
Au congrès annuel des maires de France à Paris, l'ambiance oscillait entre inquiétude et agacement. Plusieurs élus ont confié leurs doléances à RT France, à l'heure où la fracture territoriale grandit tandis que les budgets se creusent.
«Oubliés de la République», «méprisés», «pas accompagnés», mais aussi «inquiets» : les maires de France ne manquent pas d'épithètes pour témoigner de la crise qu'ils traversent. Et ils l'ont fait savoir au micro de RT France, qui s'est rendu à leur 101e congrès annuel à la Porte de Versailles à Paris. L'événement, qui se tient du 19 au 22 novembre, a été boudé par Emmanuel Macron, une défection peu appréciée des maires qui souhaitaient demander des explications au chef de l'Etat.
Une étude révélée le 15 novembre par le journal Le Monde montre que 49% des maires ne souhaitent pas se présenter à nouveau en 2020, traduisant une grogne grandissante chez les élus locaux. Cette situation délétère s'explique par une série de mesures prises par le gouvernement : fin annoncée de la taxe d'habitation, multiplication de normes contraignantes, transferts arbitraires de compétences, suppression des emplois aidés, budgets amputés... Des réformes qui ne facilitent pas la mission des élus, bien au contraire, surtout dans les communes rurales.
La fronde des maires s'organise sur tout le territoire. L'Association des maires de France (AMF) a notamment lancé le 26 septembre 2018 un appel depuis Marseille contre l’ultracentralisation. François Baroin, son président, l'un des meneurs de la contestation des élus locaux, a fait au congrès un discours qui résumait le désarroi des maires. «Nous sommes les fantassins de la République», a-t-il déclaré. «Nous produisons des services publics pour améliorer le bien-être de nos administrés, nous investissons pour développer nos territoires, mais nous avons nos interrogations, nous avons nos craintes et nous avons nos impatiences», a-t-il ajouté.
Les maires sont désespérés aujourd'hui en France
Le ton était encore plus alarmiste chez d'autres élus, à commencer par le député Nicolas Dupont-Aignan, fondateur de Debout la France, qui a rappelé ses 22 années à exercer en tant que maire. «Les maires sont accablés de normes, dépossédés de pouvoir. Tout va pour une bureaucratie nationale ou locale, des communautés d’agglomération gigantesques et les maires sont désespérés aujourd’hui en France», se désole-t-il.
Le député Dupont-Aignan estime que le maire est "la cellule démocratique de la France" qu'il faut "secourir". Des maires "accablés par les normes et dépossédés de pouvoir", ajoute le président de DLF
De nombreux élus se sont plaints de la défection d'Emmanuel Macron, qui ne recevra qu'une délégation de maires le 21 novembre à l'Elysée. «C'est la première fois qu'un président [ne veut pas se présenter] devant le socle de la République [pour] expliquer sa politique», se plaint Stéphane Loth, maire de Talmont-sur-Gironde, en Charente maritime, une commune de 97 habitants. Il estime que le milieu rural est impacté de plein fouet par les mesures du gouvernement, citant «l'imposition des 80 km/h» ou encore le «coût de l'essence».