Selon les informations diffusées par "Le Monde" daté du 26 août :
Les soldats ukrainiens se battent sans ignorer que, derrière eux, les arsenaux sont vides. Un an et demi après le déclenchement de l’invasion russe, le complexe militaro-industriel (CMI) de l’Ukraine poursuit laborieusement sa mutation tardive, pris entre deux feux. Celui des missiles russes et celui de l’opinion publique ukrainienne, ulcérée par le niveau désespérément bas de la production de munitions et d’armes.
La situation est particulièrement critique pour les munitions de format soviétique utilisées par les pièces d’artillerie les plus répandues dans l’armée de Kiev. Là où les besoins requièrent plusieurs milliers d’obus par jour, les producteurs ukrainiens plafonnent actuellement à un rythme de quelques milliers par mois.
Depuis l’indépendance du pays en 1991, le secteur du CMI de l’Ukraine, qui employait alors 700 000 personnes et pesait pour un tiers du CMI soviétique, a fondu de moitié. Réorienté vers la production et la maintenance de matériel destiné à l’exportation, le secteur s’est embourbé dans des affaires de corruption, de contrebande, de commandes opaques et de réseaux d’influence.
Un vaste consortium d’Etat, UkrOboronProm (UOP), a été formé en 2010 dans le but de rationaliser les différentes branches de la production d’armes. Rongé par des scandales à répétition, UOP offre le profil d’une montagne et la production d’une souris.
"Il faut encourager les initiatives privées, estime Serhiy Zgurets, rédacteur en chef de "Defense Express", le média ukrainien de référence en matière de défense. Sceptique sur les annonces faites par le ministre des industries stratégiques, ce spécialiste y voit "du déclaratif pour plaire au président et non des résultats en matière de production".
Et il se montre pessimiste sur les perspectives de redressement d’UOP. "Dans les trois à cinq ans qui viennent, nous ne pourrons pas couvrir ne serait-ce que le tiers des besoins de l'armée. Et si nous parvenons d'ici deux ans à couvrir de 10 à 15% des besoins en munitions, ça serait déjà une grande victoire".
MORALE :
Une guerre mondiale
pour sauver Volodymyr Zelensky ?
JEAN LEVY