En vue des présidentielles,
les chiens de garde du capital aboient le même mot d'ordre :
"Votez utile !" "Votez Macron !"
Et cette fois, cette stratégie n'attend pas le second tour. Dès le 23 avril, les électeurs sont fermement priés de s'aligner derrière Emmanuel Macron, seul capable, nous répète-t-on sur tous les tons, de faire échec à Marine Le Pen. Le Président de la République, lui-même, donne de la voix dans ce sens. "La Patrie - non bien sûr, l'Europe - serait en danger de mort !"
La mobilisation est générale, radios, telés, journaux, les politiciens du PS, rabâchent le mot d'ordre : "Votez Macron !" dès le premier tour.
Pourtant, jusqu'à ces jours derniers, les mêmes regrettaient l'absence de programme du leader du mouvement "En Marche". Ce qui était faux : non seulement l'ancien associé -gérant de la banque Rothschild a fait ses preuves durant deux années au ministère de l'Economie - c'est lui qui a mis au point toutes les lois massacrant le Code du Travail, c'est lui qui a voulu imposer l'"ubérisation" de l'économie, c'est lui, par ses fameux cars, la mise en concurrence de la SNCF - mais c'est encore lui qui , aujourd'hui, voudrait généraliser le saccage des dernières lois qui protègent encore les couches salariés et populaires de notre pays.
Donc, c'est pour cet homme-là, qu'il faudrait voter ?
Il représente, nous dit-on, le seul obstacle au Front National...
Les panzers frontistes seraient-ils en vue des Champs-Elysées ?
Pourtant, tous les sondages donnent, au second tour, Marine Le Pen battue à plus de 60%...
De deux choses l'une : ou ces chiffres sont faux et volontairement trafiqués, ou la menace annoncée n'est pas réelle.
Alors, pourquoi cette campagne alarmiste de la part des tenants du Capital ?
L'objectif de l'oligarchie financière est de mettre en place en France une 'grande coalition à l'allemande', une union des sociaux-démocrates et des conservateurs, une UMPS officielle aux manettes de la France, car chacun des deux partis n'est plus en mesure de gouverner seul. PS et "Républicains" paient cher, l'un comme l'autre, des décennies d'alternance et leur même politique antipopulaire. Les deux formations rejetées par les Français risquent fort d'être absentes du second tour. Comment, dans ces conditions, poursuivre et aggraver la politique conforme aux objectifs que s'est donnée l'Union européenne : une fédéralisation plus contraignante encore pour traduire plus avant dans la législation française la libre circulation des capitaux, des hommes et des marchandises et la concurrence libre et non faussée ?
Cette alliance de gouvernement "droite-gauche" recherchée, ils pensent en avoir fabriquer une mouture, camouflée à travers la candidature Macron, "ni gauche, ni droite", placée là par la banque Rothschild . L'oligarchie n'est pas sectaire : elle se sert d'auxiliaires pris dans tout le spectre politique, du moment où ceux-ci servent leurs intérêts.
Faut-il encore pour que ce plan réussisse faire en sorte que Macron affronte Marine Le Pen au second tour. Cela suppose d'abord de mettre en orbite un candidat "socialiste", 'frondeur' de préférence, afin de donner le change et réduire ainsi l'audience de Jean-Luc Mélenchon. Cette stratégie permet d' éliminer dès le premier tour tout candidat se réclamant d'une gauche contestataire. Ainsi, le chemin d'Emmanuel Macron parait déblayé. Certes, le risque est nul de craindre les effets des propositions de Benoît Hamon, celui-ci se rangeant délibérément dans le camp des européistes convaincus et des ennemis de Vladimir Poutine...
Pour parfaire le coup, des 'poids lourds' du PS, appellent dès à présent à voter Macron. Peut importe que ces prises de position réduisent le champ du candidat choisi par les électeurs socialistes. L'objectif, pour eux, c'est Macron.
Et de d'ordonner au peuple la consigne : pour éviter Marine Le Pen, un seul bulletin de vote, celui du candidat de la banque Rothschild !
Mais le peuple, notre peuple, va-t-il mordre à l'hameçon ?
Va-il renier son combat social mené tout ce printemps contre le dépeçage du Code du travail, contre la loi Khomery, mise au point par Emmanuel Macron et le gouvernement PS, au nom du danger frontiste ?
En quoi le programme de Marine Le Pen est plus dangereux que celui de l'oligarchie ?
"Le Medef veut des changements rapides et profonds dès 2017", titrait Le Figaro du 24 février.
Et Emmanuel Macron est l'homme du Medef...
Marine Le Pen défend, elle, une politique contraire. On peut être logiquement sceptique sur la fibre sociale du Front national et juger ses propositions démagogiques.
Faut-il pour autant, comme la grenouille de la fable, sauter dans la mare pour éviter d'être mouillée par la pluie ?