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 Un boulon manquant sur une éclisse, la pièce métallique qui relie deux rails. Ce type de problème avait mené à l’accident de Brétigny (Essonne) en 2013 . (Illustration) Un boulon manquant sur une éclisse, la pièce métallique qui relie deux rails. Ce type de problème avait mené à l’accident de Brétigny (Essonne) en 2013 . 

Fils électriques rongés, boulons manquants… l’alarmant rapport sur l’état du réseau ferré, et les commentaires de Jean LEVY


Les mauvaises pratiques persistent à la SNCF. Six ans après le déraillement d'un train à Brétigny-sur-Orge (Essonne) qui a fait sept morts et des dizaines de blessés, et cinq ans après la collision entre un TER et un TGV qui a fait une trentaine de blessés à Denguin (Pyrénées-Atlantiques), force est de constater que les errements de maintenance se poursuivent au sein de la compagnie ferroviaire.

Pendant un mois, entre le 29 avril et le 23 mai 2019, dix enquêteurs de l'Etablissement public de sécurité ferroviaire (EPSF) ont effectué neuf opérations de contrôle sur des parties de la zone Atlantique (Bretagne, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie). Soit environ 14 000 km de voies ferrées commerciales où ils ont contrôlé la maintenance réalisée sur les rails et sur la signalisation électrique.

Le résultat est un rapport inquiétant de 96 pages, que nous avons pu consulter, dans lequel l'EPSF constate « un écart majeur sur le niveau de maîtrise du processus de maintenance de l'infrastructure ».

Le Parisien vous en révèle sa teneur.

Un câble défectueux pendant près d'un an

Les enquêteurs ont relevé que sur les 413 anomalies de signalisations électriques repérées par la SNCF qui pouvaient avoir un impact sur la sécurité des circulations, 80, soit près de 20 %, ont été traitées hors des délais réglementaires. Une trentaine n'était d'ailleurs toujours pas réparée lors du contrôle. Certaines affichaient même un an de retard !

 

Pire, en effectuant l'audit, les gendarmes du ferroviaire ont découvert un fil électrique rongé sur un passage à niveau de la ligne Le Dorat - Limoges (Haute-Vienne). Après des vérifications plus poussées, un second fil rongé a même été découvert. « On dirait que nous n'avons rien appris de l'accident de Denguin ( NDLR : des fils électriques avaient été dénudés par des rongeurs ), s'agace un cadre de la SNCF qui souhaite garder l'anonymat. Depuis ce drame, le BEATT NDLR : bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre ) a pourtant recommandé de renforcer la protection des installations contre les rongeurs. Ce rapport montre que ce n'est pas fait partout. »

Les gendarmes du ferroviaire n'étaient pas au bout de leur surprise. Toujours sur la même portion de voie, mais sur un passage à niveau différent, c'est un autre problème électrique, pouvant avoir un impact sur la sécurité, qui a été détecté. Le câble défectueux a été remplacé dans la foulée. Mais en épluchant les rapports, l'EPSF a découvert que l'anomalie avait été repérée il y a près d'un an, le 15 juin 2018. Mais aucune mesure n'avait été prise par la SNCF.

Des anomalies pas repérées par la SNCF

Les mêmes constats détonants ont été faits sur l'entretien des rails. Ainsi, plusieurs centaines d'anomalies n'ont pas été traitées dans les délais, dont une avait même presque deux ans de retard. « Pour réaliser les travaux, il y a toujours une marge en fonction des urgences, précise ce même cadre anonyme. Mais est-ce qu'on peut attendre une semaine, un mois, un an ? L'EPSF s'est aperçu qu'il n'y avait pas d'analyse des risques. » Un manque de rigueur d'autant plus problématique que la SNCF est une nouvelle fois épinglée pour son suivi chaotique de sa maintenance : « Il n'est pas possible d'avoir la garantie que les anomalies identifiées lors de ces opérations de surveillance ont bien été traitées », écrivent les auteurs du rapport.

Plus grave, en effectuant eux-mêmes des contrôles le long des voies ferrées, les enquêteurs ont découvert des dizaines d'anomalies, certaines pouvant impacter la sécurité, qui ne figuraient pas dans les rapports de la SNCF. Et pourtant, la dernière tournée de contrôle de la SNCF remontait à… une semaine. Des éclisses, ces pièces métalliques qui relient deux rails, ont été découvertes avec des boulons desserrés voire manquants. « Pas de suivi et des boulons absents, on connaît la suite : c'est l'accident de Brétigny, déplore le même cheminot. C'est d'autant plus regrettable que Denguin est en zone Atlantique et que Brétigny y était au moment de l'accident, avant le nouveau découpage. Plus qu'ailleurs, les cheminots devraient être sensibles au problème de maintenance. »

 

Pour autant, de manière presque surprenante, l'EPSF note « quelques signes de progression » sur la maintenance de la signalisation électrique par rapport à l'année dernière. Contactée, l'institution publique n'a pas souhaité s'exprimer : « C'est un rapport confidentiel qui n'a pas vocation à être rendu public. »

Ca n'empêche pas Nicolas :

Ce rapport  pour la direction de la SNCF  ne met-il en lumière que l'incompétence de Pépy et de son équipe ? (Dans beaucoup d'entreprises, avec un tel bilan, la patron aurait été viré)

Non, bien sûr !

Le sabotage du service public, en l'occurence, celui du rail, répond à l'orientation du pouvoir macronien - et des équipes gouvernementales précédentes de Sarkozy à Hollande - de fourguer la SNCF au privé européen, avide de s'approprier le rail français. Ce qui est prévu pour les toutes prochaines années.

Aussi, est-il besoin, dans ces conditions,  de rénover ce mode de transport ?

Peu importe les risques graves d'accidents tragiques comme ce fut le cas à Brétigny.

Mais le plan du pouvoir dépasse la seule notion de la sécurité des voyageurs. Macron et son équipe sont "en marche" vers la liquidation totale du réseau ferré : lignes supprimées, gares fermées en masse ainsi que les guichets dans celles qui sont encore ouvertes, prix variant selon l'heure de la journée, tout concourt à rendre insupportable ce service public à la population.

N'est-ce pas aussi le but recherché par le locataire de l'Elysée ?

Pousser les Français à penser que, de toutes façons, avec la privatisation du rail annoncée, "ce ne pourra pas être pire..." et de détourner les citoyens de toute résistance. 

Ce qui expliquerait le manque de soutien effectif du mouvement social des cheminots l'an passé. Aussi, pour déjouer le plan Macron de désosser la SNCF pour mieux la vendre aux prédateurs privés, la seule attitude à prendre, c'est de revendiquer le retour à la Nation du rail, pour que celui-ci redevienne un sujet d'admiration de l'opinion française et internationale pour sa ponctualité, la densité de son réseau, la qualité du service.rendu. 

Il ne suffit plus de dénoncer la politique du pouvoir, il faut présenter les propositions concrètes dans chaque secteur d'activité de services publics "au service du public", celui des transports, mais aussi dans les autres domaines de la vie quotidienne des Français.

En y associant la population, gage de démocratie et d'efficacité.

Jean LEVY

 

Tag(s) : #Services publics, #SNCF
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