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Elu président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky saura-t-il «casser le système» ?© Valentyn Ogirenko Source: Reuters
Volodymyr Zelensky le 21 avril 2019 à la sortie de son bureau de vote à Kiev en Ukraine.
 

 

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    Selon l'agence de presse russe Interfax, Volodymyr Zelensky a assuré qu'il souhaitait «relancer» le processus de paix impliquant la Russie et continuerait d'agir dans le cadre du «format Normandie», (format quadripartite réunissant depuis juin 2014 la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine). 

    «Nous allons poursuivre le processus de Minsk, nous allons le relancer», a-t-il déclaré lors de sa première conférence de presse.

    Aux termes des accords de Minsk conclus en 2015, les belligérants ont promis de procéder à des échanges rapides de prisonniers dans le cadre du processus paix dans le Donbass.

    Sur Facebook, le Premier ministre russe Dimitri Medvedev a expliqué espérer une «chance» d'améliorer les relations entre Moscou et Kiev, avec l'élection du nouveau président ukrainien.

  • «Il y a une chance d'améliorer la coopération avec notre pays», a-t-il écrit.

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    Le chef de l'Etat français Emmanuel Macron a été l'un des premiers dirigeants étrangers à appeler le vainqueur de la présidentielle.

    Emmanuel Macron a appelé Volodymyr Zelensky, qu'il avait reçu pendant la campagne, «pour le féliciter de sa victoire ce 21 avril 2019», selon l'ambassadeur de France en Ukraine Isabelle Dumont sur son compte Twitter.

    Volodymyr Zelensky a de son côté publié sur Facebook une photo où il tient un téléphone portable devant lui : «Mes remerciements les plus sincères au président de la république Française Emmanuel Macron, pour les félicitations», a-t-il écrit en français.

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    Selon l'agence de presse russe Interfax, qui cite des médias ukrainiens, dont Strana, le président sortant, Petro Porochenko, aurait reçu des garanties d'immunité de la part de Washington. De même source, les Etats-Unis auraient notamment enjoint à l'équipe de campagne de Volodymyr Zelensky de laisser son prédécesseur «tranquille».

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    Volodymyr Zelensky a annoncé que le président sortant Petro Porochenko lui avait téléphoné pour lui adresser ses félicitations à la suite de sa victoire. 

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    Il s'est également engagé à «protéger la langue ukrainienne» et à ce que le cessez-le-feu dans le Donbass devienne «une réalité». «Mon premier objectif est de ramener tous les prisonniers de guerre à la maison», a-t-il poursuivi.

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    Karine Bechet-Golovko, professeur à l’Université d’Etat de Moscou, était invitée sur RT France à commenter les résultats du second tour de l’élection présidentielle ukrainienne remportée par Volodymyr Zelensky. Selon elle, cette victoire montre «que tout le système post-Maidan qui a été mis en place par les Européens et les Américains est un échec». 

 

 

 

 

 

 
RT France
 
21 avril

Les électeurs ukrainiens ont donc infligé un camouflet au président sortant Petro Porochenko, désavouant cinq ans d'effondrement économique et de guerre dans l'est du pays. Pour autant, Volodymyr Zelensky hérite d'une situation très difficile.

Après cinq ans de descente aux enfers, les électeurs ukrainiens ont décidé ce 21 avril de renverser la table. Selon les sondages à la sortie des urnes, le comédien et humoriste Volodymyr Zelensky, novice en politique de surcroît, devrait succéder à Petro Porochenko.

"Je suis convaincu que nous pourrons casser ce système"

Deux jours plus tôt, lors d'un débat mouvementé organisé dans le stade Olimpiïski de Kiev, le comédien de 41 ans, attaché à la langue russe autant qu'à l'ukrainien, avait martelé sa volonté de tourner la page pour l'Ukraine, ruinée économiquement et enlisée dans une quasi-guerre civile dans l'est du pays. «Je suis convaincu que nous pourrons casser ce système, avec des gens corrects, avec une autre mentalité, avec une mentalité du 21e siècle», avait assuré Volodymyr Zelensky. Et d'ajouter, à l'intention de son adversaire Petro Porochenko, président sortant : «Le problème, ce n'est même pas que vous ayez des corrompus dans votre entourage [...] mais que vous nous ayez volé cinq ans».

Lire aussi : Les Ukrainiens aux urnes pour la présidentielle, un comédien en tête des sondages

Fermeté face à la Russie

 

De son côté, fidèle à sa rhétorique et à sa stratégie de campagne antirusse, Petro Porochenko avait renvoyé Volodymyr Zelensky à son inexpérience. «Un acteur sans expérience ne peut pas faire la guerre avec l'agresseur russe», avait-il répliqué.

De fait, l'élection de Volodymyr Zelinsky traduit sans doute une volonté des Ukrainiens de sortir le pays de l'ornière de la révolution pro-Union européenne du Maïdan. Comparées au discours anxiogène et va-t-en-guerre de Petro Porochenko, ne promettant en définitive que du sang et des larmes, les prises de position plus consensuelles du prochain président de l'Ukraine ont fait mouche chez les électeurs.

Si Volodymyr Zelinsky doit surtout sa victoire de ce 21 avril sa notoriété acquise à la télévision ukrainienne et sur les réseaux sociaux, lors de ses rares déclarations de politique étrangère, il s'est notamment dit confiant dans la recherche d'une solution pacifique, diplomatique avant tout, au conflit dans le Donbass, où les républiques autoproclamées de Lougansk et Donetsk tiennent toujours tête à l'armée régulière de Kiev.

Vers l'indépendance de l'Ukraine vis à vis de l'Occident ?

 

Faisant preuve de pragmatisme, Volodymyr Zelensky a semblé au cours de la campagne présidentielle vouloir également dépassionner la question de la Crimée, rattachée à la Fédération de Russie en mars 2018, sans pour autant renoncer à la fermeté, coupant ainsi l'herbe sous le pied du belliqueux Petro Porochenko. «La Crimée nous reviendra, nous devons le comprendre, quand il y aura un changement de pouvoir en Russie, je n'ai pas d'autre issue à proposer», avait-il ainsi déclaré le 23 mars dernier, ajoutant dans la foulée que le changement de pouvoir en Ukraine qu'il incarnerait pourrait devenir un exemple pour la Russie.

Pour autant, si, dans les mots, le président élu a su réaffirmer la souveraineté de l'Ukraine face à la Russie, il devra surtout marquer l'indépendance de son pays à l'égard des Occidentaux qui, depuis le coup d'Etat du Maïdan de février 2014, se sont attribué un droit de regard exorbitant sur les affaires intérieures ukrainiennes. Et c'est là que les choses pourraient se compliquer pour le nouveau président : touchée en son cœur industriel et agricole du Donbass, l'économie du pays s'est effondrée. L'Ukraine est désormais sous perfusion du Fonds monétaire international (FMI), puissant levier des Occidentaux sur les pays qui y font appel.

Signe que cette relation de dépendance avec l'Union européenne et les Etats-Unis pourrait compromettre un exercice du pouvoir véritablement souverain de Volodymyr Zelinsky, celui-ci s'est rendu en plein entre-deux-tours de la présidentielle ukrainienne, tout comme son adversaire Petro Porochenko, à Berlin et Paris. Si presque rien n'a filtré de ses entrevues, qui visaient peut-être à s'assurer du soutien de deux des quatre pays (avec la Russie et l'Ukraine, dans le format Normandie) garants des accords de Minsk II, reste le symbole : deux candidats allant chercher conseil à l'étranger.

L'humoriste, désormais confronté à la situation on ne peut plus sérieuse de son pays, doit sa notoriété à une série télévisée diffusée en Ukraine, Serviteur du peuple où il campe un président ukrainien. Il reste à Volodymyr Zelinsky à passer de la fiction à la réalité.

Alexandre Keller

Lire aussi : Les Ukrainiens sont-ils les seuls à choisir leur prochain président ?

 

Tag(s) : #Ukraine
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