I. L’article de Marianne, qui a sorti l’affaire
Source : Marianne, Etienne Campion, 08-08-2019
On reproche au ministre de l’Intérieur de multiplier les bévues. L’une d’entre elles, sans doute la première de sa carrière politique, n’est que peu relatée. C’était en 1995, à Avignon.
Castaner, le roi de la bourde, de la boulette, de la bévue… Pourtant, il en est un, d’écart, qui n’est que rarement évoqué dans les portraits qui lui sont consacrés. Comme si les confrères avaient des pudeurs de gazelle. D’ailleurs, quand ils osent en parler, cet épisode est renvoyé au rang des « erreurs de jeunesse ».
L’histoire se déroule le 9 juin 1995 au matin dans un Avignon en pleine campagne municipale, où les habitants se réveillent partagés entre surprise, rires et dégout : 35 000 tracts sous forme d’une bande dessinée, titrée « La dinde enchaînée » et « Érections municipales », ont inondé les boîtes aux lettres entre 1h30 et 7h00 du matin. Sur la couverture pastichant le célèbre Canard enchaîné sont dépeints, animalisés, la candidate RPR Marie-Josée Roig et le sénateur Alain Dufaut, en train de s’accoupler. Lui est grimé en vautour, elle en dinde, enchaînée et extatique, tous deux bavant de plaisir. Le scénario est simple : Alain Dufaut (alias « Duf-duf ») manque de courage pour prendre la mairie lui-même et fait appel au représentant du « F-Haine » local, chauve et bardé d’un brassard noir, qui lui fait rencontrer Marie Josée-Roig. Celle-ci est croquée déambulant dans une voiture noire dont le pare-chocs a laissé place à une bouche aux lèvres bombées façon imagerie coloniale. Et au cas où tout le monde n’aurait pas saisi la finesse de la blague, un personnage la décrit, dans un parler petit nègre, comme arrivant au volant de sa « twingo noi’e »…
Reste à trouver la personne idoine pour la diffusion des 35 000 tracts. Ce sera Christophe Castaner.
Suivent une dizaine de pages crayonnées avec tant de précision qu’on apprendra plus tard que les dessinateurs se sont appuyés sur de véritables portraits des deux protagonistes. Le scénario, lui, pêche par manque de vraisemblance. Trois anciens membres du RPR dont Alain Dufaut lui-même l’affirment aujourd’hui à Marianne : « Marie-Josée Roig est une femme respectable, très éloignée des portraits diffamatoires de l’époque. » Contactée par Marianne, la principale intéressée se souvient bien entendu de l’affaire : « J’ai été très interloquée en découvrant ce tract, mais ayant une bonne connaissance de la population avignonnaise, j’étais aussi persuadée que cela ne prendrait pas, et ce fut largement le cas. »
Si le tract n’empêchera pas Marie-Josée Roig d’être élue à Avignon, où elle restera jusqu’en 2014, la justice se saisit rapidement des plaintes déposées et s’intéresse à cinq hommes, ayant un intérêt commun : voler au secours du maire socialiste Guy Ravier. Parmi eux : Christophe Castaner, alors adjoint au directeur général des services de la mairie, entre les mains duquel […]
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II. Extraits de la BD porno diffusée par Castaner
Un lecteur, que nous remercions, nous a transmis quelques images du fameux tract que nous révélons donc ici – âmes sensibles s’abstenir :
“Cloporte”, “dinde”, “greluche”, “poufiasse” : la future maire d’Avignon, la députée RPR Marie-Josée Roig et le sénateur Alain Dufaut, vus par Christophe Castaner et ses acolytes du PS…
Nous savons qu’il existe quelques autres pages, 5 ou 6, en plus de celles publiés ci-dessus. Nous en avons 2 autres, mais nous aimerions toutefois reconstituer le tract en entier avant publication. C’est pourquoi nous lançons un appel aux lecteurs d’Avignon qui pourraient en avoir gardé un exemplaire.
Vous pouvez nous contacter ici pour nous l’envoyer. Merci d’avance.
III. Le jugement ayant condamné Christophe Castaner
Comme nous poursuivons un objectif d’information légitime du public et d’intérêt général, voici le jugement de 1996 ayant condamné Christophe Castaner :
Texte intégral :
Vous pouvez le télécharger ici.
Notons en conclusion qu’il est fort dommage que cette affaire, qui en dit long sur Christophe Castaner et qui lui a valu sa première condamnation, n’ait pas été révélée plus tôt – merci donc à Marianne !