvier. Une division qui écarte à ce stade la menace d'une grève unitaire.