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Reproduction d'ancienne carte d'école N 4 France Image 0

Les régions centralisent...au détriment des départements qui, plus près des gens, démocratisent...Ce sont les régions qu'il faut supprimer !

Départements / régions / intercommunalités : «On a accentué le millefeuille territorial» (ENTRETIEN)

 

RT France

 

Avant les élections départementales et régionales de juin, RT France a interrogé le professeur à la Sorbonne Gérard-François Dumont. Pour le géographe, il faut revenir à une forme de décentralisation et remettre en cause les grandes régions.

Les élections départementales et régionales auront lieu les 20 et 27 juin prochains. Entre les différentes strates administratives, de la commune aux régions, saisir les enjeux de chacune d'entre elles est une gageure. D'autant plus que certaines de leurs compétences s'enchevêtrent. Gérard-François Dumont, président de la revue Population et avenir, géographe et professeur à la Sorbonne nous livre son analyse.

RT France : On s'attend à une abstention massive pour les élections départementales et régionales du mois de juin, comprenez-vous que les Français ne puissent saisir le rôle des collectivités administratives ?

Gérard-François Dumont (G-F. D.) :

Quatre lois territoriales des années 2020, plus les lois de finances et les nombreuses modifications réglementaires, ont considérablement compliqué la compréhension du rôle des collectivités territoriales. On a accentué le millefeuille territorial. C'est le cas avec des intercommunalités qui ont, depuis 2015, essentiellement un périmètre imposé par l'Etat et qui les a rigidifiées. On a constaté que cette intercommunalité était devenue incompréhensible avec les élections municipales à la métropole de Lyon [Le Grand Lyon] en mars 2020 : au premier tour, les habitants ont voté dans leur commune. Après que les citoyens ont élu dès le premier tour leur conseil municipal dans une des communes de la métropole, ils ne se sont guère déplacés pour le second dans l'élection de la métropole.

Cela démontre qu'ils ne se reconnaissent pas dans cette création factice, qui ne correspond pas à la façon dont ils vivent dans le territoire. A travers toute la France, la plupart de citoyens sont bien incapables de préciser le périmètre de l’intercommunalité qu’on leur a imposée.

 

RT France : Et pour les départements et les régions, quels sont les principaux problèmes ?

G-F. D. : Concernant les départements, on a créé de grands cantons, surtout dans le monde rural. Avant, l'intercommunalité était souvent organisée au niveau d'un canton, et correspondait à une certaine logique géographique inscrite dans l’histoire. Désormais, les citoyens sont un peu perdus et éprouvent des difficultés à s'identifier à leur nouveau canton. D'autant plus que l'Etat n'a cessé de laisser penser – à tort – que les départements ne servaient plus à grand-chose.

Pour les régions, la difficulté est considérable. D'abord, le citoyen, globalement, ne connaît pas ses conseillers régionaux. Ce qui n'est pas étonnant compte tenu du mode d'élection, d'où il résulte que nombre d'entre eux sont des apparatchiks des partis politiques. Certains ont une notoriété nationale. Avec un grand nombre de candidats ministres ou anciens ministres, les régionales peuvent être des sortes de primaires pour la présidentielle de 2022. Dans les régions où il y a des personnalités médiatisées, on peut imaginer que l'abstention sera moins forte. 

Un autre point : l'Etat a considérablement diminué l'autonomie fiscale des collectivités territoriales. Or, il y a de quoi s'esclaffer quand une tête de liste régionale promet qu'elle n'augmentera pas les impôts puisque, désormais, les régions n'ont quasiment aucune ressource propre. Au moins 96% de leurs ressources proviennent directement de l'Etat.

RT France : Les candidats aux élections ne sont-ils pas eux-mêmes perdus dans les compétences qu'ils peuvent avoir après leur élection ?

G-F. D. : Cela vient de la complexité qui s'est considérablement accrue avec des lois territoriales comme celle portant sur les grandes régions [qui a réduit à 13 le nombre de nos régions], la loi NOTRe [loi de 2015 portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République] ou la loi de janvier 2017 qui crée de nouvelles métropoles et modifie des normes. La situation est encore pire en Ile-de-France avec la création de deux nouvelles strates administratives, la métropole du grand Paris et les établissements publics territoriaux. Pratiquement personne – y compris les élus – n'est capable d'en préciser le périmètre... On a une démocratie locale qui est de moins en moins évidente.

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https://francais.rt.com/france/87354-departements-regions-intercommunalites-on-a-accentue-millefeuille-territorial

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