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coco Magnanville

Par María José Lucero et Carola Pinchulef à Ojarasca

La crise sociale à laquelle le Chili est actuellement confronté trouve ses piliers dans la dictature militaire d'Augusto Pinochet et s'est aggravée à travers les différents gouvernements " démocratiques " qui ont mis en œuvre un processus de privatisation du pays par l'imposition du modèle néolibéral. Dans ce cadre, se manifestent les multiples formes de violence qui ont touché non seulement le peuple chilien, mais aussi le peuple mapuche. Cette situation montre que les gouvernements au pouvoir se sont montrés incapables d'assurer la dignité dans les aspects fondamentaux de la vie. De plus, les femmes et les hommes mapuches ont rendu visible la lutte historique qu'ils ont menée, principalement pour la restitution de leurs territoires ancestraux et la récupération de la dignité et de la vie en tant que membres d'un peuple originaire.

Dans le cadre de la réforme agraire des années 1960, les revendications paysannes et mapuches se sont approfondies, cherchant à améliorer leurs conditions de vie par un changement effectif de la structure agraire des haciendas. Ainsi, un nombre important de terres mapuches, usurpées pendant la période coloniale, ont été expropriées des propriétaires terriens.

Cependant, avec le coup d'État de 1973 et le cours de la dictature militaire, les territoires des communautés autochtones du sud du Chili ont été liquidés. La division des communautés et leur assignation à des propriétaires individuels n'a pas permis d'effacer l'identité autochtone du territoire historique mapuche. Ainsi, une grande partie de ces terres communautaires ont été rendues aux élites locales et aux latifundistes, jetant ainsi les bases des industries forestières et des mégaprojets.

En outre, il y a eu de nombreux cas de violations des droits de l'homme ; des hommes et des femmes mapuches ont été emprisonnés, exilés, torturés, exécutés et ont disparu, mais leur appartenance ethnique est restée invisible dans l'histoire et les documents officiels, reproduisant la violence raciste et structurelle que le peuple mapuche a connu historiquement.

Actuellement, l'application des lois d'urgence dans les affaires impliquant le peuple mapuche dans les conflits territoriaux est la preuve de la stigmatisation qui existe encore à l'égard de la population mapuche et de sa demande territoriale : les hommes et les femmes mapuches dénoncent constamment comment le système judiciaire chilien viole leurs droits par des peines disproportionnées et injustifiables. Les différents gouvernements "démocratiques" ont appliqué la loi 18.314 (loi antiterroriste) comme mécanisme juridique post-dictatorial pour réprimer et criminaliser la protestation sociale légitime des Mapuches.

Cette loi a été créée au milieu de la dictature militaire, et a été en vigueur jusqu'à ce jour dans le but de pénaliser le comportement terroriste par l'invention et la construction d'un ennemi interne.

C'est ainsi que l'État chilien a établi la répression, la militarisation et le harcèlement policier dans les communautés du Wallmapu qui sont en constante résistance pour la défense et la récupération de leurs terres ancestrales.

La perte de territoire a eu des effets dévastateurs sur le peuple mapuche. La dépossession territoriale du système néolibéral a déplacé la forêt indigène, entraînant la perte et la contamination des écosystèmes et une augmentation de la pauvreté, des déplacements forcés et des migrations internes. C'est pourquoi un nombre important de communautés ont utilisé la protestation sociale comme moyen de pression contre l'État, dans le but de revendiquer le redressement territorial et l'autodétermination.

Cependant, l'État chilien a non seulement réduit au silence les revendications historiques des communautés, mais il a également criminalisé la protestation sociale autochtone par la violence, l'emprisonnement et le harcèlement des femmes et des hommes du mouvement mapuche. A ces formes de violence s'ajoute la militarisation du Wallmapu soutenue par la rhétorique de la contre-insurrection, qui construit un imaginaire social du Mapuche comme terroriste, celui-là même qui légitimement revendique, combat et proteste pour ses droits historiques.

Le scénario de violence auquel sont confrontées les communautés mapuches du sud du Chili montre que la politique de dépossession est présentée comme le modèle à suivre par l'État, touchant principalement les peuples autochtones et leurs territoires.

Dans le cas des femmes leaders mapuches pour la défense de leurs territoires, la violence qui les affecte et son intensification est directement liée à la visibilité que leurs leaders atteignent dans les zones dites de conflit. Les femmes du mouvement mapuche, en se plaçant en première ligne de la lutte pour la défense du Wallmapu, vivent directement, comme leurs familles et leurs communautés, la violence de l'Etat et des entreprises extractives.

Les femmes sont ainsi devenues les nouvelles ennemies internes de l'État et des entreprises, les processus de résistance féminine mapuche ayant été un obstacle à leurs intérêts économiques et politiques. Ces multiples formes de violence reproduisent la marginalité, la pauvreté et le racisme dans le cadre d'un continuum de violence coloniale contre le peuple mapuche. Malgré cela, les luttes politiques des communautés reflètent la capacité du peuple à recouvrer la dignité, les territoires ancestraux, les mémoires subalternes et les droits collectifs qui sont garantis internationalement, puisque le Chili est signataire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones de 2007 et a ratifié la Convention 169 de l'OIT.

La crise que traverse actuellement le pays révèle les multiples violences historiques que l'État chilien a commises contre le peuple mapuche. La criminalisation de la protestation sociale autochtone a été le mécanisme utilisé par l'État pour mettre fin aux luttes territoriales légitimes, violant les droits fondamentaux des femmes, des hommes, des garçons et des filles en territoire mapuche.

Alors que le président Sebastián Piñera a levé l'état d'urgence après une semaine de violence militaire dans les rues, la militarisation du Wallmapu a été une constante à ce jour. En conséquence, les communautés mapuches en résistance ont réussi à rendre visible leur lutte historique par la construction de leur mémoire, la restitution de la vie et de la dignité, et le respect de leurs droits collectifs en tant que peuple mapuche.

traduction carolita d'un article paru sur Mapuexpress

Source : https://www.jornada.com.mx/ultimas/mundo/2019/11/09/ojarasca-contra-el-pueblo-mapuche-multiples-violencias-del-estado-chileno-4375.html

Tag(s) : #Chili, #Mapuches
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