Bernard Arnault n'a pas du tout goûté les articles du Monde sur les "Paradise papers". GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Challenges
Le PDG de LVMH, Bernard Arnault, qui est également le beau-père de Xavier Niel*, l'un des principaux actionnaires du Monde, a décidé de retirer jusqu'à la fin de l'année les pages de publicité du géant du luxe prévues dans le journal, révèle Le Canard Enchaîné.
DEMENTI...
Le groupe LVMH de Bernard Arnault a réfuté, mercredi 15 novembre, une "coupure totale" de ses publicités dans le journal Le Monde à la suite des révélations des "Paradise Papers", comme l'affirme Le Canard enchaîné. Mais il indique mener "depuis plusieurs mois une réflexion" pour réduire ses investissements dans les "médias classiques".
Dans son édition de mercredi, Le Canard enchaîné affirme que Le Monde"s'est vu retirer jusqu'à la fin de l'année les pages pub de LVMH, premier annonceur de la presse française, soit un manque à gagner de l'ordre de 600 000 euros", en raison de ses articles sur Bernard Arnault la semaine dernière.
Six paradis fiscaux différents pour Bernard Arnaud
Le Monde – membre du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) à l'origine des révélations des "Paradise Papers" – avait affirmé que le milliardaire aurait "fait appel à au moins huit cabinets de conseil différents pour localiser ses actifs dans six paradis fiscaux différents". Bernard Arnault avait réagi en soulignant que "tous les actifs évoqués dans cet article ont été constitués de manière parfaitement légale et sont naturellement connus des autorités fiscales", dénonçant "une opération journalistique de ce média pour créer une sensation en utilisant [son]patrimoine".
Contacté par l'AFP, LVMH a dit "s'étonner des rumeurs fantaisistes" sur une coupure totale des investissements publicitaires dans Le Monde. "Comme les lecteurs pourront le vérifier par eux-mêmes, les maisons du groupe LVMH seront bien présentes dans les pages du Monde et ses différents suppléments dans les prochaines semaines", a déclaré un porte-parole.
POURTANT, selon Le Canard Enchaîne...
La liste des personnes épinglées dans l'enquête des "Paradise Papers" s'allonge d'un nom. Et pas des moindres. Celui de Bernard Arnault, PDG de LVMH et première fortune de France selon le classement Challenges 2017. Le Monde dévoile mercredi 8 novembre des éléments sur le "patrimoine offshore" de Bernard Arnault. Premier élément qui a attiré l'attention du quotidien: une villa de 4.300 mètres carrés, sur un terrain de 129 hectares situé à quelques dizaines de kilomètres de Londres. Son nom? Nyn Park. Officiellement, son propriétaire est une société enregistrée à Jersey: Bessington Investments Limited. Mais d'après Le Monde, ce serait Bernard Arnault qui se trouverait derrière cette société. Le quotidien rappelle aussi que Transparency International " a révélé fin 2016 que Jersey faisait partie des juridictions secrètes les plus prisées parmi les 40.000 propriétés londoniennes détenues par des sociétés offshore" et que Jersey "présente d'importants avantages fiscaux".
Autre élément mentionné par Le Monde: un yacht de 101 mètres nommé Symphony. S'il est détenu par une société maltaise appelée Sonata Yachting Limited, le quotidien indique que cette société appartiendrait en réalité à LVMH… qui possède aussi une activité de chantier naval où le yacht a été construit. Immatriculé sous statut commercial, Bernard Arnault doit verser à LVMH des frais de location pour son utilisation. "Mais n'étant pas le propriétaire légal, il n'a pas besoin d'intégrer le yacht à sa déclaration d'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) - et échappera grâce à son statut commercial à la nouvelle taxe sur les biens de luxe que souhaite instaurer la majorité macroniste" poursuit Le Monde.
Le Monde estime qu'au total, Bernard Arnault a "fait appel à au moins huit cabinets de conseil différents pour localiser ses actifs dans six paradis fiscaux différents."
Dans une déclaration à l'AFP, Bernard Arnault affirme que les actifs cités par Le Monde ont été "constitués de manière parfaitement légale"*** et dénonce une "opération journalistique" du quotidien "pour créer une sensation". Le PDG de LVMH rappelle aussi qu'il "figure parmi les premiers contribuables français et que le groupe LVMH, dont il est le principal actionnaire, verse plus d'un milliard d'euros d'impôts en France annuellement".
"canempechepasnicolas" :
* De son côté, Xavier Niel n'aurait pas toléré que le Monde, dont il est actionnaire, dévoile telle ou telle affaire le concernant.
** Le leader mondial du luxe LVMH, déjà propriétaire des Echos, a racheté les quotidiens Le Parisien et Aujourd'hui en France, créant ainsi un nouveau poids lourd de la presse française.
*** C'est en effet "parfaitement légal": c'est bien ce qu'on condamne dans ce régime où l'oligarchie économique, politique et médiatique rédige des lois à son profit.