Le président chinois Xi Jinping a pris la parole à la séance d’ouverture du 19e Congrès du Parti Communiste. Jusqu’ici, les principaux commentaires sur ce discours parlent de sa longueur monumentale, puisqu’il a duré plus de trois heures et demie.
Bien qu’endurer un discours d’une telle longueur ne soit pas spécialement facile, avec le recul, le discours de Xi constitue un résumé remarquablement succinct des réalisations de la Chine, tout en offrant une feuille de route aisée à comprendre de la Chine et d’ailleurs aussi de ses partenaires, pour le reste du XXIe siècle. Si on essaie de condenser et de synthétiser plus de cent ans de succès passés et de programmation future, écouter trois heures et demie d’un discours est en réalité plus court que les copieux documents et analyses politiques qu’on pourrait avoir à lire autrement pour engranger une information aussi essentielle.
À cause de cela, beaucoup des médias dominants occidentaux ont décidé d’occulter le discours complet en invoquant sa longueur, alors qu’en réalité ces « journalistes » ne tiennent pas à affronter l’ascension de la Chine à sa place de superpuissance du monde moderne.
Vous pouvez voir ici le discours en entier. Sous la vidéo, je vais essayer d’illustrer ce que j’ai ressenti comme en étant les points les plus importants.
L’intervention de Xi Jinping fut tout entière encadrée par le thème principal de sa présidence : le développement continué du marxisme dans sa particularité chinoise. Ceci signifie essentiellement l’engagement de conserver les habitudes culturelles et socio-économiques chinoises dans le contexte de l’économie de marché socialiste, dont Deng Xiaoping, qui fut le leader primordial de la Chine de 1978 à 1989, a été le pionnier.
L’aspect le plus révolutionnaire du discours comprenait un engagement à construire le progrès industriel, infra-structurel et financier de la Chine, pour en faire, à l’intérieur un pays toujours plus prospère. Alors que des mots comme « luxe » charrient encore un certain opprobre dans le contexte d’un parti communiste, ce qu’a en réalité promis Xi est exactement ça.
Alors que les travailleurs chinois ont travaillé inlassablement pour faire passer la Chine d’une économie agraire à une économie prospère qui va bientôt dépasser les USA en terme de puissance économique totale (dans beaucoup d’autres domaines, la Chine a dépassé les USA depuis quelque temps déjà), Xi a fait comprendre que le temps est venu, pour les Chinois et les Chinoises de jouir davantage des bénéfices de la richesse qu’ils ont créée.
Dans la pratique, cela exigera deux choses.
Avant tout, Une Ceinture-Une Route aidera à raccorder le modèle chinois de croissance économique à d’autres économies dynamiques et croissantes à travers de multiples régions du monde. La Chine est en train de créer un monde où les pays en développement pourront augmenter leur productivité tout en maintenant fondamentalement une totale indépendance politique.
Deuxièmement, Xi a un vaste programme destiné à faire pivoter les investissements intérieurs de la Chine de projets basés sur l’infrastructure d’abord vers des projets qui amélioreront la micro-direction de la vie quotidienne. De beaucoup de manières, des programmes de ce genre, au niveau des villes, sont déjà en très bonne voie.
La réticence de la Chine à intervenir dans les questions politiques des autres pays a constitué un thème récurrent du discours de Xi. Ceci avait pour but de rassurer les nouveaux partenaires de la Chine, mais faisait aussi partie d’une déclaration plus large, selon laquelle, dans un XXIe siècle dominé par la Chine, la domination serait organiquement économique en termes de ressources accessibles et non une domination politiquement ou idéologiquement impérialiste. De multiples façons, il n’y a pas de meilleur endroit pour rassurer ses partenaires du manque d’intérêt de la Chine à exporter une idéologie qu’un congrès du Parti Communiste.
Dans ce sens il a été exprimé clairement que la dialectique idéologique de la Chine est réservée à la Chine et non à ses partenaires. On pourrait résumer cela en une simple phrase de la façon suivante : « Le grand socialisme moderne dans un seul État et Une Ceinture-Une Route pour tous les partenaires indépendants ». Pour le dire autrement : « Beaucoup de systèmes politiques, un but de prospérité commun ».
Entre aujourd’hui et l’année 2020, la Chine travaillera a solidifier les gains économiques et sociaux de la dernière décennie, chose qui sera couronnée par l’achèvement du projet de modernisation de l’Armée de Libération Populaire en 2020, en même temps que des efforts seront poursuivis pour éliminer totalement la pauvreté rurale et développer les secteurs de l’agriculture moderne et de l’industrie en dehors des régions urbaines modernes de la Chine.
Entre 2020 et 2035, la Chine travaillera à bâtir un pays « prospère, fort, démocratique, culturellement avancé, harmonieux et beau ». En termes plus pratiques, cela signifie un pays où les standards de vie Chinois réels continueront de croître, tandis que les conditions resteront à l’abri des hauts et des bas qui ont été le fléau des sociétés occidentales au cours des dernières décennies.
Tandis que les capitalistes critiquent souvent les pays socialistes pour leur pauvreté en objets de luxe et en activités de loisirs et qu’à l’inverse beaucoup de socialistes critiquent les pays capitalistes parce qu’ils rendent la culture inaccessible et une stabilité de vie impossible, le programme de Xi ambitionne d’offrir à la fois la stabilité, des environnements résidentiels et de travail constants et satisfaisants, tout en augmentant également la capacité des citoyens de base d’enrichir leurs vies par des activités culturelles et les nouvelles avenues de l’amélioration sociale rendues possibles par les technologies modernes auxquelles la Chine s’est à la fois préparée mentalement et a fait œuvre pionnière.
Dans ce sens, la Chine se prépare à la réalité économique et sociale de l’âge de la mécanisation industrielle. Là où beaucoup d’entrepreneurs occidentaux tels qu’Elon Musk ont préconisé un salaire vital fixe pour tous les citoyens, de façon à pouvoir affronter une mécanisation accrue, les propositions de Xi veulent garantir effectivement le partage et la distribution de l’immense richesse de la Chine, par un programme d’investissements directs au bénéfice des gens et de leur environnement social. Ainsi, plutôt que de payer aux gens un salaire arbitraire, la Chine, après 2035, fera de plus en plus en sorte que se développe une société où la richesse sera transférée à l’ensemble de la société, sous forme d’investissements diversifiés, chose qui pourra être harmonieusement réalisée grâce à l’entrée dans l’âge de la méga-mécanisation.
Une partie des recommandations de Xi pour améliorer la qualité de la vie des Chinois est de veiller à toujours équilibrer le développement infrastructurel et la protection écologique. Étant le pays qui s’est plus rapidement industrialisé que n’importe quel autre dans l’histoire, la Chine a déjà commencé à s’engager dans la technologie verte, particulièrement dans le domaine de la création d’énergies plus complètement que dans n’importe quel autre. Quand la Chine commencera à exporter ses technologies vertes, Pékin sera presque devenue un leader mondial dans ce domaine.
Xi Jinping a aussi parlé de la nécessité de s’assurer davantage encore que la corruption ne s’implante pas en Chine malgré la diversification économique et la croissance. Il a encouragé les fidèles du parti à rester attachés aux valeurs traditionnelles en préparant le développement des nouvelles manières de penser et des nouvelles manières de résoudre les problèmes.
Cela marchera-t-il ?
Prises au pied de la lettre, toutes les propositions de Xi sont impressionnantes. Il serait difficile pour quiconque autre qu’un idéologue de na pas être d’accord avec le champ d’application global de ce long discours.
C’est pourquoi la plus grosse question qui reste à poser est : la Chine sera-t-elle capable d’accomplir ces exploits ?
La simple réponse, fondée sur le bilan moderne de la Chine est un OUI retentissant.
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