CONTRE LE DANGER PRINCIPAL en 1936 :
la France menacée à ses frontières
par Hitler, MUSSOLINI ET FRANCO
MauriceTHOREZ, Secrétaire Général du PCF
préconise
l'UNION la plus LARGE
y compris avec l'EXTREME-DROITE
Maurice Thorez - source : L'Humanité (BNF - Gallica)
L’Humanité du 18 avril 1936 donnait sur une page entière le texte de l’allocution électorale par Maurice Thorez au micro de Radio Paris, dans le cadre de la campagne électorale des législatives de fin avril (une véritable grande première alors : un communiste sur les ondes nationales !).
Contre la minorité prédatrice des 200 familles et la dictature des banques, contre les fascistes diviseurs des Français, Thorez non seulement présente, dans le cadre du Front populaire (Communistes, Radicaux, Socialistes) les propositions communistes pour combattre la crise économique, sociale, culturelle, morale dont souffre la France, mais il lance un appel totalement inédit à l’union du peuple de France contre les menaces mortelles, intérieures et de plus en plus extérieures, qui pèsent sur la Nation :
Appel de Maurice Thorez au Front Français
"Pour la réconciliation du peuple de France"
Et maintenant nous travaillons à l’union de la nation française contre les 200 familles et leurs mercenaires. Nous travaillons à la véritable réconciliation du peuple de France.
Nous te tendons la main, catholique, ouvrier, employé, artisan, paysan, nous qui sommes des laïques, parce que tu es notre frère, et que tu es comme nous accablé par les mêmes soucis.
Nous te tendons la main, Volontaire National, ancien combattant devenu Croix de feu, parce que tu es un fils de notre peuple, que tu souffres comme nous du désordre et de la corruption, parce que tu veux, comme nous, éviter que le pays ne glisse à la ruine et à la catastrophe.

NOTES DE
Ca n'empêche pas Nicolas" :
Les Croix de Feu étaient une ligue d'extrême-droite, qualifiée de "factieuse" par la gauche, et les Volontaires Nationaux, son organisation de jeunesse. L'appel de Maurice Thorez s'adressait aux adhérents de ces mouvements, considérés comme trompés par leurs chefs.
Il est évident que le nouveau dépassement stratégique et théorique de l’Union nationale, promulgué par la direction du Parti, pouvait surprendre une partie des militants encore marqués par le trauma de l’Union sacrée de 1914, sans cesse reprochée aux dirigeants socialistes...
Le Parti se lance alors dans une grande campagne d’explications sur "L’union entre Français". La brochure de Maurice Thorez, L’Union de la Nation française, est massivement diffusée. Début août, une fois passée l’immense vague de grèves spontanées qui permirent les conquêtes sociales que l’on sait, Jacques Duclos donne dans l’Humanité, plusieurs éditoriaux explicatifs :
« A l’heure où la sécurité de la France est menacée non seulement à l’Est, mais en Espagne et en Afrique du Nord, le Front Français devient une nécessité vitale et nous avons la certitude que cela répond tellement bien aux aspirations profondes du pays que c’est avec espoir et confiance que nous augurons de son avenir ». (L’Humanité, 6 août 1936)
Enfin, Maurice Thorez revient sur le chantier de la constitution du Front Français (L’Humanité, 7 août 1936)
« Le front français doit se réaliser. "Le gouvernement issu du Front populaire n’est pas le gouvernement des partisans du Front populaire, mais le gouvernement de la France, et il doit agir avec autorité à l’intérieur et à l’extérieur". Maurice Thorez montre que cette politique, qui tient compte des leçons de l’histoire, maintient l’unité entre le prolétariat et les autres classes populaires. »

On sait que le PCF aura suffisamment de mal à maintenir l’unité du Front populaire, immédiatement mise à bas par la non intervention en Espagne, l’absence de réaction devant l’arrogance des Hitlériens et des Fascistes italiens, la prudence (pour ne pas dire plus) des radicaux devant les réformes sociales, et la fameuse Pause proclamée par Léon Blum. La réalisation du Front Français, pour être toujours souhaitée par le PCF, s’éloignait d’autant plus des perspectives concrètes. On sait ce qu’il en advint en 1939.
René Merle
SOURCE :