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La photo des manifestants devant la statue de Máximo Gómez à La Havane est également une info bidon envoyée à travers le monde. Il ne s’agissait pas de contre-manifestants mais de partisans de la révolution cubaine. Des dizaines de médias et de grands journaux, tels que le New York Times et The Guardian, ont diffusé cette fausse information. Inverser la réalité est une astuce utilisée fréquemment dans le passé, notamment au Venezuela. 

 

INVESTIG'ACTION

Un autre canular divulgué était la fuite de Raúl Castro dans un avion privé secret. Ce faux message a été retweeté près de deux mille fois. La photo censée prouver la fuite de Raúl Castro date de quatre ans, notamment lorsqu’il s’est rendu à un sommet à l’étranger.

Ce ne sont là que quelques exemples. Des dizaines d’autres mensonges ont circulé sur le réseau social ces derniers jours, notamment sur les brutalités policières.

La source du mécontentement

À cause du COVID-19, le tourisme, la principale source de revenus du pays, a pratiquement été mis à l’arrêt. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté dans le monde entier. Pour Cuba, c’est d’autant plus difficile que l’île doit importer 70 % de ses denrées alimentaires.  La dernière récolte de sucre a également été décevante. En outre, Trump avait encore renforcé le blocus économique par 243 nouvelles sanctions. Cuba figure à nouveau sur la liste des États soutenant le terrorisme, ce qui complique très fort les transactions en dollars.  Biden n’a encore rien changé à ces mesures.

En conséquence, le pays est confronté à une grave pénurie de devises étrangères, entraînant à son tour une pénurie de produits de base, de denrées alimentaires et de médicaments. Grâce au système égalitaire, cela ne mène pas à la famine, mais les Cubains doivent parfois faire la queue pendant des heures pour se procurer de la nourriture ou d’autres biens. Il y a également des pénuries de carburant et de pièces de rechange qui entraînent quelquefois des coupures d’électricité pendant des heures. Cela paralyse le transport et cela signifie aussi qu’il faut se passer de climatisation ou de réfrigérateur. Dans un climat tropical, c’est tout sauf agréable.

En raison du renforcement du blocus, la Western Union a dû fermer ses bureaux à Cuba en novembre de l’année dernière. Beaucoup de Cubains dépendent fortement de « remesas » pour leur pouvoir d’achat : l’envoi d’argent par des proches depuis l’étranger. La quasi disparition de ces « remesas » a appauvri d’un seul coup de nombreux Cubains.

À toute cette misère s’est encore ajoutée une vague de COVID éprouvante. La campagne de vaccination bat son plein, mais la population n’a pas encore été suffisamment vaccinée pour qu’on puisse maîtriser les nouveaux variants infectieux. Les nombreuses nouvelles infections ont mis le système de soins de santé à rude épreuve.

Sponsors étrangers

Pour les insulaires, la situation est en tout cas extrêmement difficile. Le mécontentement est grand. Selon les médias dominants, les Cubains sont spontanément descendus dans la rue. Ce faisant, ils ignorent les campagnes numériques dont nous avons parlé plus haut, mais il y a plus que cela. 

Un journaliste péruvien de Prensa Alternativa – El Jota a étudié en détail les images des manifestations. Dans douze villes, entre cent et cinq cents manifestants sont descendus dans la rue. Il est frappant de constater que dans toutes ces villes, les mêmes slogans ont été entendus : contre le président et pour plus de liberté. Il ne s’agissait donc pas de plaintes concrètes concernant la pénurie de médicaments dans l’hôpital voisin, ou les problèmes de transport dans leur ville ou les longues files d’attente dans les magasins.

Plus frappant encore, des bannières identiques avec le logo « Cuba’Decide » sont apparues dans les manifestations. Cuba Decide est une campagne de la Fundación para la Democracia Panamericana. Il s’agit d’une ONG de Miami disposant d’importantes ressources, qui vise un changement de régime à Cuba.

Nul doute qu’il y a eu des personnes qui ont spontanément rejoint les manifestations, mais tout indique que les manifestations étaient planifiées, organisées et préparées. De plus, cela a été fait depuis l’étranger dans le but de créer des troubles et un changement de régime. Aucun pays qui se respecte ne tolérerait une telle chose. Dans le pays, l’activité politique dirigée depuis l’étranger est sévèrement punie.[2]

En 2010, les États-Unis ont déjà tenté d’installer un système Twitter à Cuba. Selon le New York Times, l’objectif de ZunZuneo (nom que portait ce système), était de « fournir aux Cubains une plateforme pour partager des messages avec un public de masse, et finalement organiser des “smart mobs“ ». Un outil parfait donc pour organiser des incidents.

Ces dernières années, le gouvernement étasunien a augmenté son soutien financier aux opposants à Cuba et aux opposants cubains à Miami. Cela représente 20 millions de dollars par an. Une partie de cet argent provient directement de la National Endowment for Democracy et de l’USAID, deux organisations liées à la CIA. Leur mandat consiste à transformer tout mécontentement à l’intérieur de Cuba en un défi politique pour la révolution cubaine.

Framing par les médias

La couverture des événements qui se sont passés à Cuba par les grands médias est un exemple classique de cadrage médiatique. Nous en dévoilons certains aspects.

Voyons tout d’abord le vocabulaire utilisé. On ne parle pas de gouvernement ou d’administration, mais de « régime ». Cela suggère un système politique répréhensible, qu’il vaudrait mieux changer (« changement de régime »). Ce terme ne sera jamais utilisé pour les nations amies, même si elles présentent beaucoup de problèmes avec la démocratie ou les droits humains. Plus de 400 meurtres politiques ont été commis en Colombie ces dernières années, et pourtant on continue de parler de « gouvernement » colombien. En Inde, des camps massifs ont été construits pour déporter deux millions d’habitants, principalement des musulmans. Pourtant, jamais le terme de régime indien ne sera utilisé.

S’agissant de Cuba, on parle souvent et à la légère de « dictature » sans aucune nuance, alors que le pays dispose d’un système de consultation très étendu. Aucune décision fondamentale n’est prise sans une consultation approfondie de la population. Cela ne se fait pas dans une dictature.  En vérité, dans nos systèmes politiques, on n’a ni l’habitude ni la volonté de consulter le peuple sur les décisions importantes. L’actuel gouvernement cubain, tout comme les précédents, a toujours pu compter sur un fort soutien populaire, sinon la révolution n’aurait jamais pu survivre dans des conditions extrêmement hostiles et difficiles. 

Le framing signifie aussi que certains faits sont soit surexposés soit sous-exposés.  Par exemple, le fait que les manifestations anti-gouvernementales étaient nettement moins nombreuses que les manifestations pro-gouvernementales. Ci-dessous vous trouverez deux photos de manifestations de soutien au gouvernement, respectivement à Camagüey et à La Havane. Les images de ces manifestations ont été soigneusement tenues à l’écart par les médias grand public. En fait, comme nous l’avons vu plus haut, elles ont même été utilisées pour démontrer le contraire.

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https://www.investigaction.net/fr/troubles-recents-a-cuba-un-exemple-type-de-fake-news-et-de-guerre-mediatique/

Tag(s) : #Médias Enfumage
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