Le vrai visage de la colonisation
La CGT vient de publier un communiqué concernant la situation au Niger, après un putsch militaire qui a remplacé le président, mis en place par la France.
A ce jour, on ignore si le nouveau pouvoir s'oriente dans la direction prise par le Mali et le Burkina Faso, en tournant le dos au système de domination coloniale mise en place par la France, et exécuté par des créatures locales, agrées par Paris.
On sait, par contre, que l'Elysée exerce une pression sur Bamako et Ouagadougou sous forme d'ultimatum lancé par la CEDEAO - le réseau économique de pays encore soumis à la France dans le Sahel - menaçant le Niger d'une intervention militaire pour dimanche, "si l'ordre antérieur n'est pas rétabli" .
La CGT note que " le Président déchu, Mohamed Bazoum proche de la France, se voit opposé à ses proches, qui ont reçu dès l'annonce du putsch le soutien de groupes militaires Wagner et en sous-main de la Russie"
La CGT est bien informée - seule à diffuser cette précision - qui permet à la centrale syndicale d'enfourcher d'emblée la "menace russe" pour prendre ses distances avec le nouveau pouvoir nigérien. Et elle se permet de répandre l'idée que, vis-à-vis de celui-ci, la population du Niger " est partagée", ignorant délibérément la manifestation de masse de dimanche dernier contre la présence militaire française.
Pourtant, le communiqué de la cgt rappelle tout de même la raison première de cette situation :
"Après 60 ans de souveraineté, " le Niger peine à tirer profit de l'exploitation de ses ressources naturelles (Aluminium, cuivre, phosphate, fer, manganèse, des minerais rares comme le lanthanum, le scandium...( à l'heure actuelle ou la plupart des mines d'uranium dans le monde s'épuisent, les plus grandes réserves se trouvent au Niger), L'uranium, l'or, le pétrole sont exploités dans l'opacité, une situation dénoncée par les citoyens dont la majorité vit dans la pauvreté.
La richesse minérale du Niger est exploitée par des multinationales (dont Orano (ex-Areva) et les bénéfices de l'exploitation partent directement dans les pays du nord, laissant exsangues les finances du pays.
On ne peut pas parler d'indépendance au Niger, car les ressources naturelles sont contrôlées par une entreprise française en faveur de laquelle le gouvernement modifie les lois pour maximiser les profits de la société en question.
Ce texte justifie bien la volonté du peuple nigérien quand il presse le nouveau pouvoir à rompre avec ses pratiques, condition de l'indépendance véritable du Niger, avec la fin de la domination française.
C'est le chemin pris par le Mali et le Burkinabé, dans la voie tracée par Thomas Sankara, assassiné par les laquais de la France pour cette raison.
La CGT aurait pu apporter son soutien aux leaders anticolonialistes du Mali et du Burkinabé, comme l'auraient fait en leur temps, Benoît Frachon ou Henri Krasucki, les anciens secrétaires de la centrale syndicale.
JEAN LEVY