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L’offensive sur quatre fronts de M. Macron
Le 12 septembre, à Marseille sur la Cannebière comme partout en France

Le 12 septembre, à Marseille sur la Cannebière comme partout en France

Le chef de l’État et ses troupes ministérielles ont, en l’espace de quelques semaines, ouvert quatre fronts en tentant, à chaque fois, d’enterrer des conquêtes sociales du siècle dernier.

C’est le cas de la réforme du droit du travail par ordonnances, première grande mesure du quinquennat Macron, en « libéralisant » le marché du travail pour toujours davantage mettre en concurrence les salariés les uns avec les autres. La bataille contre les fonctionnaires, leur rémunération et leur statut, menée en pointe par Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, participe à cette offensive. Le gel du point d’indice, à partir duquel est calculé le salaire des agents publics, baissera le niveau de vie de ces derniers au regard de l’inflation des matières premières et des produits les plus courants.

Le rétablissement du jour de carence, qui prive d’indemnités le salarié souffrant le premier jour de son arrêt maladie, s’inscrit dans une idéologie purement libérale en faisant croire que cela rapporterait des économies – presque rien vis-à-vis des sommes en jeu dans le budget de la nation – et indexerait les fonctionnaires sur les salariés du privé, où le jour de carence est le plus souvent absent. Il s’agit, toujours, d’opposer les employés les uns aux autres, selon leur employeur, leur profession, leurs parcours professionnels.

Le troisième front ouvert par M. Macron est celui sur la Sécurité sociale, qui sera privée « dès le 1er janvier 2018 », selon le Premier ministre Édouard Philippe, des cotisations salariales chômage et maladie, tout simplement supprimées dès l’année prochaine. Il s’agit d’affaiblir les organismes de la Sécu, pourtant déjà surendettés, pour faire la démonstration que la gestion par les salariés est fondamentalement mauvaise, faire rentrer la Sécurité sociale dans le giron de l’Etat aux ordres du capital, ou mieux encore, privatiser des pans entiers de l’Assurance publique en la livrant aux appétits intarissables des banquiers de la finance internationale.

De plus, il est à préciser que la suppression des cotisations salariales n’aura pour seul effet que de baisser le salaire brut, et puisque aucune augmentation du Salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) net n’est prévue, la plupart des employés ne verront aucun gain dans cette affaire.

Mais, « en contrepartie » comme l’a annoncé le Président de la République, nous devons nous attendre à une hausse de 1,7 point de la contribution sociale généralisée (CSG), affectant lourdement les petits salaires et les petites retraites. Ce qui nous amène droit à la quatrième facette de l’attaque organisée de M. Macron contre les droits des travailleurs : la fiscalité.

Outre la hausse de la CSG, plusieurs mesures ont déjà été annoncées par le chef de l’État. La suppression, « pour 80% des ménages », de la taxe d’habitation semble être une bonne nouvelle mais elle privera les municipalités d’une fortune allouée aux moyens des services publics communaux, qui ne sera pas compensée par les dotations de l’État. Les villes devront se serrer la ceinture, augmenter d’autres taxes ou baisser drastiquement leurs dépenses de fonctionnement et d’investissement, ce qui aura forcément un coût pour les travailleurs qui n’ont pas à se réjouir trop vite du gain qu’ils penseront effectuer sur leurs impôts locaux.

En parallèle, l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ne s’appliquera plus sur le patrimoine financier, sur le portefeuille d’actions et d’obligations des ménages les plus riches, mais seulement sur le patrimoine immobilier, une aubaine pour la plupart des propriétaires capitalistes qui verront leur feuille d’impôt diminuer substantiellement dès 2018. Pour les pauvres, tout augmentera : les denrées alimentaires, les services municipaux, les taxes sur le tabac, les taxes sur l’essence.

La politique d’injustice sociale et fiscale menée par le Président et son exécutif produira ses effets dévastateurs « le plus vite possible », et il y a fort à parier que la riposte populaire ne se cantonnera pas à cet automne. Cependant, c’est bien dans les mois à venir que se joue l’avenir du pays et les conditions dans lesquelles les classes laborieuses pourront résister au long du quinquennat Macron.

Parce qu’elle est la première grande réforme du nouveau chef de l’État et qu’elle est emblématique de l’évolution des rapports de forces entre les classes, la révision du Code du travail sous le régime des ordonnances est la mère des batailles en ce début de mandats présidentiel et législatif. Les salariés du privé comme du public, les étudiants, les privés d’emploi, les retraités doivent converger, avec leurs revendications propres, les luttes distinctes vers un mouvement national et interprofessionnel massif, autour du mot d’ordre du retrait des ordonnances. Faire reculer le gouvernement sur les ordonnances, c’est le faire reculer potentiellement sur la fonction publique, sur l’austérité qui touche les collectivités et les services publics dont l’université, sur la fiscalité ou sur la Sécurité sociale.

En mobilisant pour le retrait, nous pouvons avoir au mieux une victoire totale qui en amènera d’autres dans les entreprises et nationales à l’avenir, sinon le retrait des parties des textes les plus régressives, par exemple sur la dérogation à la loi pour les conditions de licenciement ou de rémunération des salariés qui ouvre la voie à des salaires plus bas que le SMIC.

C’est, enfin, pourquoi la date du 12 septembre apparaît comme le point de départ d’une mobilisation large qui pourrait amener, selon sa réussite et le temps qu’elle durera, à l’inversion du rapport de forces dans les entreprises du pays. C’est une occasion historique à saisir pour retrouver le chemin de la victoire sociale.


La lutte de classes instituée par le capitalisme nous offre en ce début de XXIème siècle un contexte de progrès social particulièrement difficile. Depuis un demi-siècle, l’inclinaison du rapport de forces penche en faveur de la grande bourgeoisie ; en France, M. Macron et ses ministres ne sont que les représentants politiques des intérêts des milliardaires, sous couvert d’une idéologie libérale qui répondrait aux besoins de tous en aidant d’abord les riches. « Ceux qui ne sont rien », comme l’a prononcé le chef de l’État voici trois semaines [3], nous tous, pouvons tenir tête aux détenteurs du pouvoir si nous nous unissons sur un mot d’ordre ainsi que sur des moyens d’action à la fois clairs et fédérateurs.

C’est notre dignité qui est attaquée par les forces du capital, et c’est pour elle que nous devons nous battre.

Nous pouvons infliger une défaite historique à la bourgeoisie et ses valets politico-médiatiques ; nous entrons dans l’étape, décisive, de l’opposition populaire aux ordonnances Macron.

Toutes les forces y sont bienvenues.

Tag(s) : #Lutte de Classe
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