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Congrès de Tours : résolution présentée par le comité de la troisième internationale et par la fraction Cachin-Frossard

 

et qui obtiendra la majorité des votes des délégués, dfevenant la Section Françaisede l'Internationale Communiste

 

Après quatre années de massacre mondial, et deux ans de prétendue paix, pendant lesquels la bourgeoisie n’a cessé de poursuivre une guerre contre-révolutionnaire et impérialiste contre le peuple russe et les peuples d’Asie opprimés, le Parti socialiste constate l’impossibilité où se trouve le capitalisme de survivre au bouleversement économique et social qu’il a provoqué.

 

Les insatiables appétits de la classe bourgeoise et l’évolution fatale du monde industriel ont engendré l’impérialisme ; et la concurrence des impérialistes rivaux suscite la guerre en permanence. Dans le sang de millions de prolétaires, la coalition impérialiste des Alliés a vaincu la coalition adverse et a cru s’assurer l’hégémonie mondiale. Maîtresse des colonies d’Asie et d’Afrique, elle impose sa volonté aux anciens États neutres, elle réduit en esclavage les peuples de l’Europe centrale par les traités consacrant le triomphe de sa force et son « droit » de spoliation, de pillage à outrance.

 

Mais la Russie révolutionnaire a mis en question l’omnipotence de la coalition impérialiste victorieuse. Refusant de subir la loi du capitalisme, elle a renversé le régime bourgeois, transmis le pouvoir au prolétariat, exproprié les expropriateurs, entrepris l’instauration de la société communiste. Elle a résisté victorieusement aux assauts de la contre-révolution internationale et, à son exemple, s’organise dans tous les pays la résistance à l’oppression du capital.

 

En même temps se développent les inéluctables conséquences de la guerre impérialiste. La rivalité des oligarchies capitalistes concurrentes disloque le faisceau des impérialismes associés. La ruine des États, le déséquilibre des budgets, l’inflation de la circulation fiduciaire, succédant à la destruction d’innombrables vies humaines et d’inappréciables richesses, portent à son comble le désordre économique. La paralysie des échanges internationaux, le tarissement de la production, la croissance irrésistible du coût de la vie, exaspèrent les antagonismes de classes. Les contradictions minant le capitalisme atteignent une virulence mortelle pour le vieux régime.

 

Dans le chaos général où la bourgeoisie aveugle continue de rechercher la domination et le profit, le prolétariat gagne chaque jour en clairvoyance, prend conscience de sa mission révolutionnaire et engage le combat libérateur contre ses maîtres. Pendant quatre années, les peuples, aveuglés par de monstrueuses légendes, fanatisés par des haines factices, égarés par le mensonge et l’erreur, que la bourgeoisie a créés et entretenus grâce à la toute-puissance corruptrice de l’argent et à la toute-puissance coercitive de l’État, se sont entr’égorgés dans une lutte fratricide insensée. Trompés par les dirigeants de la Deuxième Internationale, en même temps que par les gouvernants bourgeois, ils ont cru, les uns et les autres, défendre une juste cause, leur patrie, la justice, le droit, la civilisation ; ils ont cru acheter de leur sang la paix perpétuelle et assurer, par leurs sacrifices, le salut des générations nouvelles.

 

 

Ils mesurent actuellement l’immensité de leur aberration. Ils comprennent que des dizaines de millions d’hommes sont morts pour la satisfaction des intérêts bourgeois. Ils n’aperçoivent ni paix, ni justice, ni civilisation ; ils ne voient que guerres, exploitations, barbarie. Et les générations nouvelles subissent le sort de celles qui ont cru les sauver.

 

Chaque prolétaire comprend aujourd’hui que son ennemi est dans son propre pays, et que la seule, l’unique guerre légitime est celle des exploités contre leurs exploiteurs. Dans chaque prolétariat, une élite consciente s’est organisée en parti politique, qui dirige la classe opprimée dans sa lutte contre la classe privilégiée. Ces partis socialistes ou communistes se sont groupés dans une nouvelle Internationale, sur l’initiative des socialistes clairvoyants, qui surent ne jamais renoncer à la lutte contre le régime capitaliste, et sous l’égide de la première révolution prolétarienne victorieuse. Le Parti socialiste français proclame que cette nouvelle Internationale, l’Internationale Communiste, est l’interprète qualifié des aspirations des masses exploitées de toute la terre et le guide sûr, éprouvé, de l’avant-garde prolétarienne.

 

Conscient du rôle historique qui lui incombe à l’heure où les destinées du prolétariat sont en jeu sur le front mondial de la lutte des classes, le Parti décide d’entrer dans l’Internationale communiste qui coordonne les efforts de toutes les organisations prolétariennes révolutionnaires et dirige leur action libératrice.

 

Le Parti se déclare pleinement solidaire de la République des Soviets, qui ne lutte pas seulement pour le salut des prolétaires de Russie, mais encore pour l’affranchissement du prolétariat mondial. Il affirme que le devoir primordial des travailleurs de tous les pays est d’assurer, par tous les moyens, la sauvegarde de la révolution sociale commencée en Russie, et d’entreprendre contre l’impérialisme, contre le régime capitaliste, une guerre sans merci, dont l’issue sera l’émancipation intégrale du travail.

Thèses

 

I. – La prise du pouvoir par le prolétariat et la dictature prolétarienne

 

Le Parti, considérant l’impuissance du capitalisme à reconstruire le monde tombé en ruines, doit envisager les conditions dans lesquelles le prolétariat pourra se substituer à la bourgeoisie et fonder la société communiste.

 

L’expérience de l’Histoire et des révolutions en cours montre péremptoirement que la transformation sociale ne peut s’accomplir dans les cadres du régime actuel et dans la légalité établie par ce régime pour sa sauvegarde. S’il est vrai que l’embryon d’un système social naît et commence son développement au sein du système qu’il doit remplacer et dans lequel il puise sa première substance, cette coexistence devient impossible dès que les formes sociales naissantes rencontrent dans le milieu une entrave à leur évolution. La lutte des classes se poursuit alors hors de la légalité condamnée et pour l’élaboration de la légalité nouvelle.

 

La première phase de la lutte révolutionnaire revêt un caractère différent suivant la situation intérieure du pays, la forme et le degré de résistance des forces en présence, mais son objectif invariable doit être la prise intégrale du pouvoir politique par le prolétariat. Tous les conflits sociaux tel que celui qui vient d’obliger le gouvernement italien à reconnaître le contrôle des ouvriers sur la production ne sont que des préludes à cet acte indispensable au développement de la révolution.

 

La valeur révolutionnaire de cette première réduction des privilèges de la bourgeoisie trouve rapidement ses limites dans le fait de l’existence d’une bourgeoisie toujours maîtresse de l’État, libre de s’organiser pour la résistance, d’exercer sa force corruptrice et appelée à codifier elle-même les mesures qui lui sont imposées. Seule, la possession intégrale du pouvoir politique sans compromission avec les représentants du capital et du socialisme petit-bourgeois, permettra au prolétariat de fonder l’ordre social nouveau sur la propriété collective, le travail obligatoire et la suppression des classes.

 

La prise du pouvoir ne signifie nullement la substitution dans les organismes de l’État capitaliste, des communistes aux bourgeois, mais bien la destruction de l’État bourgeois et son remplacement par un appareil essentiellement différent.

 

La mainmise sur l’État par le prolétariat donne à la classe ouvrière l’instrument de la domination bourgeoise ; elle ne supprime immédiatement ni la bourgeoisie ni les classes, ni par conséquent la lutte de classes qui prend au contraire sa forme la plus aiguë. Le prolétariat ne peut faire face aux nécessités de cette lutte et la mener victorieusement qu’en exerçant sa dictature sous le mot d’ordre : « Tout le pouvoir aux Conseils des travailleurs ».

 

La dictature du prolétariat n’est pas un régime, mais un moyen, le seul qui permette à la classe ouvrière de briser la résistance de la bourgeoisie et d’instaurer le régime communiste.

 

Le Congrès est d’accord avec l’Internationale communiste pour constater l’impossibilité de passer sans transition de l’État bourgeois au Communisme sans État.

 

L’État est un appareil de classe au service de la classe dominante ; il ne peut disparaître qu’avec les classes elles-mêmes. La substitution des rapports de production socialiste aux rapports de production capitaliste n’est pas immédiate. C’est l’œuvre d’un laps de temps au cours duquel l’existence d’un État prolétarien est inévitable et nécessaire. La dictature du prolétariat s’exerce pendant cette période pour l’établissement des nouveaux rapports sociaux qui feront automatiquement disparaître, avec la dictature elle-même et les classes, l’État qui est, pendant la période transitoire, l’instrument de domination de la classe ouvrière.

II. – Le Parti communiste et la révolution prolétarienne

 

Le Congrès, d’accord avec la Troisième Internationale, rejette de la façon la plus catégorique la conception d’après laquelle le prolétariat peut accomplir sa révolution sans posséder son parti politique indépendant. Toute lutte de classe est une lutte politique. Le pouvoir politique ne peut être pris, organisé et dirigé autrement que par un parti politique. C’est seulement lorsque le prolétariat possède comme guide un parti organisé et expérimenté, ayant des buts strictement définis et un programme concret d’action politique intérieure et extérieure, que la conquête du pouvoir politique devient autre chose qu’un épisode accidentel et sert de point de départ à la longue élaboration de la société communiste.

Le Parti socialiste ou communiste est nécessaire à la classe ouvrière, non seulement jusqu’à la conquête du pouvoir, mais pendant toute la période de la dictature et jusqu’à la disparition totale des classes.

 

 

III. – Le Parlementarisme

 

Le Parti considère le Parlement comme un appareil essentiellement bourgeois, « une machine d’oppression et d’asservissement entre les mains du capital dominateur », absolument incompatible avec le régime prolétarien, dont la forme est la République des Conseils de travailleurs. La prise du pouvoir politique ayant pour objet, non la conservation des rouages de l’État bourgeois fonctionnant sous la direction des communistes, mais la destruction totale de tout le mécanisme d’État du capitalisme, le Parlement disparaîtra avec la prise du pouvoir politique par la classe ouvrière. De même doivent disparaître, pour faire place aux institutions prolétariennes toutes les institutions communales ou régionales de la bourgeoisie.

 

Ainsi la Troisième Internationale, le Parti repousse [sic] le parlementarisme comme forme de la dictature de classe du prolétariat ; il nie la possibilité de conquérir les Parlements pour réaliser la Révolution.

Le Parti considère que, dans certaines conditions déterminées, notamment dans la période pré-révolutionnaire et au début de l’agitation révolutionnaire, à la condition expresse que les élus soient placés sous le contrôle efficace de la dépendance totale du Parti, la tribune du Parlement bourgeois peut être utilisée pour la propagande révolutionnaire du parti. Les communistes entrent au Parlement non pour y faire un travail organique, mais pour y démasquer les ennemis du prolétariat, sans crainte de transgresser les règlements établis et d’encourir les sanctions disciplinaires prévues.

 

Envoyés au Parlement pour aider de l’intérieur à la destruction du régime capitaliste, ils ne sauraient se laisser influencer...

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