Le sénateur Sébastien Meurant
répond au Premier Ministre ...
(Extraits)
La France fait actuellement face à une situation difficile. Il convient d’abord de faire en sorte que cette épidémie soit rapidement vaincue, avec le moins de morts et le moins de conséquences économiques et sociales possible.
Mais il n’est pas trop tôt pour tirer des enseignements de cette crise et comprendre comment et pourquoi la situation sanitaire est aussi compliquée. Comme disait Jacques Rueff : « Ce qui doit arriver arrive ! ». Le confinement et les déclarations des représentants officiels de la vérité du "nouveau monde" n'interdisent pas de réfléchir.
Emmanuel Macron a comparé notre situation à celle d'une guerre, et si l'on veut poursuivre la métaphore, je pense que beaucoup de Français éprouvent actuellement la même interrogation que celle décrite par Marc Bloch dans son livre « L'Étrange Défaite » : comment a-t-on pu en arriver là ? Comment est-ce possible qu'un grand pays comme la France ait été pris totalement au dépourvu ? Pourquoi ne pas avoir tirer profit de l’expérience des pays frappés avant la France ?
Cette crise est une crise de la mondialisation des échanges. L’épidémie a progressé de manière fulgurante ne rencontrant aucune barrière dans le cadre de cette économie monde où les « chaines de valeur » et les hommes parcourent la terre au gré d’une logique de maximisation des profits.
Nous avons pu découvrir que nos médicaments étaient massivement fabriqués en Chine et en Inde.
Nous avons pu constater que nous manquions cruellement de masques et autres appareils respiratoires.
Nous avons pu constater l’état de nos hôpitaux et de notre système de santé réduit à quémander des moyens auprès des collectivités et des particuliers...
Notre système de santé ne tient encore que par le dévouement admirable de ses femmes et de ses hommes.
Merci, merci, merci !
En somme, nous nous rendons compte que la crise d’aujourd’hui est une crise d’abord de l’intelligence et de la défaillance des « élites » :
Est-il raisonnable de dépendre de l’étranger pour notre sécurité sanitaire et alimentaire ? Pour quelques centimes d’euros et au nom du « laissez-fairisme » que dénonçait le grand économiste prix Nobel Maurice Allais, nous avons laissé progresser ce qui est devenu une idéologie du mondialisme au point de détruire notre souveraineté.
Une société libérale et humaniste ne saurait s’identifier à une société laxiste, « laissez-fairiste ». L’écologie passe nécessairement par la proximité et par une production qui ne peut subir une concurrence déloyale. C’est le rôle de l’État de mettre l’économie et la société, autant qu’il le peut, à l’abri des perturbations extérieures quelles qu’elles soient.
« Je n’ai point tiré mes principes de mes préjugés, mais de la nature des choses » écrit Montesquieu dans « De l’esprit des lois ».
Les questions qui se posent plus que jamais sont celles du rôle de l’État, de sa capacité à faire, et des frontières, françaises et européennes.
Il est remarquable à ce sujet que le Président Macron, qui naguère méprisait les frontières, ignorait la nation, détruisait la famille, nous propose de résister en fermant nos frontières, même très tardivement, trop tardivement, en redécouvrant le rôle protecteur de l’État et de la nation, et nous recentrant sur nos familles, nos petites patries.
Cette épidémie signe clairement la faillite des utopies mondialistes et libertaires. Dès maintenant, nous pouvons et devons ensemble préparer l’après-épidémie. C’est aussi la faillite du « en même temps » et d’une communication vide d’action et de ligne directrice claire et ferme. Je ne reprends pas ici les déclarations contradictoires du Président Macron, de Mme Buzyn, de M. Veran et des autres « responsables ».
Quand le capitaine n’est pas sûr du cap, l’iceberg n’est pas loin !
Cette « France d’après », il faudra d’abord qu’elle retrouve sa souveraineté, qui n’est rien d’autre que la liberté de la nation, il faudra qu’elle retrouve le bon sens et l’intérêt national comme boussole exclusive.
Souveraineté politique en premier lieu. Il nous faut sortir de la tutelle étouffante de la technocratie européenne – qui se trouve aux abonnés absents dès qu’une crise un tant soit peu sérieuse se présente.
Et, pour cela, la première chose qui s’impose est de revenir à la hiérarchie des normes classique : il n’est pas normal que n’importe quel texte émanant de Bruxelles soit supérieur à notre constitution. Redonnons à cette dernière le rôle de loi fondamentale qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’avoir.
Pour défendre l’essentiel et l’agriculture française, le général de Gaulle n’a jamais hésité à résister aux technocrates de Bruxelles. Il faudra aussi imposer une réelle préférence communautaire et redonner un sens à la construction européenne. En pleine crise sanitaire l'UE prépare l'élargissement à l'Albanie et la Macédoine du Nord...
Mais il faut également sortir du gouvernement des juges. L’Ancien Régime en est mort voici un peu plus de deux siècles ; veillons à ce que la Ve République ne subisse pas le même sort, en abandonnant à des juges – irresponsables au sens précis du mot – le véritable pouvoir législatif et le soin de « ligoter » le pouvoir exécutif.
Il faudra notamment réhabiliter le référendum notamment sur la question de l’immigration et des droits sociaux pour passer au-dessus de toutes ces jurisprudences car la souveraineté appartient au peuple.
Le sénateur Meurant est un libéral en économie
Il a foi dans le système capitaliste et dans la libre entreprise. Il ne conçoit l'Etat que comme un arbitre au-delà de ses fonctions régaliennes. Il récuse les régimes d'économie dirigée.
Et pourtant, faisant le bilan de la gestion gouvernementale de la crise née de l'épidémie en France, il pointe avec sévérité la politique menée par Emmanuel Macron, Edouard Philippe et leur équipe.
Le sénateur dénonce l'intégration de notre pays au sein de l'Union européenne comme source de la perte de l'indépendance politique et économique de la France et de la souveraineté de la Nation.
De cette situation, Sébastien Meurant en rend responsable notre dépendance vis-à-vis de l'étranger dans des secteurs vitaux comme celui de la santé. Avec les conséquences catastrophiques que l'on mesure aujourd'hui en période d'épidémie.
Nous ne pouvons qu'être d'accord avec cette analyse et avec la violence du réquisitoire qu'il mène contre les orientations fondamentales du président de la République en matière d'intégration européenne et mondialiste. Le sénateur démontre leurs effets négatifs sur le commerce international, telle la pénurie sanitaire de la France et sa dépendance vis-à-vis de l'étranger.
Mais sa démonstration s'arrête là.
De notre point de vue, le disfonctionnement constaté n'est pas une erreur d'aiguillage du système, mais le système lui-même. L'évolution par nature du capitalisme conduit à une concentration financière de plus en plus rapide - le but "d'entreprendre" n'est plus comme jadis, de faire fortune, mais de survivre par l'accumulation de capitaux et leur rotation accélérée. Le moyen pour y parvenir, c'est non plus de constituer des grands groupes internationaux concurrents coulant plus petit qu'eux, mais d'être le seul sur le marché. C'est ce que revendiquent haut et fort les patrons des géants du net, ceux du GAFA, et ceux des fonds de pensions.
D'où une course folle à l'affrontement direct pour être les maîtres du monde.
Le capitalisme de papa est mort. Et bien fou qui voudrait le résusciter.
Le sénateur Meurant semble être du nombre.
Cela dit, nous sommes d'accord avec lui pour combattre dès maintenant les effets du capital, tel qu'il est aujourd'hui, pour que la France retrouve son indépendance et la Nation, sa souveraineté.
C'est la première des tâches !
JEAN LEVY