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Emmanuel Macron

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Après sa flamboyante conquête électorale et ses premiers pas dans les habits présidentiels salués par une belle flambée de popularité, Emmanuel Macron, à qui tout semblait réussir, imaginait-il que le désamour des Français surviendrait avant même la fin de l'été alors que rien encore n'a sérieusement perturbé son quinquennat ?

Certes, le temps des états de grâce s'est envolé depuis belle lurette - avec la fin des idéologies et de la croyance dans les lendemains qui chantent - mais ses deux prédécesseurs ont tout de même surnagé plus longtemps que lui dans les sondages: huit mois s'écoulèrent avant que Nicolas Sarkozy ne voit la confiance des Français passer dans le rouge ; François Hollande connut certes un sursis plus court mais passa quatre mois tout de même sans gros nuage. Emmanuel Macron, lui, n'aura pas résisté plus d'un trimestre au verdict de l'opinion. Il aborde donc cette rentrée dans une situation de faiblesse qu'aucun de ses prédécesseurs n'a connue. Certes, les enquêtes d'opinion ne font pas tout mais, en dépit de leurs affirmations, tous les présidents de la Vème République les ont scrutés de près. Presque une obsession à laquelle probablement Emmanuel Macron n'échappe pas. Et pour cause! L'Elysée est un palais coupé du monde, loin des rumeurs et des humeurs du peuple dont le chef de l'Etat ne peut prendre le pouls qu'à travers les multiples baromètres sondagiers.

De retour de ses vacances marseillaises, le Président ne peut donc éluder cette question: pourquoi ce brutal décrochage? Il est d'autant plus urgent qu'il y réponde que, jamais ou presque dans le passé, ses prédécesseurs n'ont réussi à rebondir après une dégringolade dans l'escalier glissant de la popularité. A deux exceptions près. D'abord, dans les périodes de cohabitation, quand le désaveu passe de l'Elysée à Matignon: ce fut le cas entre 1986 et 1988, François Mitterrand retrouvant un capital confiance face à un Jacques Chirac plombé par le mistigri du pouvoir réel puis entre 1995 et 2002 lors du face à face Lionel Jospin-Jacques Chirac qui se solda par la réélection de ce dernier et l'élimination du Premier ministre dès le premier tour de la présidentielle de 2002. Ensuite, quand surviennent de graves crises internationales, des conflits et lorsque le terrorisme vient frapper sur notre territoire: Jacques Chirac fut soutenu massivement par les Français en 2003 lorsqu'il refusa d'engager la France dans la guerre en Irak déclenchée par George W. Bush ; François Hollande connut un bref regain de popularité après les attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hypercacher de Vincennes.

Une base électorale réduite et une mise en route confuse

Naturellement, Emmanuel Macron ne peut tabler sur des événements exceptionnels pour atténuer la pression des sondages qui, déjà, s'exerce sur lui. Pour y parvenir, il n'a d'autre choix que de rechercher les causes de ses difficultés. Rude exercice car le pouvoir jupitérien isole. Le phénomène de cour et l'enfermement élyséen rendent surtout très difficiles, voire impossibles, les discours de vérité et les exercices d'autocritique.

Comment convaincre, par exemple, le chef de l'Etat que, en dépit des apparences, il est mal élu?

Certes, il a mené une conquête époustouflante, sidérante même, il n'en demeure pas moins qu'il n'a obtenu au premier tour que 24,01% des suffrages exprimés, soit seulement 18,19% des inscrits, c'est-à-dire 8.656.346 des 47.582.182 électeurs qui pouvaient voter.

Telle est sa base électorale, son socle véritable, plus significatif que son résultat face à Marine Le Pen au second tour. Une partie des électeurs qui l'ont alors rallié l'ont déjà abandonné, tout simplement parce qu'ils n'étaient pas acquis à sa cause et n'ont voté en sa faveur qu'afin de faire barrage à la candidate d'extrême droite.

Deuxième cause, la laborieuse mise en route de l'équipe ministérielle, déstabilisée par les affaires François Bayrou, Marielle de Sarnez et Richard Ferrand. Sans tirer la moindre conclusion quant à l'issue judiciaire de ces dossiers, ils ont troublé le message présidentiel sur la moralisation de la vie publique. Certes, une loi a été adoptée mais, de toute évidence, elle n'a aucun impact sur l'opinion. Les premières mesures du gouvernement n'ont pas plus convaincu. Elles ont heurté une partie de l'électorat: les fonctionnaires avec le gel du point d'indice, le retour du jour de carence et les coupes budgétaires ; les retraités avec l'annonce de la hausse de la CSG. Enfin, la démission du chef d'état-major des armées, le général Philippe de Villiers, a provoqué une faille dans les premiers pas pourtant très réussis du Président dans l'exercice régalien du pouvoir, notamment avec son irruption spectaculaire sur la scène internationale. Elle lui a valu, d'ailleurs, d'être placé ce jeudi 17 août par le magazine Fortune en tête du prestigieux classement des leaders de moins de 40 ans les plus puissants du monde devant Marc Zuckerberg, le mythique fondateur de Facebook. Le magazine ose, en outre, cette prédiction rassurante pour le chef de l'Etat: " Son état de grâce est peut-être terminé mais ses grandes ambitions semblent à portée de main. "

Des réformes difficiles à mener dans un climat de méfiance

Le sont-elles vraiment et quelles sont-elles? Emmanuel Macron a de toute évidence la chance avec lui. Elle l'a servie pendant la campagne électorale. Elle est, semble-t-il, encore là sur le terrain économique. Embellie ou redressement durable? Sans être, loin de là, le meilleur élève de la classe européenne, la France retrouve des couleurs: la croissance enfin repart, 1,6% sans doute cette année, le chômage se tasse tout en restant élevé mais les créations d'emploi augmentent, la construction redémarre après des années de recul et la consommation se porte bien.

Bref, nombre de clignotants passent au vert en raison, il est vrai, plus de l'amélioration de la conjoncture internationale que de l'assainissement de notre économie, même si le CICE de François Hollande a contribué pour une part à ce lent réveil français. Autant dire que beaucoup reste à faire pour assainir notre économie et rendre son rebond durable même si le climat international devait se retourner. Des réformes difficiles sont à venir, la refonte du droit du travail et la baisse structurelle des dépenses publiques, que le président va devoir réaliser alors que la confiance qu'il inspire se dégrade très vite. Si la croissance se confirme, elles seront moins douloureuses pour ceux qui devront fournir des efforts, néanmoins Emmanuel Macron ne pourra les imposer en s'en tenant à sa stratégie actuelle.

Exposer clairement le sens politique de l’action présidentielle pour convaincre

Depuis son élection, il a parfaitement mené l'opération haute couture politique, c'est-à-dire son installation dans le costume présidentiel. Il l'a fait avec un art consommé de la communication, trouvant les gestes et les attitudes justes contrairement à ses deux prédécesseurs. Il a fait aussi du dynamisme une marque personnelle, se servant notamment de sa jeunesse et d'un discours volontariste sur la réforme.

Pour autant, il n'a pas encore ouvert la phase politique de son quinquennat. Il avait l'occasion de le faire avec son discours du 3 juillet devant les assemblées réunies en Congrès à Versailles. Il n'y est pas parvenu laissant les Français dubitatifs et incapables de déceler dans son propos la finalité de son action, son projet pour la France et sa vision du pays. Des annonces de réformes, en outre, ne font pas un destin national et ne dessinent pas un intérêt général. On ne peut pas être président de tous les Français en étant célébré par le Modem parce qu'on est " probusiness " ! Sans doute faut-il l'être pour que les entreprises retrouvent la confiance mais, comme disait le général de Gaulle, l'intendance est là pour suivre et, surtout, pour servir, un dessein.

Nul ne peut dire encore celui d'Emmanuel Macron. Affirmer que l'on veut en 2022 " une France réconciliée " est un slogan trop vague pour rassurer et surtout tracer les contours d'une ambition nationale. Afin de définir son rôle à la tête du pays, pas seulement de sa vie économique, et retrouver sa confiance, le chef de l'Etat peut toujours se servir de ces propos du général de Gaulle: " Tandis que le pays travaille, c'est à moi, d'abord, qu'il appartient de donner à la somme de tout ce qui se fait un caractère d'ambition nationale, d'envisager que l'intérêt commun passe au-dessus des routines et prétentions des catégories, et de montrer que le but de l'effort pour la prospérité n'est pas tant de rendre la vie plus commode à tels ou tels Français que de bâtir l'aisance, la puissance et la grandeur de la France. "

Des tweets ou le recours à Facebook ne suffiront pas à dévoiler la manière qu'Emmanuel Macron a de voir l'histoire à venir. Cette communication-là est certes moderne mais elle s'envole comme les feuilles mortes car elle ne laisse pas de repères. Il faut enfin une adresse aux Français pour qu'ils comprennent où le chef de l'Etat veut les conduire et quel est le sens politique de son action.

Si elle en a un

 

 

Tag(s) : #Politique française
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