Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L’ÉMISSION POLITIQUE de France 2

avec Jean-Luc MÉLENCHON

vue par Philippe Arnaud

 

Chers tous,

J'ai suivi, le jeudi 10 février 2022, sur France 2, l'émission politique où Jean-Luc Mélenchon était interrogé, par les journalistes de la chaîne, sur un certain nombre de points de son programme. Je ne souhaite pas revenir sur tous ces points mais seulement sur ceux qui ont retenu mon attention. 

1. A un moment de son intervention, la journaliste Maya Lauqué (la deuxième interlocutrice après Anne-Sophie Lapix) dit à Jean-Luc Mélenchon : "On a tous en tête ces files d'étudiants qui attendaient de bénéficier de l'aide alimentaire ces derniers mois, 21 % des jeunes sont  isolés et sans aucune interaction sociale. Aujourd'hui, ils sont seuls et précaires. Pour ces jeunes et précaires, vous proposez de verser une allocation de 1063 euros, et pour financer cette aide, eh bien vous décidez de priver certaines personnes d'une partie de leur héritage accumulé tout au long de leur vie. Au-dessus de 12 millions d'euros, vous prenez tout. C'est pas confiscatoire ?" (30 min 49 s).

Remarque 1. Selon des chiffres (certes de 2018, mais cela fournit un ordre de grandeur) la moyenne des héritages s'élevait, en France, à 135 400 euros, et la médiane, à 41 000 euros ! Ces chiffres sont importants car on confond souvent moyenne et médiane, or la médiane est toujours sensiblement inférieure à la moyenne. Cela veut dire qu'un Français sur deux a touché 41 000 euros ou moins... Et, selon une autre étude, parue en 2021 celle-ci, l'héritage moyen de 10 % les plus riches s'élevait à 325 000 euros. [A noter que cette dernière valeur ne représente même pas un tiers d'un million d'euros. Or, Maya Lauqué parle d'une somme 12 fois supérieure, qui ne concerne qu'une minorité infime des Français.

A cet égard, donc, l'emploi du verbe "priver" et de l'adjectif "confiscatoire" sont tout à la fois odieux et scandaleux. Mais ils ont aussi un but idéologique clair : amener l'énorme masse des Français qui héritent à se sentir solidaires des plus riches des Français. [A noter, comme le fait remarquer JLM, qu'il ne s'agit là que des sommes supérieures à 12 millions d'euros, ce qui laisse tout de même un confortable reliquat aux heureux héritiers...]. (32 mn 02 s).

2. Léa Salamé reprend la parole et dit : "au-delà de 12 millions, je prends tout, on verra si ça passe au Conseil constitutionnel. Je vous rappelle que quand François Hollande a voulu taxer les plus riches à 75 % le Conseil constitutionnel a invalidé."

Remarque 2. Cette présentation de la "mesure" (disons de la velléité) de François Hollande de taxe à 75 % par Léa Salamé est révélatrice. Elle l'est d'abord en ce qu'elle omet de préciser à partir de quel revenu François Hollande voulait instaurer cette taxe. De cette façon, tous ceux qui se sentent riches vont se sentir solidaires des plus favorisés d'entre eux. Ensuite, la somme en question était de 1 million d'euros par an, ce qui représente 83 333 euros par mois. Or, la malhonnêteté des adversaires de cette mesure a consisté à laisser croire que le taux de 75 % se serait appliqué sur ces 83 333 euros, alors qu'il ne touchait que les sommes allant au-delà ! Mais admettons même que ces 75 % s'appliquent à la totalité des 83 333 euros : il ne resterait plus alors à ces "malheureux riches" que 20 833 euros par mois. Or, d'après l'INSEE, les 1 % les mieux rémunérés touchent au-delà de 8629 euros par mois. Il semblerait que les journalistes n'aient plus du tout la notion des valeurs...

3. Léa Salamé : "On va passer aux questions internationales qui, avec les crises ukrainienne et malienne se sont invitées dans la campagne présidentielle. C'est la grand reporter du service international qui a couvert les zones de conflit sur toute la planète qui va vous interroger. On accueille Maryse Burgot, qui rentre justement d'Ukraine, où elle a passé dix jours. Jamais la sécurité européenne n'a été aussi menacée depuis la guerre froide, a dit le chef de la diplomatie européenne. Emmanuel Macron est allé à Moscou en début de semaine, il était à Kiev également et à Berlin, pour essayer d'obtenir une désescalade. 150 000 soldats russes sont actuellement positionnés à la frontière avec l'Ukraine. Ça, c'est pour le contexte.

Mais d'abord, Maryse vous aviez une première question précise à poser à Jean-Luc Mélenchon sur le maître du Kremlin. 

Maryse Burgot :Et c'est vrai que dans ce dossier ukrainien, vous lui trouvez assez souvent des circonstances atténuantes. Alors, éloignons-nous un tout petit peu de l'Ukraine pour se concentrer sur Vladimir Poutine, qui écrase l'actualité internationale en ce moment. Vous, monsieur Mélenchon, vous dîtes être un républicain, pouvez-vous répondre à cette question assez simple : "A vos yeux, Vladimir Poutine, c'est un autocrate ou un dé"Oui, monsieur Mélenchon, vous êtes souvent perçu comme quelqu'un qui soutient Vladimir Poutine, même si vous le mocrate ? Question simple qui appelle, si vous le voulez bien, une réponse simple."   

-Jean-Luc Mélenchon : "Non. Parce que ça m'indiffère. Je vais vous poser une autre question : "Est-ce que le roi de l'Arabie saoudite est un démocrate ou un autocrate ?"

- Maryse Burgot : "Moi, je ne vous parle pas de l'Arabie saoudite,  je pensais bien que..."

- Jean-Luc Mélenchon : "Non, madame, parce que c'est mon introduction pour vous répondre. Moi, je ne soucie pas de savoir ce qu'est monsieur Poutine quand il y a danger de guerre sur le continent.

Je m'occupe de ce qui est l'intérêt de la France. L'intérêt de la France, c'est de ne pas être alignée, et donc de ne pas répéter comme des perroquets la propagande des États-Unis d'Amérique qui n'ont, dans toute cette affaire, qu'un objectif : étendre l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie. Ma position de non-aligné est la suivante  : premièrement, la Russie n'a pas à passer la frontière de l'Ukraine. Deuxièmement, les Etats-Unis d'Amérique n'ont pas à annexer l'Ukraine dans l'OTAN. Point final.

- Maryse Burgot : "Monsieur Mélenchon, un autocrate, c'est un souverain absolu dont le pouvoir n'a pas de limites. Vladimir Poutine va garder le pouvoir jusqu'en 2036 parce qu'il s'est arrangé pour changer la Constitution. A vos yeux, c'est important pour nous, pour les téléspectateurs, pour les électeurs, de savoir quel est votre modèle de dirigeant. A vos yeux, monsieur Mélenchon, est-ce que Vladimir Poutine est un autocrate ou un démocrate ?"

Jean-Luc Mélenchon : "Si votre question n'est pas sur la paix ou la guerre, c'est un autre sujet. Qu'est-ce que je pense de Vladimir Poutine, c'est ça ? Moi, en Russie, je soutiens un homme qui s'appelle Sergei Oudalsov, qui est le président du Front de gauche, qui a été quatre ans en prison. Je ne vais pas vous dire que monsieur Poutine est le genre de dirigeant qui me convient, puisque mes amis là-bas le combattent et vont en prison à cause de ça. Alors, après, si je dois faire la liste, je me comporte comme quelqu'un qui se prépare, si le destin le veut, et les électeurs, à présider notre pays.

Donc, ma manière de parler est celle qui doit ensuite me rendre possible l'action politique. Si je viens sur ce plateau de télévision pour vous faire plaisir, dire qu'il est un autocrate et patati et patala, demain président de la République, vous me voyez aller lui dire : "Salut, l'autocrate, c'est moi qui... non, c'est pas sérieux ! Monsieur Poutine n'est pas mon modèle ! Ai-je l'intention de présider comme monsieur Poutine ? Non ! Ai-je l'intention d'appliquer la poilique de monsieur Poutine ? Non !

Par conséquent, j'ai assez répondu, en vous disant la France, si j'en suis le président, sera non-alignée, et je dois vous dire que la situation d'aujourd'hui, c'est plutôt ça le problème, que de savoir si les distributeurs de bons points du soi-disant Occident libre et démocratique doivent se mobiliser parce que c'est un autocrate, un tyran et le reste, dans cette affaire, ça je l'ai déjà vu dix fois. Parce que... " 

- Maryse Burgot : "Dans cette affaire, vous êtes quand même un des rares hommes politiques à trouver des circonstances atténuantes à Vladimir Poutine, quand il masse ses troupes autour de l'Ukraine. Dans cette affaire, considérez-vous que c'est l'OTAN, l'agresseur, ou que ce sont les Russes ? 

Jean-Luc Mélenchon : "C'est l''OTAN, sans aucun doute, pour moi !"

- Léa Salamé : "C'est l'OTAN l'agresseur ? !"   (48 mn 18 s). 

Jean-Luc Mélenchon : "Eh bien évidement. Pourquoi ? Parce que les Etats-Unis d'Amérique n'arrivent pas à stabiliser leur position internationale. Partons du cadre général, et pas d'aspects qui, au milieu, permettent de fausser complètement la discussion. Le cadre général est que les Etats-Unis d'Amérique, qui dominaient la scène du monde, ne la dominent plus. Il y a donc une crise de l'ordre géopolitique. Dans cette crise, les Etats-Unis d'Amérique hésitent. Les uns disent, l'adversaire principal, c'est la Chine, parce que, eux, ils sont en compétition commerciale d'une manière terrible. Et d'autres disent : non c'est la Russie. Hésitation, ils font les deux à la fois. Ce qui aboutit à une absurdité, à savoir qu'ils poussent les Russes dans les bras des Chinois . Tout ça est absurde. Et que font les Etats-Unis d'Amérique ? Ils veulent que l'Ukraine soit intégrée dans l'OTAN. Nous, Français, n'avons aucun intérêt à ça, ça nous est complètement égal...

Léa Salamé : "Pardon, Jean-Luc Mélenchon, je reprends ce que vous avez dit. C'est l'OTAN l'agresseur ? C'est l'OTAN qui masse 150 000 hommes à la frontière urkrainienne ? C'est l'OTAN qui a envahi la Crimée, qui occupe une partie du Donbass et arme les pro-Russes dans le Donbass ? C'est l'OTAN qui, aujourd'hui, à l'heure où nous parlons, a commencé des manoeuvres militaires qualifiées par Le Drian, ministre des Affaires étrangères, d'extrêmement violentes, en Biélorussie, c'est l'OTAN ou la Russie ?

Jean-Luc Mélenchon : "Eh bien, que la Russie déplace des troupes sur son territoire et que vous vouliez l'en empêcher est une nouveauté. Ecoutez, dans l'ordre international, cela n'existe pas. [...] Ecoutez, nous sommes dans une période de rapports de forces, je ne suis pas là pour défendre la Russie. J'ai dit que la position de la France, si je la préside, c'est le non-alignement. Donc je ne suis pas là pour vous dire que la Russie a raison de faire ce qu'elle fait et comme elle le fait, je dis seulement que la vérité vraie, pure et simple c'est que les Etats-Unis d'Amérique ont décidé d'annexer l'Ukraine dans l'OTAN et que la Russie, qui se sent humiliée, menacée, parce que nous avons installé des batteries de missiles anti-missiles en Pologne qui mettent en cause 75 % du système de défense des Russes se sentent agressés. Donc si on veut être non-alignés, on ne commence pas par vouloir aboyer avec le maître, on commence par dire : qu'est-ce que vous demandez, vous, les Russes, quelles sont vos garanties de sécurité ? Et nous, les Français, voici avec quoi nous sommes d'accord et nous ne sommes pas d'accord. Nous ne sommes pas d'accord pour que vous passiez la frontière. Qu'est-ce que vous nous demandez pour ne pas passer la frontière ? Supposez qu'ils nous répondent : de garantir que l'OTAN ne soit pas en Ukraine. Moi je signe."

- Léa Salamé : "Maryse Burgot, vous, vous rentrez d'Ukraine". (A Jean-Luc Mélenchon : "Vous êtes attaché à la souveraineté des peuples ?)". A Maryse Burgot : "Que veulent les Ukrainiens ?"

- Maryse Burgot : "Vous avez une majorité écrasante de la population qui vous dit sa volonté de se rapprocher de l'OTAN avec une petite minorité russophone à l'est qui, elle, penche plutôt pour la Russie. Vous, monsieur Mélenchon, qui êtes pour la souveraineté des peuples, comment vous ne pouvez pas, en fait, soutenir totalement cette volonté du peuple ukrainien ? 

- Jean-Luc Mélenchon : "Bien, nous allons la constater, il va l'exprimer. Pour l'instant,je constate une chose, le président élu de l'Ukraine  -pas vous, pas moi - dit qu'il faut arrêter de dramatiser, que la situation, qui n'est pas celle que décrit l'Occident, et qu'il faut arrêter de faire monter les enchères. Lui, il le dit, il a tort ?".


POUR LIRE LA SUITE

CLIQUEZ CI-DESSOUS

http://www.communcommune.com/2022/02/l-emission-politique-de-france-2-avec-jean-luc-melenchon-vue-par-philippe-arnaud.html

Tag(s) : #Jean-luc Mélenchon
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :