Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

https://cdn-s-www.estrepublicain.fr/images/0E9ADCBA-8836-4B4B-B191-92D645A7A873/NW_raw/photo-d-illustration-er-arnaud-castagne-1584808247.jpg

INTERVIEW
CGT services publics :
«Ce n’est pas un appel à la grève, c’est vraiment le dernier recours»

Libération

A la suite du dépôt d'un préavis de grève jugé «inopportun» par l'exécutif, Natacha Pommet, à la tête de la fédération des fonctionnaires, explique pourquoi ce dernier vise d'abord à protéger les agents dépourvus face au Covid-19.

 

Réclamant l’«arrêt de tous les services non-essentiels à la continuité de la nation», et surtout la «mise à disposition immédiate de moyens de protection des agents en première ligne», la fédération services publics de la CGT a déposé un préavis de grève pour le mois d’avril. Un outil qui vise, en dernier recours, à protéger les agents exposés au coronavirus, précise sa secrétaire générale, Natacha Pommet.

Pourquoi ce préavis de grève ?

 

Depuis le début de la crise, les fonctionnaires territoriaux, comme les éboueurs, les aides à domicile, les puéricultrices, tous ces agents invisibles qui sont des publics fragiles, n’ont pas les équipements nécessaires pour se protéger. Ils appellent à l’aide. Nous avons écrit plusieurs fois au ministre pour demander des protections afin que ces agents puissent exercer leurs missions essentielles. Nous avons aussi écrit aux préfets.

Mais rien ne se passe.

Donc, en dernier recours, et parce que le droit de retrait n’est pas toujours appliqué, nous avons mis à disposition des agents un préavis de grève. Ce n’est pas un appel à la grève, c’est vraiment le dernier recours qu’ils peuvent utiliser pour se protéger. Car aujourd’hui, certains partent au travail la trouille au ventre.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées autour du droit de retrait ?

Les agents exercent leur droit de retrait quand ils considèrent qu’ils font face à un danger grave et imminent, notamment lorsqu’ils sont en contact avec des gens potentiellement contaminés. Des pompiers n’ont pas de masques FFP2 quand ils font des convois de malade du coronavirus vers les hôpitaux !

Le problème, c’est que la communication du gouvernement est assez floue et des ministres vont juste à dire que le Covid-19 ne peut pas être utilisé comme un «prétexte» pour le droit de retrait !

Du coup, en cas de droit de retrait, certains employeurs menacent les agents, parfois isolés, de sanctions, de refus de poste, d’abandon de poste. C’est pourquoi on leur a mis à disposition ce préavis de grève, pour se défendre.

Le secrétaire d’État Olivier Dussopt a qualifié votre préavis d'

«inopportun». Que lui répondez-vous ?

Ce qui est inopportun c’est de chercher, comme il le fait, à polémiquer au lieu de se battre pour que les agents puissent avoir des masques pour travailler. C’est d’ailleurs lui qui a communiqué notre dépôt de préavis à la presse.

Depuis des semaines, on lui demande un texte clair pour contraindre les maires et présidents de collectivités territoriales à protéger leurs agents et rien ne sort.

Monsieur Dussopt connaît la situation, mais il préfère polémiquer sur un préavis de grève qui ne vise qu’à protéger des agents. Et il choisit de le faire avec nous, les territoriaux, plutôt qu’avec les soignants, alors que la fédération de la Santé continue, comme nous, de déposer des préavis dans le cadre des revendications de la CGT, comme on le fait depuis des mois.

Dans votre communiqué vous pointez aussi les politiques d’austérité qui ont mis à mal la fonction publique.

 

Le lien est évident. Si on avait investi dans les services publics, aujourd’hui on aurait une organisation pour lutter contre cette pandémie. On pourrait mettre en place une prise en charge généralisée dans les Ehpad, ou assurer un service de livraison afin d’éviter aux gens d’aller dans les supermarchés… Investir dans les services publics, c’est investir dans la prévention de tout ce qui peut arriver.

Là, on voit bien à quoi mène la politique régressive de suppression de postes de fonctionnaires, leur remplacement par des contractuels. On voit ce que donne la réduction des lits et des effectifs à l’hôpital. Toutes ces économies qui ont été faites font que la sixième puissance industrielle se trouve démunie face à une pandémie.

Amandine Cailhol

 

À LIRE AUSSI Coronavirus : travailler la mort dans l’âme

Quelles sont les principales difficultés rencontrées autour du droit de retrait ?

Les agents exercent leur droit de retrait quand ils considèrent qu’ils font face à un danger grave et imminent, notamment lorsqu’ils sont en contact avec des gens potentiellement contaminés. Des pompiers n’ont pas de masques FFP2 quand ils font des convois de malade du coronavirus vers les hôpitaux ! Le problème, c’est que la communication du gouvernement est assez floue et des ministres vont juste à dire que le Covid-19 ne peut pas être utilisé comme un «prétexte» pour le droit de retrait ! Du coup, en cas de droit de retrait, certains employeurs menacent les agents, parfois isolés, de sanctions, de refus de poste, d’abandon de poste. C’est pourquoi on leur a mis à disposition ce préavis de grève, pour se défendre.

A LIRE AUSSI Coronavirus : le chemin de croix du droit de retrait

Le secrétaire d’État Olivier Dussopt a qualifié votre préavis d' «inopportun». Que lui répondez-vous ?

Ce qui est inopportun c’est de chercher, comme il le fait, à polémiquer au lieu de se battre pour que les agents puissent avoir des masques pour travailler. C’est d’ailleurs lui qui a communiqué notre dépôt de préavis à la presse. Depuis des semaines, on lui demande un texte clair pour contraindre les maires et présidents de collectivités territoriales à protéger leurs agents et rien ne sort. Monsieur Dussopt connaît la situation, mais il préfère polémiquer sur un préavis de grève qui ne vise qu’à protéger des agents. Et il choisit de le faire avec nous, les territoriaux, plutôt qu’avec les soignants, alors que la fédération de la Santé continue, comme nous, de déposer des préavis dans le cadre des revendications de la CGT, comme on le fait depuis des mois.

Dans votre communiqué vous pointez aussi les politiques d’austérité qui ont mis à mal la fonction publique.

Le lien est évident. Si on avait investi dans les services publics, aujourd’hui on aurait une organisation pour lutter contre cette pandémie. On pourrait mettre en place une prise en charge généralisée dans les Ehpad, ou assurer un service de livraison afin d’éviter aux gens d’aller dans les supermarchés… Investir dans les services publics, c’est investir dans la prévention de tout ce qui peut arriver. Là, on voit bien à quoi mène la politique régressive de suppression de postes de fonctionnaires, leur remplacement par des contractuels. On voit ce que donne la réduction des lits et des effectifs à l’hôpital. Toutes ces économies qui ont été faites font que la sixième puissance industrielle se trouve démunie face à une pandémie.

Amandine Cailhol

Tag(s) : #SERVICES PUBLICS PROTECTION
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :