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Vers la centralisation de la lutte des classes contre Macron

Arguments pour la lutte sociale

 

La nature du macronisme ? Elle est donnée par ce fait : dans un contexte de reprise conjoncturelle (plombée, il est vrai, par les bulles financières planétaires), réussir à faire se tasser les salaires, et avec eux les retraites, pensions et minima sociaux.

Mais du coup, les grèves et conflits se multiplient, les rapports sociaux à la base n’ayant pas encore été cassés par la casse du code du travail, et certains conflits portant à la fois sur l’emploi et les salaires prennent une dimension générale, comme à Carrefour, où des débrayages locaux se multiplient cependant que FO appelle à une grève générale des magasins le samedi 31 mars, ou à Air France à partir du 23 mars.

Les puissantes manifestations de retraités du jeudi 15 mars, convergeant souvent avec les rassemblements des personnels des EHPAD et des services aux personnes âgées, expriment une lame de fond que se cherche.

Les mobilisations contre les fermetures de classes, marque prépondérante de la politique du gouvernement à l’école au delà de tout affichage propagandiste de celui-ci, se poursuivent avec insistance.

Et la jeunesse étudiante et lycéenne est parcourue de frémissements causés par la dégradation – et l’angoisse – brutale portée par « Parcoursup », c’est-à-dire par le commencement de liquidation officielle du droit aux études supérieures, en dehors de tout vote de loi, engagée massivement dans l’arbitraire le plus total.

Enfin, il ne faut pas oublier, dans ce tableau, les mobilisations populaires massives dans les territoires post-coloniaux, Polynésie et maintenant Mayotte.

Le 22 mars.

Tout se passe comme si Macron-Philippe, pensant peut-être avoir battu la classe ouvrière en faisant passer leurs ordonnances contre le code du travail, se trouvaient confrontés à une montée, lente et massive, mais certaine, venant des profondeurs.

C’est cette situation qui va faire de la journée du jeudi 22 mars un moment de centralisation et donc de généralisation de ce qui se cherche. Après le 10 octobre dernier, les fédérations syndicales de la fonction publique, sauf la CFDT et l’UNSA, ne pouvaient faire moins que d’organiser une nouvelle « journée ». Le mécontentement montant,alimenté par les dernières propositions gouvernementales contre les statuts et les instances représentatives du personnel dans la FP, vient s’y combiner avec une première grève des cheminots et la tendance au regroupement de nombreux mouvements. On appelle souvent cela la « convergence des luttes ». Expression discutable car ce ne sont justement pas « des luttes » différentes qui devraient « converger » comme dans un grand carnaval, c’est une lutte commune par son contenu – la valeur de la force de travail qui oppose la classe salariale à la classe capitaliste – qui tend à imposer son unité essentielle contre le patronat et l’État, une unité politique qui menace l’ordre existant.C’est cela qui va se passer le 22 mars, poussant par soi-même à la modification de la situation.

Mesurer précisément le moment présent.

Ce processus de regroupement est forcé, imposé par l’offensive forcenée de l’exécutif contre les droits, garanties, statuts, et contre la valeur de la force de travail, dans tous les domaines et tous les secteurs. Réciproquement, cette offensive forcenée l’est d’autant plus que présidence et gouvernement savent qu’ils ne disposent pas forcément de beaucoup de temps et qu’il leur faut taper fort, maintenant.

Le pouvoir veut aller vite, la montée et la centralisation des mouvements d’en bas cherchent à aller vite. Il n’y a guère que les directions politiques des partis de gauche et de la FI pour avoir comme échéances les européennes (2019 !) voire les présidentielles (2022 !) – ou que les directions syndicales pour, nous allons y revenir, postuler des calendriers dans un moyen terme qui paraît sans terme …

Le moment politique actuel précis n’est pas celui où la majorité veut chasser Macron maintenant, mais il est celui où elle cherche à se regrouper pour réaliser l’unité et la centralisation, surmontant les défaites et coups reçus depuis deux ans, et qui, tout en poussant à dégager une alternative, feront justement basculer la situation dans l’action pour le chasser.

Les fausses « négociations », ça suffit !

Au delà du 22 mars, qu’exige ce regroupement, comment être efficace pour aller dans ce sens ?

Dans les syndicats est posée la question de la pleine indépendance envers ce gouvernement. En effet, celui-ci impose des « négociations » qui n’en sont pas. La « feuille de route » du tout récent « secrétaire d’État à la fonction publique », M. Dussopt, est un document accablant  qui doit être divulgué partout et qu’aucune direction syndicale ne devrait garder par devers elle. On y apprend en effet que, d’ici juin, les modalités du recrutement de contractuels à la place des concours, l’affaiblissement de commissions administratives paritaires au profit des petits chefs, et l’effacement des comités d’hygiène et de sécurité, devront être actés, et, d’ici octobre (c’est-à-dire d’ici les élections professionnelles dans les trois fonctions publiques), actés aussi le salaire au mérite ou à la « performance » généralisé et les plans de mise à l’écart des fonctionnaires rétifs à cette casse.

Qu’y a-t-il là à négocier ? Rien !

Donc il ne faut pas y aller et, dans l’unité, le rôle des syndicats, en tant que syndicats, est de refuser et d’unir pour le retrait total de tout le plan de destruction du statut des fonctionnaires. De la même façon, à la SNCF, la revendication doit être le retrait total du rapport Spinetta, en gros comme en détail. Et, comme vient de le déclarer l’intersyndicale de l’enseignement du second degré (avec les syndicats de la FSU SNES, SNEP et SNETAP, et les fédérations enseignantes de la CGT, de la CGT-FO et de SUD), « Le retrait des projets sur le baccalauréat et le lycée est un préalable à toute véritable discussion. »

La discussion sur la grève à la SNCF.

L’appel des fédérations CGT, CFDT et UNSA des cheminots à la grève tous les deux jours séparés par trois jours de travail à partir du mardi 3 avril et jusqu’à fin juin suscite évidemment des interrogations.

Entre les deux réactions inverses, celle consistant à saluer une nouvelle forme de lutte censée étonner et tétaniser le gouvernement, et celle consistant à dénoncer une fumisterie censée empêcher une vraie gréve reconductible décidée dans les assemblées générales, ne faut-il pas pointer d’abord les deux conditions de la victoire, à savoir :

  • Une revendication claire : le retrait total du plan Macron-Spinetta !

  • Une méthode non moins claire : celle de l’unité de tous les secteurs, car les cheminots ne sauveront pas la SNCF tout seuls, c’est tous ensemble ou pas que nous battrons Macron !

 

De ce point de vue, lorsque le communiqué du 16 mars dernier, signé des fédérations CGT, UNSA, SUD-Rail et CFDT (SUD-Rail étant ensuite revenu sur le plan de grèves tous les deux jours sur cinq), explique que « face à un gouvernement autoritaire, il sera nécessaire de tenir un conflit intensif sur une très longue durée », on est en droit de dire que la « très longue durée » (surtout annoncée à l’avance), faisant du cheminot une sorte de soldat appelé à se sacrifier, peut et doit être raccourcie par le Tous ensemble, et que c’est justement ce que laisse comprendre aussi ce même communiqué, puisqu’il se félicite de « prévisions revues à la hausse de 25.000 manifestants » cheminots le 22 mars, à Paris !

Ces manifestants ne seront-ils pas le bataillon avancé des tous les grévistes, de tous les manifestants de tout le pays ?

Ces manifestants ne seront-ils pas portés par la poussée vers la grève dans la fonction publique et au delà ?

Un argumentaire justifiant la grève alternative pendant deux mois à partir de début avril circule, le voici :

« Faut savoir qu’une grève supérieure à 48h entraîne une retenue sur salaire, les jours de repos (hé ou à la SNCF les jours de grève ne sont pas payés et les jours de repos non plus en cas de grève) donc en faisant 2 jours sur 5 tu perds 2 jours seulement, si tu fais une semaine tu perds 9 jours, d’où l’idée des syndicats sachant qu’il faut déposer ta Déclaration d’Intention de Grève 48 heures avant …

 Là t’as tout bon : 2 jours de grève, tes repos restent payés, on perd au maximum 6 à 8 jours (400 à 600 euros quand même !!) par mois étalés sur 3 mois pour durer …

Sachant que la SNCF met 24h pour rétablir un roulement de service normal après une grève de 24 h et 24 h avant pour la préparer !! Pour eux c’est ingérable pendant 3 mois !!!

C’est énorme !!!

Cet argumentaire, dans un style « cheminot expérimenté », peut impressionner, mais il a quelque points faibles tout de même. D’abord, cher camarade, le but n’est pas de « durer », il est de GAGNER !

Une profession que l’on estime capable de faire deux jours de grève tous les trois jours massivement, avec les formalités légales de déclaration à l’avance, résultant des lois anti-grève sur le service minimum de Sarkozy, maintenues par Hollande, qui rappelons-le, concernent les transports et les écoles, une profession capable de tout cela donc, n’est-elle pas capable également d’une grève totale beaucoup plus courte et tournée vers tous les autres secteurs pour s’unir avec eux contre Macron ?

En outre, tu dis, cher camarade expérimenté, que ce sera ingérable pour la direction de la SNCF. Peut-être. Mais tu n’es pas sans savoir que la direction de la SNCF n’est que l’élément d’un dispositif, un dispositif qui s’appelle gouvernement et compagnies de transports privés. Que crois-tu qu’ils sont en train de mettre au point en ce moment même ? Leur plan pour faire rouler les cars et accélérer la « mise en concurrence » afin de briser la grève si elle est de « très longue durée » et reste isolée. C’est évident !

Mais surtout, ce que tu dis est vrai, que deux jours de mobilisation massive tous les 5 jours, si c’est massif, ça va décoiffer, au moins au début. En fait tu nous fait bien sentir que la première semaine sera décisive.

Et elle sera décisive, si ce plan est maintenu, aussi parce qu’auparavant aura eu lieu le 22, parce que Air France part en grève le 23, parce que Carrefour sera en grève le 31, parce que les mobilisations montent dans la jeunesse.

Tu crois qu’on doit te laisser tout seul à montrer comme tu es fort, à partir de début avril et pour trois mois pendant lesquels les cars vont rouler ? Non, camarade, on ne doit pas te faire ça, car on est avec toi !

La question centrale, politique, posée aux directions syndicales, mais pas qu’à elle, que la mobilisation peut résoudre si elle s’étend, est double :

  • Rupture des fausses négociations avec Dussopt ou le ministère des Transports !

  •  Unité et extension : pour la grève tous ensemble avec montée à Paris, contre Spinetta, Blanquer, Macron et compagnie !

Tag(s) : #Lutte de Classe
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