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En ce 6 juin  2019,

l'ensemble des médias font de l'anniversaire du débarquement allié en Normandie, le sujet principal de l'information.

Mais dans leur retour historique sur l'événement, pour être complet, faudrait-il rappeler les forces en présences, les pertes militaires subies, mais aussi celles des populations civiles normandes. 

Si on en croit  Le Parisien logo

Le prix de la victoire

Le 6 juin 1944, ce sont 156 000 soldats alliés qui foulent le sol normand. Plus largement, les historiens estiment qu’en tout, ce sont 287 000 personnes qui étaient embarquées à bord des navires le Jour-J. Leur font alors face 105 000 Allemands, retranchés derrière les blockhaus qui constituent le mur de l’Atlantique. Au 6 juin à minuit, on compte 10 500 morts côté Alliés et 10 000 chez les Allemands.

La bataille de Normandie a au total engagé plus de 2 millions de soldats alliés, aura causé la mort de 140 000 personnes.

Un bilan qui englobe les pertes militaires dans les deux camps mais aussi chez les civils :

37 000 tués et 163 000 blessés chez les Alliés,

80 000 tués et 170 000 blessés chez les Allemands

et, donc, près de 20 000 victimes pour les populations civiles.

Rappelons que sur le front de l'Est, avec l'Opération Bagration, offensive menée par l'Armée rouge sur un front de 1000 kms, le bilan s'établit ainsi :

Entre le lancement des opérations et le 4 juillet, les pertes allemandes s'élèvent à 300 000 tués ou prisonniers, soit l'effectif de 25 divisions; à ces pertes, s'ajoute, jusqu'à la fin du mois de juillet, la perte supplémentaire de 100 000 hommes.

Quant à Armée rouge, sur un effectif total engagé de 2.331.700 hommes, les Soviétiques perdent  178 507 tués et 587.308 blessés

En cette année 2019,

75ème anniversaire du débarquement allié en Normandie,

Faut-il rappeler que ceui-ci n'a pu avoir lieu que du fait de la concentration du gros des forces allemandes sur le front de l'Est - et donc absentes en France.  -

Pourtant, le président de la Russie n'est pas invité aux cérémonies, alors que les luttes de l'Armée rouge et les peuples soviétiques ont été déterminantes dans la victoire.

Rappelons les faits.

A l'Est, l'Armée rouge  lance, en juin, l'Opération Bagration sur un front de 1000 kms. Fin juillet, les Soviétiques auront fait un bond en avant de 600 kms !

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Carte de l’opération Bagration

Les armées allemandes  disposaient de 1 200 000 hommes, 10 000 canons, 900 chars de bataille et canons automoteurs, ainsi que de plus de 1 300 avions.

Peut-on croire que si cette armada avait été présente en Normandie, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis auraient tenté - et même songé - au débarquement ? 

Faut-il rappeler que la division SS Das Reich, ou ce qu'il en restait après avoir perdu la moitié de ses effectifs détruits par les chars russes à Koursk, rapatriée d'urgence en Normandie - et, sur leur route, massacré le village limousin d'Oradour - a pu retarder les forces américaines avant la percée de Falaise.

Ainsi si Poutine n'est pas le bienvenu, par contre madame Merkel, la chancellière du nouveau Reich sera présente...Fleurira-t-elle les nombreux bunkers d'où les canons firent des ravages parmi les forces alliés débarquant sur nos plages ?

 

Tandis qu'à l'Ouest,  pendant la même période, en Normandie, les Alliés libéraient les départements du Calvados, de la Manche et d'une partie de l'Orne

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Pourquoi Charles de Gaulle refusa-t-il toujours de commémorer le débarquement du 6 juin ?

En réalité, nous savons très exactement les raisons pour lesquelles Charles de Gaulle refusait systématiquement de commémorer le débarquement de Normandie le 6 juin. Il s’en est longuement expliqué devant Alain Peyrefitte, en 1963 et en 1964, alors que celui-ci était son ministre de l’Information et qu’il le voyait en tête-à-tête plusieurs fois par semaine.

Il suffit donc de relire les passages pertinents de l’ouvrage de Peyrefitte C’était de Gaulle, tome 2, paru en 1997.

EXTRAIT DE L’OUVRAGE « C’ÉTAIT DE GAULLE » D’ALAIN PEYREFITTE 

———– – Tome 2, Édition de Fallois Fayard 1997 – pages 84 à 87 ————-

  • 30 octobre 1963

En nommant Jean Sainteny ministre des Anciens combattants en décembre 1962, le Général lui avait demandé de consacrer son énergie à l’année 1964. Elle était propice à raviver le souvenir de deux des années glorieuses : cinquantenaire de 1914 et vingtième anniversaire de 1944.

À la fin du Conseil du 30 octobre 1963, après que Jean Sainteny a évoqué les cérémonies prévues pour la commémoration de la libération, Pompidou me prend à part : « Tâchez de faire revenir le Général sur son refus d’aller sur les plages de Normandie… » Je suis stupéfait et de l’information et de la demande. « Enfin, reprend Pompidou, prenez des précautions… Je m’y suis cassé les dents. »

Sainteny m’apprend ensuite qu’il se les était déjà lui-même cassées. Naturellement, je vais me les casser aussi.

« La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m'a convoqué comme un châtelain sonne son maître d'hôtel. » Salon doré

« La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. » 

Alain Peyrefitte (l’air candide) : « Croyez-vous, mon Général, que les Français comprendront que vous ne soyez pas présents aux cérémonies de Normandie ?

Charles-de-Gaulle (sévèrement) : – C’est Pompidou qui vous a demandé de revenir à la charge ? (Je ne cille pas). Eh bien, non ! Ma décision est prise ! La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement.

Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne (il appuie).

Il m’a crié de toute la force de ses poumons : « De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ! » (Il me l’a déjà dit. Ce souvenir est indélébile.)

Winston Churchill choisir entre francaise et americain de gaulle

 « De Gaulle, dites-vous bien que quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! » 
(Winston Churchill)

« Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! »

Charles-de-Gaulle : « Le débarquement du 6 juin, ç’a été l’affaire des Anglo-Saxons, d’où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s’installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s’apprêtaient à le faire en Allemagne !

Ils avaient préparé leur AMGOT qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l’avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.

NOTE : AMGOT = « Allied  military government for occupied territories », gouvernement militaire allié pour les territoires occupés

billets americains france

billets americains france 2

Comme le révèlent leurs coloris et leur graphisme – très voisins de ceux du dollar – ces billets libellés en francs furent imprimés aux États-Unis, de février à mai 1944, par le Bureau of Engraving and Printing, qui est normalement chargé d’imprimer les dollars américains et les autres documents officiels du gouvernement fédéral. Étant fabriqués aux États-Unis, c’est le papier, l’encre, la matière, la présentation et le format des dollars américains qui servirent de référence.

 Dès les premiers jours suivant le débarquement du 6 juin 1944, les armées américaines commencèrent à distribuer ces billets de banque pour remplacer les billets français émis durant l’Occupation.

Dès le 14 juin 1944, le Commissaire de la République François Coulet, présent en Normandie, fut confronté à cette circulation de monnaie, qui était d’ailleurs mal accueillie par la population. Il recommanda aux banques de les encaisser et de ne pas les remettre en circulation.   

Dès le 27 juin 1944, le général de Gaulle – arrivé entretemps sur le sol français – tapa du poing sur la table en dénonçant cette « fausse monnaie », et en en interdisant la circulation, dès son installation au pouvoir au sein du Gouvernement provisoire de la République française. Cette interdiction alla de pair avec l’effondrement du projet de commandement militaire imposé à la France (AMGOT).

Charles-de-Gaulle : « C’est exactement ce qui se serait passé si je n’avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous-préfets, mes comités de libération !

Et vous voudriez que j’aille commémorer leur débarquement, alors qu’il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n’est pas là !

« Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu’aux Américains. Ça reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n’a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder !

  • « M’associer à la commémoration d’un jour où on demandait aux Français de s’abandonner à d’autres qu’à eux-mêmes, non ! »

Charles-de-Gaulle : « En revanche, ma place sera au mont Faron le 15 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en Provence, que notre première armée y a été associée dès la première minute, que sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer tout le midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance.

Et il est intéressant de se rappeler la réponse du général de Gaulle, alors Président de la République,  à ses collaborateurs qui le pressaient d'acceper d'être présent aux cérémonies du XXème anniversaiure du débarquement, le 6 juin 1964 :

charles de gaulle refusait de commémorer le débarquement des anglo-saxons

 

Les Crises - Des images pour comprendre

Petits rappels…

Les 80 millions de morts de la seconde guerre mondiale :

 morts de la seconde guerre mondiale décès pertes deuxième

Soulignons que les 25 millions de soviétiques morts se répartissent principalement par nationalité en :

  • Russie : 14 millions (13 % de la population de 1940) – 7 M de soldats, 7 M de civils ;
  • Ukraine : 7 millions (16 %) – 1,7 M de soldats, 5,3 M de civils (NB. Il s’agit surtout des civils Ukrainiens du Centre et de l’Est, hors Galicie – sauf pour les Juifs) ;
  • Biélorussie : 2,3 millions (25 %) – 0,6 M de soldats, 1,7 M de civils.

Les pertes militaires en Europe durant la deuxième guerre mondiale :

 morts de la seconde guerre mondiale décès pertes deuxième

Et en Asie :

 morts de la seconde guerre mondiale décès pertes deuxième

Et le total des morts militaires par pays :

Ainsi – et en lien avec les soucis actuels… :

 morts de la seconde guerre mondiale décès pertes deuxième

 

Tag(s) : #Histoire
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